Depuis l’annonce d’une Snyder’s Cut pour Justice League (notre critique), les attentes et fantasmes autour des changements qu’apporterait cette version sont allés bon train. Qu’y a-t-il dans ces 4h de film comparativement aux 2h de la version cinéma de 2017 en partie reshootée par Joss Whedon ? On se propose de vous lister 10 des plus gros changements de la Director’s Cut de Zack Snyder.
Cet article comprend bien évidemment des SPOILERS !
Justice League mais avec plus de Zack
Le premier gros changement, c’est évidemment le ratio du film, qui passe d’un 1.85:1 à un surprenant 1.33:1. Si l’on finit par s’habituer et que le film profite sur certaines séquences ou plans de cette ampleur verticale, il reste que nombre de scènes auraient été plus lisibles avec un ratio d’image plus horizontal. Disons que cela donne l’impression d’un gimmick pour faire plus scission avec la daubesque – oui oui – version de 2017. Puis bon c’est super l’IMAX, mais en VOD…
L’autre point qui ne devrait pas surprendre grand monde cette fois, ce sont les changements opérés sur la colorimétrie du film. Snyder oblige, l’image est particulièrement désaturée, contrairement à la version Whedon qui n’avait presque aucune continuité visuelle avec Batman V Superman. On ne parlera pas non plus du montage, largement moins chargé en “reaction shot” qui participe aussi à rapprocher cette version de Dawn of Justice. Bref ça ressemble moins à une sitcom.
Enfin, ce qui aussi est revu dans cette version en plus de ce montage plus harmonieux et cohérent, c’est évidemment la présence de slow-motion. Alors ça, y’en a partout et on remercie des gens d’avoir pris le temps de compter. La Snyder’s Cut comprend 24 minutes et 7 secondes de temps de film (sans le générique) au ralenti. Ce Snyder, on ne l’arrête pas comme ça, s’il veut mettre des saucisses en slow-motion, le gars le fait, c’est un cinéaste faut pas croire… Plaisanterie mise à part, ces 24 minutes constitueraient donc 10,35% du film, c’est évidemment très largement au-dessus du reste de la production.
Un nouveau départ
Si on ne parlera pas de la myriade de scènes refondues, on s’attardera néanmoins sur le début du film. Dans la version de 2017, on voyait d’abord une baston sur les toits avec Batou et des cambrioleurs puis la rencontre avec un parademon. Petite séquence censée présenter l’intrigue, elle était suivie d’un générique Snyder-ien : ralenti, profondeur de champ très marquée, musique de Leonard Cohen – mais pas chantée par Cohen, faut pas déconner non plus.
Dans la Director’s Cut à contrario, on retrouve un générique plus “classique”, moins “publicitaire”, et l’introduction avec Batman est carrément zappée. C’est assez drôle de constater que ces choses très Snyder de la version de 2017 finalisée par Whedon sont finalement expurgées de la version… Snyder.
La garde robe
Superman dans cette version rallongée a sorti son plus beau costume, on ne sait pas pourquoi, on ne sait pas comment, mais il avait des envies de noir. Donc pas de vilain Superman dans cette version, simplement un vilain costume régénérant.
Au rang des changements de style également, Steppenwolf est dans cette version de 4h bien plus bling bling, avec sa belle armure brillante plaquée argent. Le personnage a subi un redesign complet, loin du bougre en armure assez anecdotique du Justice League de 2017, ici l’on a un Steppenwolf fait de pure chair, nu sous son armure à l’allure presque high-tech. À titre personnel on trouve son design largement plus gourmand et original que le gusse de 2 mètres et son casque à cornes qui servait d’antagoniste au film d’origine.
Les antagonistes de la Justice League
Pour rester sur ce cher Steppenwolf, la version de Snyder semble laisser plus de temps au personnage, notamment à son admiration et sa dévotion (jusqu’au pathétique) à Darkseid, venant donner un peu d’épaisseur et de tragique à ce qui n’était qu’un corps attaché à une hache dans la version cinéma. Malgré une sacrée quantité d’effets numériques franchement ratés – encore faudrait-il voir les délais de production -, les nouvelles scènes de Steppenwolf sont assez soignées, avec une expressivité insoupçonnable, à quelques moments même surprenante.
Darkseid, ainsi qu’un de ses seconds sbires, vient également faire coucou dans un film où il n’était précédemment que mentionné. Dans la Snyder’s Cut on a donc le droit au Thanos local le temps de quelques apparitions bien choisies qui permettent de remettre Steppenwolf à sa place tout rappelant plus concrètement la ‘vraie’ menace qui pèse sur nos héros.
Cyborg
Côté gentils plus gentils que les méchants qui sont méchants, on trouve aussi de quoi étoffer la préparation. Le personnage qui – forcément – bénéficie le plus de complément est Cyborg, le Aiden Pearce du riche presque fantomatique de la version 2017 qui ne semblait pas s’en soucier. Ici, il a le droit à plus de scènes, plus d’interactions et une Origin Story sommaire mais belle et bien là.
