En cette fin d’année, voilà venu le temps, non pas des cathédrales, mais de revenir sur les coups de coeur et déceptions en matière de musique, pour 2023.
Coups de coeur
Memento Mori – Depeche Mode
Marqués par le décès d’Andrew Fletcher, les deux derniers survivants de Depeche Mode Dave Graham et Martin Gore signent ici un opus constamment guetté par la mort. Une profondeur qui fait de Memento Mori l’un des albums les plus solides de Depeche Mode depuis un bon bout de temps. Si les paroles explorent les thèmes de la vie et de la mort, les sonorités emprunteront plutôt aux débuts du groupe. Quelques accords de la musique rappelleront vite certains de leurs plus grands tubes des années 1980.
Paranoia, Angels, True Love – Redcar (anciennement Christine and the Queens)
Redcar cultive dans Paranoia, Angels, True Love une identité si remarquable que, malgré ses 1 heure 30, il paraît presque trop court. L’artiste réinvestit les points qui ont fait son succès naissant en 2014, par sa voix planante et l’ajout d’effets sonores. Son duo True Love avec 070 Shake reprendra ainsi quasiment la même introduction que Christine. Paranoia, Angels, True Love apparaît alors comme un aboutissement ultime qui manie à la perfection ses genres pop, pop-opéra et pop-expérimentale.
Mustafar – Luv Resval
Album posthume pour le jeune Luv Resval décédé l’an dernier, qui porte ainsi son univers à son apogée. Rappeur ménestrel comme il s’était lui-même qualifié, Luv Resval a composé son album Mustafar autour d’histoires à conter. Comme à son habitude, il mélange l’histoire (antiquité égyptienne, Moyen-Âge, renaissance…) à la pop-culture (Zelda, Star Wars, Naruto..) afin de donner vie à des personnages et des récits hors du temps.
Déceptions
La Légende Black – Black M
Pas à son premier coup d’essai en termes de flops niveau musique, Black M s’offre ainsi sa place dans ce récap’ de fin d’année. La Légende Black se repose sur ses acquis en se contentant de remixer vaguement les instrumentales qui ont valu quelques succès à Black M. Un album qui fait donc très daté, puisque l’on se croit instantanément parachuté en 2014. Côté paroles, l’ancien du Wati B n’a pas beaucoup plus à offrir. Ego trips vaseux côtoient formulations creuses et naïves, du style le monde est méchant et les gens sont hypocrites.
Endless Summer Vacation – Miley Cyrus
Après son très bon Plastic Heart un peu passé sous les radars, Miley Cyrus revient avec un nouvel opus placé sous le signe de la rupture et du girl power. Hélas, l’opus se cantonne au genre sentimentalo/glace à l’eau sur des rythmes lancinants et datés. Lady Gaga avait déjà fait la même chose en seconde partie de son album The Fame en 2008. Ses paroles restent tout autant superficielles, si l’on exclut quelques punchlines bien placées, à l’image de la désormais iconique “I can buy myself flowers”…
Bande-Originale – Isabelle Adjani
Malgré son très beau casting (Christophe, Seal, Akhenaton…) et une production signée Pascal Obispo, Bande-Originale se contente de dresser le portrait d’une Isabelle Adjani à bout de souffle. Du haut de ses 68 ans, l’actrice peine à pousser la chansonnette. Si bien que sa voix est constamment submergée par le vocodeur et des instrumentales planantes. Dans le lot, ressortent tout de même quelques thèmes pêle-mêle. Entre amour un peu décrépi et fantasmes japonais, on ne peut reprocher à Bande-Originale de cultiver une certaine originalité…