Yann Gozlan (Un homme idéal, Boîte Noire) revient avec Dalloway, film présenté en Séance de Minuit au Festival de Cannes 2025. Un thriller d’anticipation centré sur les dangers de l’IA, qui parait immédiatement daté.
Dalloway fait suite à l’échec qu’était Visions du même réalisateur Yann Gozlan. Pourtant, le bougre avait su nous charmer au préalable, notamment via ses collaborations avec Pierre Niney (Un Homme idéal, Boîte Noire). Et avant de retrouver son acteur fétiche pour Gourou, le voilà de retour avec un projet bien dans l’air du temps pour aborder les dangers de l’IA.
Une thématique qui questionne, encore plus aujourd’hui, et que le réalisateur use pour construire un thriller se déroulant dans un Paris d’anticipation. Nous découvrons ainsi Clarissa (Cécile de France), une écrivaine atteinte du syndrome de la page blanche depuis 6 ans, qui intègre une résidence pour artistes après son divorce.

En effet, cette dernière est encore traumatisée par un deuil intra-familial, et ne trouve pas d’inspiration pour son prochain roman. Cependant, elle partage son quotidien avec Dalloway, l’IA maison de son appartement (et qui a la voix de Mylène Farmer!). Tandis que cette dernière l’aide dans toutes les tâches même les plus sommaires (y compris l’élaboration de ses manuscrits), Clarissa va peu à peu douter des intentions de cette entité, mais également de ses hôtes.
Attention à Dalloway
Dalloway a donc tout du petit thriller Hitchcockien illustré (une identité que l’on retrouve dans toute la filmographie de Yann Gozlan finalement) à la sauce french-SF. L’amorce de l’intrigue est même plutôt accrocheuse, même si le tout n’a rien de novateur : production design à la Apple, surfaces épurées et lumières tamisées sont de la partie, mais Gozlan emballe le tout avec le professionnalisme qu’on lui connaît !

Mais rapidement, les emprunts globaux se succèdent (Black Mirror en tête) pour tomber dans le thriller parano complètement bateau. Dalloway semble pourtant pointer du doigt quelque chose qui nous touche directement avec cette autrice allant se perdre dans une relation trouble avec son IA, brouillant un peu plus les pistes de la maternité des lignes qui vont être écrites. Gozlan tente même d’y apporter une finalité ouverte, tel un signal d’alarme dans le but de protéger les créatifs.
Cyber-thriller coincé des années en arrière
Une intention louable, mais dont la thèse ici présente se voit parasitée dès lors que le personnage de Lars Mikkelsen entre en jeu, ressuscitant les pires clichées de cyber-conspirationniste possible (base clandestine aux murs tagués et aux hackers tapotant sur claviers compris). De thriller sans singularité et fragile, Dalloway tombe rapidement dans le pamphlet daté et le film de genre raté, ne parvenant jamais à rendre palpable sa tension ni réellement crédible son univers d’analphabète du machine-learning.
C’est bien dommage, car Cécile de France y est impliquée (comme toujours !), la photographie soignée et le montage fluide. Mais c’est non seulement la déception qui prédomine à l’arrivée, et surtout le sentiment de vacuité globale qui persiste à la vue de ce Dalloway ayant 10 ans de retard sur le chef-d’œuvre du genre (Her). Yann Gozlan où es-tu passé ?
Dalloway sortira au cinéma le 17 septembre 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Dalloway débutait avec des prémices ludiques de thriller hitchcockien sur fond d'intelligence artificielle. Mais pétri de poncifs éculés du film paranoïaque, Yann Gozlan ne donne jamais réellement corps à sa mise en garde pour protéger les créatifs face à l'émulation de leurs œuvres. En résulte un film à la fois inabouti et inoffensif dans son discours daté. Pas détestable, notamment via l'atout qu'est Cécile de France, mais parfaitement oubliable !