Donjons & Dragons – l’Honneur des Voleurs, précédé de retours critiques positifs et de scores honorables au box-office, n’en demeure pas moins un divertissement aussi efficace que finalement très vain.
Ah, Donjons et Dragons, une énième franchise aussi riche thématiquement qu’un énième univers autrefois malmené par la machine hollywoodienne. On se souvient en effet avec une joyeuse horreur de l’adaptation de 2000, réalisée par Courtney Solomon, et surtout portée par le cabotinage d’un Jérémy Irons en totale roue-libre. Heureusement, Donjons et Dragons, autrefois défendu par une horde de geeks hardcores ouvertement délaissés, voire conspués par les grosses productions hollywoodiennes, se voient aujourd’hui, et depuis plusieurs années remis à l’honneur avec l’apparition du culte jeu de rôle dans Stranger Things, preuve que ce dernier est donc devenu un produit nostalgique comme une autre sur lequel capitaliser. Mais voilà, à la surprise générale, Paramount Pictures semble avoir pris (un peu, du moins) l’affaire au sérieux.
Après avoir transformé Sonic en produit familial aussi gentillet que cruellement lisse, le studio s’est donc payé les services du duo de réalisateurs derrière le réussi Game Night pour s’emparer d’une nouvelle adaptation, évidemment rêvée en future nouvelle franchise. Jonathan Goldstein et John Francis Daley, à qui l’on doit également les deux chefs d’œuvres Comment tuer son boss ?, semblent cependant, en gardant un tempo comique parfois hilarant, il faut l’avouer, plutôt se servir de leur expérience de scénaristes sur un certain Spider-Man : Homecoming pour mener à bien ce qui demeure comme leur plus gros projet. Et ainsi de transfigurer ce Donjons et Dragons – L’Honneur des Voleurs en pur produit de franchise, empruntant autant au MCU sa facilité à s’emparer d’univers et de héros riches trempés dans un second degré permanent pour les muer en des divertissements aussi efficaces que finalement complètement inconséquents.
DDCU
Dans Donjons et Dragons – L’Honneur des Voleurs, une bande de sympathiques voleurs se met donc en quête d’une relique perdue. L’équipe, sur le papier assez hétéroclite, mais finalement très peu surprenante, du charismatique meneur (Chris Pine, trop beau pour le rôle), à la brute au cœur qui bat (Michelle Rodriguez), en passant par le sidekick comique sorcier-looser (Justice Smith), et la jeune femme ivre de justice et d’égalité (Sophia Lillis), se lancent alors dans un univers aussi riche que grossièrement réduit par un scénario minuscule. Et ce n’est jamais vraiment, de toute façon, ce qui semble intéresser Jonathan Goldstein et John Francis Daley, qui alternent les références à l’univers comme d’incompréhensibles citations censées plus appuyer le ton comique des répliques que rendre pleinement justice à tout un univers.
Les deux metteurs en scènes et scénaristes s’emparent ainsi de tout un Lore comme d’un patchwork de références et de créatures amenées uniquement pour servir une charte de divertissement minéral : efficacité comique, d’action, et surtout d’un spectacle 100 % familial. Et sur cette dernière promesse, force est de constater que le contrat s’avère rempli : on ne s’ennuie pas une seconde dans ce Donjons et Dragons – L’Honneur des Voleurs, doté d’une force de sympathie impeccable due à un tempo comique imparable. Le film est drôle, et surtout plaisant, mais voilà : cette nouvelle adaptation se contente de divertir au lieu de passionner et d’amuser au lieu d’émerveiller. On a ainsi l’impression d’assister à un énième schéma classique de spectacle hollywoodien qui investit plus dans l’efficacité que dans l’âme.
L’honneur des rôleurs
Ce qui est ainsi autant amusant qu’inconséquent, c’est que chacun se contente de jouer son rôle dans Donjons et Dragons – L’Honneur des Voleurs, sans ne jamais dépasser les lignes de conduite trop bien tracées du spectacle hollywoodien actuel. Le visage de Chris Pine, comme celui, très souriant de Hugh Grant, semblent ainsi à tous deux être l’incarnation parfaite de cette nouvelle adaptation. Même dans certains moment grisants d’action (une poursuite toute en transformations animales diverses, très réussie, comme d’un affrontement final où tous les personnages s’unissent), tout s’avère finalement retomber dans l’humour, rejouant ainsi le sentiment de parc d’attraction et d’éternelle inconséquence, jusque dans le décès d’un personnage (et non, en fait), de l’écriture actuelle du MCU.
Ce qui n’empêche évidemment pas Donjons et Dragons – L’Honneur des Voleurs de remplir pleinement sa mission de spectacle honnête, doublé d’un respect pour un univers dont le service marketing ira même jusqu’à se payer le duo de Joueur du Grenier, dans son doublage français, pour attester de sa bonne foi envers le public de fans visé. Tout cela n’empêchera cependant pas de faire remarquer que derrière les sourires de façade et autres blagues potache d’un éternel (et finalement fatiguant) second degré, il ne se passe finalement rien de neuf dans le spectacle hollywoodien que d’un répétitif schéma proposé jusqu’à l’usure où tout le monde se cantonne à jouer son rôle sans la moindre prise de risque et quelconque audace artistique.
Donjons & Dragons – l’Honneur des Voleurs est disponible en DVD, Blu-ray et VOD.
Avis
Dans cette nouvelle adaptation, chacun joue correctement son rôle, sans ne jamais y apporter la moindre audace. Correctement mis en scène et interprétée, Donjons & Dragons – l’Honneur des Voleurs semble faire de son tempo comique une excuse pour proposer un énième produit franchisé sous grosse influence Marvel. Il en reste ainsi un divertissement aussi honnête, correct et drôle, que finalement complètement inconséquent.