Le pilote engageant, His Dark Materials vient de conclure sa saison 1, parfaitement adaptée, à l’ambiance agréablement sombre.
Une petite fille est prise au milieu d’un affrontement théologique entre une Eglise toute puissante et des révolutionnaires, un conflit représenté par son père et sa mère. Sans trop en dévoiler, voilà ce qui pourrait résumer cette première saison de His Dark Materials, l’adaptation parfaitement produite par HBO d’après les œuvres de Philip Pullman.
Sans être la série passionnante de l’année, His Dark Materials se défend comme une fable originale et bien mise en place, aux enjeux clairs mais à la complexité et incertitudes bienvenues. En reprenant l’intrigue de base du film éponyme de Chris Weitz sorti en 2007 tout en développant les histoires annexes, celles passées sous silences mais qui font du roman une œuvre humaniste large, le multiverse de cette histoire fantastique y trouve une place de choix.
A la croisée des mondes
Ecrite par Jack Thorne, à qui l’on devait certains épisodes humanistes de Skins ou de Shameless, His Dark Materials profite de l’absence de grande fable fantaisiste à la Harry Potter pour s’offrir son heure de gloire. En préférant l’aspect sombre et pour adulte, le show de HBO s’octroie un audimat plus attentif, plus exigent. En cela le développement narratif, alternant entre deux intrigues simultanées, permet d’appréhender parfaitement un scénario complexe, dont on grappille les indices au fur et à mesure. Pourtant, même les fans n’auront que peu de surprise de l’arc, on ne peut plus prévisible.
Pour donner vie à His Dark Materials version 2019, on peut remercier Ruth Wilson pour incarner une mère acariâtre particulièrement attachante mais détestable, la meilleure interprétation du show. Manichéisme et émotion à fleur de peau composent son personnage autoritaire tandis que James McAvoy se fait discret, trop occupé à jouer le bon bougre pas si gentil. Mais comme on l’avait dit pour le pilote, Dafne Keen peine à nous offrir un jeu mémorable, trop souvent répété et sans grande conviction, elle souffre de porter sur ses jeunes épaules un show si généreux dans sa forme, même si le fond n’est pas tout le temps palpitant.
Pourtant Tom Hooper, quand il n’est pas occupé à changer de litière, ou Otto Bathurst réputé pour traîner dans Birmingham, nous régalent en proposant de véritables bijoux télévisuels. Les réalisateurs se suivent et parviennent à rendre crédible un monde entier où la mise en scène au ras du sol met en valeur le casting ou les magnifiques effets visuels peuplent délicatement un conte enneigé ou un thriller contemporain. Une belle prouesse pour un résultat tout en finesse.
His Dark Materials nous aura offert une belle adaptation, sombre et maligne quoique bien connue. On attend de savoir où nous conduira la saison 2.