La plus grande saga de SF horrifique met bas à un nouvel opus avec Alien : Romulus qui décolle la semaine prochaine sur nos écrans. De quoi faire un nouveau top qui provoquera sûrement un bain de sang auprès des fans !
9 – Aliens vs Predator : Requiem (2007)
On peut vous assurer que même dans l’espace, on nous entendra crier que ce film est une catastrophe. Ce produit est le dernier clou dans le cercueil spatial de deux monstres mythiques de la science-fiction. On pleure encore des larmes de sang tellement nous constatons la régression : une production digne des plus grosses séries Z avec d’invraisemblables problèmes techniques (il n’avait pas de projecteurs sur le tournage ou quoi ?), un duo de réalisateurs incompétents dont c’est le premier film et qui auront pour seul fait d’armes une autre série B a posteriori. Des héros adolescents que même les plus mauvais slasher des années 2000 ne voudraient pas et certains effets du plus mauvais goût. Un glaviot encore plus baveux que celui du Alien sur cette saga. Les seuls points qu’on attribue sont pour les quelques scènes gores un peu jouissives et le plaisir régressif de voir un Predalien. Et encore, on est gentil.
3/10
8 – Alien vs Predator (2004)
Quant à lui, il est le premier clou, le début de la régression. Engager Paul W.S Anderson – aka le plus mauvais réalisateur hollywoodien – pour perpétuer cette saga, n’était pas une bonne idée. Même si notre bonne foi reconnaît que sa carrière n’était pas aussi catastrophique qu’aujourd’hui. En résulte tout de même un pur produit Andersonien, c’est-à-dire un blockbuster à budget moyen ultra bourrin, sans aucune subtilité ou singularité et qui est gangréné par les codes du cinéma d’action des années 2000. Une insulte à la saga originelle, mais qui a au moins le mérite d’être mis en boîte de manière soutenue, d’avoir quelques moments d’action divertissants et un scénario, coécrit par Dan O’bannon – auteur du premier volet – qui se tient. Mais si vous voulez un bon film Alien réalisé par Anderson, tournez-vous plutôt vers Event Horizon, la seule œuvre qualitative de sa carrière.
5/10
7 – Alien, la résurrection (1997)
Un hors sujet, mais un hors sujet intéressant. En effet, notre Jean-Pierre Jeunet national débarque sur ce quatrième volet et s’approprie totalement la saga. En résulte une œuvre grandguignolesque à l’humour noir, avec des personnages marginaux et rocambolesques. Un ton plus léger et absurde en totale rupture avec l’esprit sérieux des 3 premiers. Mais le talent de notre compatriote est tel que le film n’est pas avare en proposition et en scènes marquantes (l’attaque sous l’eau, la découverte des clones ratés, la capture “érotique” de Ripley par les Xénomorphes) sans parler de sa réalisation qui est toujours aussi maîtrisée. Et le tout malgré un scénario légèrement en deçà des précédents. Sigourney Weaver est par ailleurs plus badass que jamais en jouant cette hybride humaine/Alien, point qui est la vraie bonne idée de ce métrage. Le choix de JP en réalisateur n’était pas le plus judicieux pour respecter la franchise, mais a au moins le mérite d’amener la saga à des endroits inattendus. En somme, une mauvaise suite Alien, néanmoins un bon film de SF horreur qui trouve sa singularité.
6,5/10
6 – Prometheus (2012)
On saute à deux pieds joints dans le débat ! Le retour de papa Ridley sur son bébé aura provoqué moult polémiques et à raison. Oui, les personnages sont stupides. Oui, le liquide noir n’a aucun sens. Oui, ce n’est pas vraiment un film Alien. Oui, le film ne tient pas ses promesses. Mais on ne peut s’empêcher d’être passionné par la manière dont Scott, tel un enfant capricieux qui n’a pas apprécié s’être fait voler ses jouets, a hijacker sa propre saga pour y injecter ses remises en question métaphysiques, créationnistes et agnostiques. Une démarche tout aussi prétentieuse que stimulante. Le personnage de David, interprété par un Michael Fassbender impérial, est l’un des plus passionnants de toute la franchise et le talent du réalisateur pour mettre en images donne vie à une ambiance hypnotique et remplie de mystère qui nous empêche de décoller de l’écran. Ridley transcende la bêtise de ses péripéties pour en faire au final des scènes viscérales, à l’image de l’attaque du serpent-phallus-Alien ou de la césarienne de Shaw. C’est con, mais c’est bon…
7/10
5 – Alien : Covenant (2017)
… Et sa suite est dans la parfaite lignée ! On pense même que ce métrage est le film qui fait le plus coexister la bêtise et le génie au sein d’une même œuvre. Les personnages sont encore plus stupides dans leurs décisions, mais David/Walter sont encore plus passionnants dans ce complexe de dieu. Les mécaniques scénaristiques sont d’une facilité tout aussi effarantes (la visite imprévue d’une planète inconnue, les spores Alien, le retournement final) que la mise en scène est d’une intensité qui prend aux tripes (le montage alterné de la naissance du Néomorphe, l’attaque de la plateforme volante, le climax). La direction artistique nous donne encore plus à nous mettre sous la dent (les paysages et décors sont d’une beauté) alors que le budget est divisé par deux. Covenant à aussi le mérite de donner des réponses contrairement à son prédécesseur, notamment sur les origines du fameux Xénomorphe. Réponses qui concluent avec intelligence les questionnements créationnistes de la saga. Au final, notre seul regret concernant cette saga prequel (outre le fait qu’il n’y a clairement pas eu de Script Doctor sur les scénarios), c’est qu’elle ne trouvera jamais sa conclusion et que l’on ne saura jamais comment les aliens se sont retrouvés sur LV-426. La dure loi du box-office.
