Ajouté à la compétition cannoise de 2013 in extremis, Only Lovers Left Alive a été présenté par Jim Jarmusch lui-même comme une comédie romantique. Une annonce juste, mais incomplète, tant le long-métrage mélange les genres et les tonalités avec une maîtrise toute singulière.
Traversé par une atmosphère planante, que les riffs de Jozef van Wissem électrisent avec génie, le long-métrage est d’abord un exercice de style admirable qui s’évertue à radicaliser un sujet maintes fois traité. En suivant deux amants vampires au romantisme absolu (le XVIIIe siècle est souvent cité en référence), Jarmusch rafraichit le mythe par un usage régulier du second degré et de la référence complice, quand il n’use pas d’un symbolisme simple, mais percutant. Sa mise en scène est d’une précision diabolique et se dote d’un esthétisme au maniérisme délicieux, multipliant les analogies de personnage par le biais d’un montage parfait.
N’ayant peur ni des digressions ni des apparents flottements, Only Lovers Left Alive est une sorte d’ovni parfois agaçant par son rythme bien à lui. Pour autant, il y a là une singularité qui donne à voir un peu de neuf au milieu d’un cinéma de genre poussiéreux. Et ça, c’est plutôt réjouissant.
Fiche technique
Réalisation : Jim Jarmusch
Avec : Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska
Date de sortie : 19 février 2014
Synopsis : Dans les villes romantiques et désolées que sont Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ?