23 ans après le premier volet, les infectés de 28 Jours plus tard reviennent… 28 Ans plus tard, filmé à nouveau par Danny Boyle. Film fondateur qui a redéfini le genre zombie dans les années 2000 en introduisant des sprinteurs enragés, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Aux côtés de son scénariste fétiche Alex Garland, et avec un casting de premier choix incluant Aaron Taylor-Johnson, Jodie Comer et Ralph Fiennes, le cinéaste replonge dans son univers post-apocalyptique. Or, y a-t-il encore quelque chose à raconter ?
Après un certain nombre d’années (vous connaissez le nombre) suite à l’apocalypse zombie qui a fait du Royaume-Uni une zone de quarantaine, l’Homme se retrouve face à son triste sort de survivant en terre hostile. Au sein d’une île isolée au large de l’Écosse, un village d’irréductibles écossais résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ayant grandi dans cet univers violent et impitoyable, un jeune garçon (Alfie Williams) fait sa première excursion en dehors de la zone sécurisée avec son père (Aaron Taylor-Johnson), tandis que sa mère (Jodie Comer), profondément malade, reste au village. Comme vous l’imaginez fort bien, ce qu’il va découvrir n’est pas de tout repos à l’extérieur n’est pas de tout repos.

Pour ce récit, censé s’inscrire dans une nouvelle trilogie – le second opus, 28 Years Later : The Bone Temple, sera réalisé par Nia DaCosta -, Boyle et Garland développent l’univers qu’ils ont initié en 2002. La menace zombie évolue avec de nouveaux adversaires, les « alphas », redoutables prédateurs qui semblent avoir appris à chasser l’humain avec talent. En soi, 28 Ans plus tard propose une évolution de l’univers très classique, maintes fois vue dans des œuvres comme The Walking Dead ou The Last of Us, où l’infecté devient plus sophistiqué et dangereux avec le temps. De ce point de vue, rien de bien novateur, au contraire de 28 Jours plus tard qui transformait les zombies amorphes à la « Romero » en des êtres infestés par un virus et des champions du sprint à faire suer Usain Bolt.
Difficile d’innover deux fois
Quitte à ne plus pouvoir faire évoluer la formule du film de zombie, 28 Ans plus tard s’avère bel et bien être un blockbuster du genre, porté sur une vision jouissive et esthétisante. L’aspect « film à petit budget » du premier laisse place à une surenchère visuelle où la technique n’est plus une limite. Danny Boyle choisit tout de même de maintenir une approche hors des sentiers battus avec l’utilisation de l’iPhone comme caméra principale – comme pour 28 Jours plus tard qui utilisait à l’époque des caméras avec cassettes mini-DV, ce qui s’avérait fort loin de la qualité de la pellicule. Néanmoins, malgré le grain assez intéressant du célèbre smartphone, il n’y pas commune mesure avec le parti pris fou du premier. Ici, on a le droit à de l’iPhone dopé à la focale de cinéma, avec tous les accessoires annexes qu’on retrouve dans une production hollywoodienne, et cela se ressent. Résultat : l’image garde son style « cinéma », ce qui s’avère un peu trop propre par rapport au postulat initial.

En perdant l’aspect documentaire du premier, 28 Ans plus tard y gagne sur d’autres facettes. Grâce au format panoramique 2.76:1, un choix assez rare voulu par le réalisateur et son directeur de la photographie, Anthony Dod Mantle, (lui aussi déjà présent lors de l’aventure originelle). Ce format accentue ici la dimension immersive des paysages verdoyants écossais et la splendeur visuelle du film sur grand écran. Boyle et Dod Mantle repoussent les limites techniques comme deux geeks du cinéma à qui on aurait donné carte blanche en utilisant des caméras thermiques, des systèmes avec plusieurs Iphone à la fois… Tout cela pour créer une expérience sensorielle inédite, cherchant à la fois l’ampleur spectaculaire et la terreur la plus intime. Au final, l’œuvre est à l’image de ses créateurs, qui ont un goût prononcé pour l’excessif, ce qui s’avère assez clivant au visionnage. Parfois, c’est tout simplement brillant et captivant, à l’image d’une course poursuite épique sous les étoiles, mais à d’autres instants cela se révèle assez inutile et le film aurait pu gagner en simplicité. On pense entre autres à l’effet de type « bullet time » en accéléré qui n’apporte strictement rien au ressenti du spectateur.
Un récit en quête de singularité
On ne peut pas dire que le film surprend et pendant une bonne partie du long-métrage, on se demande bien ce qu’il veut raconter en plus de l’éternel rite de passage à l’âge adulte. Heureusement, c’est dans sa dernière partie que le film dévoile la substance de son propos avec un passage qui implique le fascinant Ralph Fiennes (Conclave), dans un rôle dont il a le secret, et qui développe une vision macabre et étrangement optimiste de l’univers. Dans un monde ayant perdu ses repères sociétaux, il ne reste plus que l’amour et la mort comme seules constantes pour unir les hommes entre eux et le film en livre une analyse plutôt singulière et réussie. 28 Ans plus tard tire sa force de ce monde impitoyable, qui s’avère paradoxalement vivable grâce à l’esprit communautaire de l’humain.

Ce nouvel opus propose ainsi des éléments visuels et narratifs suffisamment solides pour renouveler notre intérêt pour l’univers, malgré un rythme décousu et une intrigue qui suppute l’existence des films qui suivront. Danny Boyle faisant du Danny Boyle, la mise en scène peut s’avérer aussi géniale que fatigante. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne laisse pas indifférent, en mal ou en bien. En soi, c’est une qualité non négligeable pour un film s’il veut raconter quelque chose d’un tant soit peu intéressant.
28 Ans plus tard sort au cinéma le 18 juin 2025.
Avis
Sans surprise, Danny Boyle signe une œuvre très "boylienne" avec une suite à son film culte de zombie, 28 Jours plus tard. Dans 28 Ans plus tard, on retrouve tout ce qui fait le sel de sa mise en scène inspirée, mais parfois excessive et éreintante. Sans être une révolution comme en 2002, ce nouvel opus propose suffisamment d'idées pour renouveler notre envie d'explorer cet univers impitoyable.