B.R.I. s’avère être d’une précision documentaire, parfois au détriment de ses personnages, mais toujours au service d’une efficacité sans failles.
B.R.I. est donc la nouvelle création originale CANAL+. Après les excellentes Engrenages, BRAQUO (malgré sa décevante troisième saison) et Paris Police 1905, la chaîne cryptée revient dans le monde des séries policières avec Jérémie Guez à la barre, romancier et scénariste acclamé, pour une plongée au cœur de la brigade de répression et d’intervention parisienne. Ainsi, si BRAQUO se voyait menée par la vision musclée de néo-film noir de l’ancien-flic Olivier Marchal, et Paris Police 1905 par celle de Fabien Nury, véritable bible sur le sujet et scénariste de la saga acclamée Il était une fois en France, B.R.I. possède un côté lorgnant volontiers du côté du documentaire, offrant ainsi à cette proposition une précision à la fois méticuleuse et passionnante. Si Emmanuelle Devos évoquait ainsi en interview les différents entraînements pour la préparation de son rôle, poussés jusqu’à la tenue en main d’une arme, on ressent cette volonté de véracité qui fait de B.R.I. sa principale qualité.
Débutant dans le vif, au cœur des attentats du Bataclan, B.R.I. évite cependant la surenchère inutile en ne croquant que le passage de flambeau entre deux visions opposées de la police qui vont se succéder entre le flic à l’ancienne, et ancien chef de la B.R.I. à la retraite (campé par l’excellent et trop rare Bruno Todeschini) et son jeune remplaçant, qui aura bien du mal à trouver sa place, interprété par le toujours juste Sofian Khammes. Entouré de jeunes interprètes diablement efficaces (Ophélie Bau, Rabah Naït Oufella, Théo Christine et Waël Sersoub), la série de Jérémie Guez démontre dans ses deux premiers épisodes toute son efficacité, et ce, malgré quelques défauts inhérents aux personnages et à son identité.
En quête d’action
B.R.I. arrive à un moment où le succès des séries policières a quelque chose d’à la fois incontournable et de cruellement répétitif. Déclinées en enquêtes régionales chez France Télévisions, en version buddy-movie familial avec HPI sur TF1, ou bien s’évertuant à ressortir tout le catalogue des serial-killer les plus populaires en de docu-fictions sur Netflix, la télé-réalité s’invite même dans le format avec les inépuisables formats suivants des gendarmes dans toutes les régions de France et en toutes saisons sur tous les territoires (de l’autoroute aux stations balnéaires) sur la TNT. B.R.I. revient cependant avec une force de frappe beaucoup plus authentique, plus sincère et surtout beaucoup plus brute que ses concurrents. Parce que si les créations originales CANAL+ ont toujours su démontrer qu’elles s’inscrivaient toujours tout en haut de ce que pouvaient produire de meilleur nos talents hexagonaux, la série de Jérémie Guez ne déroge heureusement pas à la règle.
Mise en scène au cordeau, au plus près de son casting parfait, et tension de chaque instant, tout dans B.R.I. semble vouloir toucher l’authenticité du quotidien de ses policiers et surtout d’une réalité dans tout ce qu’elle a de plus brute. Des vies sacrifiées au travail, de mines fatiguées et concernées, rappelant ainsi la géniale Hippocrate de Thomas Lilti, en passant par des scènes de fusillade, filatures et autres interpellations menés par une tension impeccable. On croit ainsi autant à B.R.I que son créateur semble le souhaiter, et ses deux premiers épisodes semblent annoncer le meilleur pour la suite. Mais voilà, à force de verser dans le réel, la série de Jérémie Guez semble parfois oublier ses personnages qui pour le pire, ressemblent à d’horribles carricatures, et pour le mieux, ne demandent qu’à être plus approfondis et développés.
Groupe d’intervention sans invention
Le personnage de truand campé par le pourtant excellent Vincent Elbaz rappelle ainsi l’odieuse carricature d’accent marseillais offerte par le tout aussi prodigieux Benoît Magimel dans la moins recommandable Marseille. Et si des personnages fonctionnent vraiment (le duo Théo Christine et Waël Sersoub), où que leurs axes narratifs respectifs se révéleront véritablement passionnants par la suite, certains demeurent ainsi complètement sacrifiés au service de l’efficacité pure et dure. Comme les premiers épisodes de Paris Police 1900, qui travaillaient quant à eux beaucoup plus leur ambiance, dans une direction artistique somptueuse, en délaissant quelque peu ses personnages, B.R.I. atteste de la même froideur, envers ses protagonistes tout comme sa photographie, paraissant moins documentaire qu’assez fade et manquant cruellement de personnalité.
Parce que Jérémie Guez, excellent romancier (Paris la nuit), scénariste (Boîte Noire) et metteur en scène (Bluebird), échoue pour le moment à apporter une quelconque identité à ce qui ressemble pour le moment plus à une démonstration de force qu’à un véritable coup d’éclat. On espère donc que B.R.I. saura par la suite s’étoffer, autant en dramaturgie qu’en identité, pour mener vers le haut cette série aussi brute que prenante, et il faut l’avouer, instantanément addictive, que finalement assez impersonnelle et pour le moment beaucoup trop rugueuse pour susciter une autre émotion qu’une quête de tension perpétuelle faisant à la fois la qualité et la limite de ces deux premiers épisodes.
Les deux premiers épisodes de B.R.I. sont disponibles sur CANAL+.
Avis
Si B.R.I. sait instantanément démontrer de son efficacité documentaire sans failles, il en est tout autre du côté de la dramaturgie et des personnages, qui souffrent quant à eux d'un cruel manque d'identité et d'approfondissement. On espère que l'addictive proposition de Jérémie Guez saura y remédier par la suite, pour rejoindre ses pairs, les superbes Paris Police 1900 et autres Engrenages.
Un commentaire
Très décevant ! À la (vraie) BRI : ils (et elles) sont choqué(e)s ! Une série avec d’énormes absurdités (dans chaque épisode), un scénario sans queue ni tête, des décors au rabais, des acteurs moyens pour la plupart (sauf 2 ou 3), des textes moyens. Je m’attendais à beaucoup mieux avec un titre pareil !!! Il n’y aura certainement de saison 2 ! Aussi palpitant que « Zéro Zéro Zero » et à des années lumières de « Bac Nord » ou « Novembre », mais aussi très loin des séries sur le même sujet. Comment la DGPN et Canal+ ont pu laisser passer une telle série ? Très très loin aussi du Bureau des Légendes.
Dommage !!! Avec ces 3 lettres illustres et renommées du titre (B R I) on s’attendait à beaucoup beaucoup mieux… Décevant !!!!