8/10
4- Alien : Romulus (2024)
Un come-back en force ! Fede Alvarez, choix plus que malin de réalisateur, renoue ingénieusement avec l’essence de la saga sans pour autant tomber dans le produit nostalgique. Il saura mettre ses pierres à l’édifice, sans renier les opus les plus mitigés (exception faite de AVP mais ça c’est normal) et tissant une mythologie globale cohérente ! Le réalisateur uruguayen sait offrir des moments de tension et de grand spectacle avec des personnages attachants qui nous impliquent complétement dans cette histoire. On pourrait regretter certaines excellentes idées qui ne sont pas poussées au bout et un petit manque de singularité, mais lorsque nous sommes témoins de cet acte final complétement cauchemardesque et innovant, on pardonne facilement les légers manquements. Un volet qui n’a pas à rougir face aux autres. A l’image de l’excellent Prey, ce Alien : Romulus est un nouveau souffle à cet saga. Ce qui nous ferait presque dire que Disney ne fait pas non plus tout le temps n’importe quoi. Hâte de voir Alien : Earth.
8,5/10
3 – Alien³ – Edition Spéciale (1992)
Le miraculé ! Car c’est bien ce qu’est ce film, un miracle au vu de son contexte de production plus que chaotique et excellemment bien résumé par notre confrère. A noter que nous prenons en compte seulement l’Assembly cut de 2003, version avec plus de 30 minutes supplémentaires qui se rapprochent plus de la vision de David Fincher, son réalisateur. Et cette version n’a clairement rien à envier aux autres puisqu’elle décroche la médaille de bronze de ce classement. Dans ce troisième opus, le nihilisme, le pessimisme et la misanthropie du metteur en scène de Seven transpirent par tous les pores (bien plus que ce que ce dernier veut bien laisser entendre, Fincher ayant renier le film). En résulte une atmosphère poisseuse et fataliste qui renoue avec la tonalité du premier, tout en trouvant sa singularité à travers de nouvelles thématiques théologiques en total accord avec la mythologie de la bête : le Xénomorphe devient l’incarnation d’un démon face aux détenus pieux et Ripley est tout autant la tentation que la mère du démon. La forme n’est pas en reste puisque l’œil surdoué de Fincher magnifie chaque photogramme au travers de ce qui est certainement la deuxième meilleure photographie et direction artistique de toute la saga. On regrettera peut-être des incrustations CGI de l’Alien qui pique les yeux (à quand une remasterisation pour corriger cela !) que l’on pardonne facilement au vu du chaos de production.
9,5/10
2 – Alien (1979)
Il y a-t-il vraiment besoin de rappeler que ce film est une pierre angulaire du cinéma ? Un véritable chef d’œuvre de la part d’un Ridley Scott qui signe ici seulement son deuxième film. Un alignement d’astres comme il s’en déroule peu dans l’histoire du 7ème art : un metteur en scène de génie qui maîtrise parfaitement son rythme lancinant pour faire monter une tension inéluctable, un directeur de la photographie (Derek Vanlint, ayant seulement œuvré sur le Dragon du lac de feu et des pubs) qui confectionne la plus belle photographie qui soit, un scénariste qui imagine une créature inégalable et inoubliable ainsi qu’un superviseur artistique, H.R Giger, qui apporte son univers organiquo-mecano-sexuel cauchemardesque qui imprégnera à jamais la rétine de chaque spectateur. Il y a eu un avant Alien et un après.
10/10
1 – Aliens, le retour – Director’s Cut (1984)
Et seul un James Cameron pouvait effectuer un doublé gagnant ! Si le premier marquait par la perfection de sa simplicité conceptuelle et de sa narration, ici on augmente les potards par le nombre de personnages, d’intrigues, de péripéties, de frissons et bien évidemment d’aliens ! Le tout se mélangeant à merveille dans un film, certes un peu moins esthétique et atmosphérique, mais plus burné, rythmé et émotionnel. Le friand de grand spectacle, mais aussi de frayeur retrouve tout ce dont il a besoin. La dramaturgie monte d’un cran à travers une Ripley traumatisée et sa relation avec Newt tout autant que l’essaim de Xénomorphes et bien évidemment l’inoubliable Reine Alien mettent leur pierre à l’édifice dans la mythologie de cette créature de cinéma. Aucune image n’a pris une ride et tout impressionne par la virtuosité de l’artisanat tangible (dont on se demande comment cela a pu être fait avec les moyens de l’époque) de ce chef d’œuvre qui pourra même régaler ceux repousser par le rythme lent du premier opus. Un immanquable.
10,5/10