Le top cinéma de Léa
Men de Alex Garland
A la sortie de son dernier film, Men, Alex Garland a immédiatement vu son œuvre qualifiée de féministe. Et pour cause, depuis l’affaire Me Too, le féminisme semble à l’honneur dans les médias et un film représentant les diverses oppressions masculines subies par une femme au cours de son existence paraît tout à fait à propos. Si Men passe effectivement, au premier abord, pour un film féministe, il se révèle, à y regarder de plus près, beaucoup plus subtil qu’un simple plaidoyer pour « laisser les filles tranquilles ! ». Porté par deux excellents acteurs dont Rory Kinnear, qui a la lourde charge d’interpréter tous les personnages masculins, l’œuvre plonge le spectateur dans une sorte de cauchemar claustrophobe, aux décors presque théâtraux et aux images toutes plus belles et angoissantes les unes que les autres. Féministe ou pas, Men parvient à nous embarquer dans une expérience sensorielle fascinante pendant 1 heure et demie.
The Northman de Robert Eggers
Après l’hypnotisant The Witch, le génial The Lighthouse, Robert Eggers nous propose un nouveau long métrage qui tranche, car moins axé sur le fantastique. The Northman prend place dans l’univers des vikings et, contrairement aux deux précédents chefs d’œuvre du réalisateur, prend la forme d’une quête. Le personnage principal doit retrouver sa mère et son oncle, traître ayant assassiné son père. Esthétiquement, le film s’inscrit parfaitement dans l’univers d’Eggers, on apprécie d’ailleurs de retrouver les acteurs de The Witch tout au long du film, en plus d’Anya Taylor Joy en guise d’actrice principale. Si la dimension mystique à laquelle le réalisateur nous avait habitués peut manquer à certains moment, The Northman n’en demeure pas moins un coup de maître, pour lequel Robert Eggers a encore certainement effectué des heures et des heures de recherches passionnées pour nous livrer un résultat magistral, où chaque détail compte.
Goliath de Frédéric Tellier
Ce film policier mettant en scène Gilles Lelouch en avocat déterminé et Pierre Niney en jeune yuppie insupportable semble plus que jamais d’actualité. Revenant sur un scandale sanitaire réel lié à l’utilisation de pesticides dangereux pour la santé, Goliath illustre parfaitement l’inégalité du combat mené par de petits exploitants agricoles contre les monstres tentaculaires que représentent les industriels de l’agro-alimentaire. Le scénario, aussi réaliste que tragique, reprend d’ailleurs l’horrible anecdote de cette agricultrice qui s’était immolée devant le siège d’un producteur de pesticide. Porté par un casting impeccable, on retient surtout la performance de Pierre Niney, qui se révèle absolument glaçant de perfection dans son rôle de chargé de communication sans pitié ni morale.
Le flop cinéma 2022 de Léa
Don’t Worry Darling de Olivia Wilde
Loin d’être mauvais, ce film se retrouve ici pour une raison bien précise : il s’agit probablement du plus frustrant de 2022 ! En effet, tout commence très bien : le jeu des acteurs, même celui d’Harry Styles, s’avère très juste, le rythme, les costumes et décors sont très réussis, l’ambiance générale nous plonge dans une société étrange, façonnée à la mode des années 1950 mais où l’on sent bien que quelque chose cloche. Tout va bien jusqu’à… La fin ! Après plus d’une heure passée à suivre les aventures de Florence Pugh qui cherche désespérément à comprendre où elle se trouve réellement, on découvre qu’il s’agit tout simplement d’un univers parallèle virtuel dans lequel son compagnon l’a plongé sans qu’elle en ait conscience. [En réalité, elle est une chirurgienne brillante et son copain chômeur, qui ne supporte pas sa réussite, l’a plongée dans un coma artificiel pour en faire la parfaite femme au foyer dans un monde irréel.] Sans la moindre subtilité, en seulement quelques minutes, un propos féministe lourdingue vient fracasser le film et fait voler en éclats l’ambiguïté si bien construite jusqu’alors avec une fin pas du tout crédible et un conclusion franchement bâclée. Quel dommage pour cette production qui partait pourtant sur de très bonnes bases !
Sous Emprise de David Rosenthal
Sous Emprise s’inspire d’une histoire vraie aussi tragique qu’effrayante : la mort, pendant une compétition, d’une brillante apnéiste française. Un univers qui peut à la fois fasciner et mettre mal à l’aise et qui a déjà fait l’objet de quelques œuvres cinématographiques comme le très célèbre Le Grand Bleu. Une thématique qui attire, donc, car elle sort quelque peu des sentiers battus. Sauf que Sous Emprise perd très vite en crédibilité pour devenir, tout aussi rapidement, assez agaçant. Il semblerait que personne, dans l’équipe du film, n’ait trouvé étrange que des sportifs de très haut niveau dont la discipline consiste avant tout à maîtriser sa respiration, fument comme des pompiers et enchaînent les beuveries tous les soirs, notamment les veilles de compétition. Si les acteurs demeurent tous assez justes, sans pour autant crever l’écran, leur performance ne suffit pas à rattraper ce film au scénario cousu de fil blanc et finalement assez plat.
Le chêne de Michel Seydoux
Ce documentaire sorti au début de l’année partait sûrement d’une bonne intention, celle de filmer la vie de tout l’environnement d’un chêne sur une année entière. L’ennui, c’est que le film ne révèle rien de plus. Si plusieurs plans demeurent tout bonnement impressionnants, notamment ceux tournés depuis l’intérieur des coquilles ou des terriers, on regrette que le film se borne à observer des moments de vie sans rapport entre eux. Pire, certains enchaînements laissent imaginer des interactions ou des échanges entre les différents animaux filmés mais tombent systématiquement à plat. Aucun commentaire, aucune explication, des musiques affligeantes de banalité, ce documentaire laisse un arrière-goût amer (sans s’avérer aussi frustrant que Don’t Worry Darling pour autant !).