Ce n’est pas tout puisque Cyborg alias Victor Stone a même le droit à un arc narratif avec son père, lui-même bien plus présent à l’écran. Loin de devenir un personnage intéressant pour autant, force est de constater qu’il existe au moins dans la version de 2020 du matériel narratif quantifiable destiné à développer le personnage.
Flash
Autre gentil sympa et non méchant pas sympa, Flash – qui reste le Comic Relief de service mais mieux dosé – a droit à un développement étoffé avec une scène de saucisse au bon goût cosmique, mais qui a le mérite d’en dire un peu sur le personnage avant de le lancer en pâture dans le récit.
Ce n’est heureusement pas tout puisque le film a aussi la sympathie de le rendre utile au combat final, via un climax complément modifié et réorchestré qui offre certainement le plus beau moment de bravoure du film et peut-être même sa scène la plus mémorable, lui qui s’excusait de n’avoir « jamais bataillé de ma vie, j’ai juste poussé des gens avant de filer en vitesse« . C’est pas rien comme ajout, Flash avant même son film a déjà sauvé les miches à toute la planète.
Rated M for mature
La sortie en VOD de cette Snyder’s Cut aura permis au film de monter d’un cran la violence graphique. En effet, cette nouvelle mouture est classée M quand sa grande sœur était elle classée PG-13, c’est un peu le même phénomène qu’avec Batman V Superman et son Ultimate Edition. Ici et là vous pourrez donc apercevoir une trace de sang à l’impact, une décapitation ou même un Superman qui se recompose jusqu’au bout des doigts après avoir été blasté.
Ne vous attendez pas non plus à voir un déluge d’effets gores, beaucoup de scènes héritées de la version 2017 semblent simplement avoir été passées au filtre mercurochrome et on reste – normal avec tous ces fonds verts – dans un film où les coups manquent souvent de patate. Cela dit, il est clair que certaines choses n’auraient pas pu sortir en l’état dans la version ciné… à commencer par sa durée, 4h, certainement le pinacle de la violence pour certains.
Lois Lane, de la romance et des reshoots
C’est un détail, mais vous savez comme on dit, les détails ont leur importance – surtout par paquet de dix. Lois Lane dans la version cinéma était le joker de Batman, sa carte dans la manche pour contrôler Superman à son réveil, or dans cette version Snyder, la présence de Lois Lane au moment du retour de Superman est le fruit de ce bon vieux hasard. Comme quoi la Snyder’s Cut n’est pas toujours judicieuse dans ses changements… Même si on la salue d’avoir beaucoup élagué de ce qui posait souci par rapport à 2017.
Il ne serait pas étonnant d’apprendre que le plan de Batman de la version Whedon fasse partie des reshoots, ce serait d’autant plus crédible que la scène où il suggère son plan est tourné dans un décor assez chipos présent à plusieurs reprises dans la version 2017, mais qui n’apparaît étrangement à aucun moment dans cette version longue, une sorte de cagibi en acajou. On dit ça parce les scènes de pseudo romance entre Bruce Wayne et Wonder Woman, c’est le même décor donc bon, on se risque à le penser.
On est aussi ravi de vous apprendre que toutes les scènes avec la famille russe ou même plus généralement tous les civils de la version Whedon lors de la bataille finale ont été retirés de cette nouvelle mouture. C’est dommage, il n’y a plus la blague sur Dostoïevsky… Zut alors.
La moustache de Superman
Enfin avant dernière grande nouvelle de notre sélection – et certainement la meilleure -, le Henry Cavill mutant à moustache a été supprimé de cette version. En conclusion la version Snyder est donc bien supérieure à la version 2017, la moustache étant l’ultime point de bascule vers l’excellence… ça tombe sous le sens.
Du teasing de fou pour Justice League 12
Alors que la possibilité de voir une vraie suite au Justice League de Snyder semble compromise depuis un bout de temps, cette nouvelle version ne peut s’empêcher d’ouvrir des portes telle un moulin à caméo.
Que ce soit l’introduction de Atom et Martian Manhunter, de Darkseid bien décidé à donner la leçon ou encore d’une nouvelle scène de cauchemar gavé à ras bord d’allusions, Justice League de Snyder s’avère parfois être trop concentrée à teaser son propre univers à la marge. Pas étonnant qu’un #restorethesnyderverse traîne ici et là tant ce nouveau Justice League a parfois des allures de grosse bande-d’annonce à 80 millions de patates. Un aspect assez malvenu vu son contexte.
De la mort d’Harley Queen à celle d’Aquaman, en passant par une nouvelle couche sur Robin et Lois Lane, il manque à l’ensemble la concrétisation de ses « grandes idées”. Cette version plus réussie que celle de 2017, mais encore loin d’être parfaite, devrait pourtant le rappeler à certains : Justice League reste encore un fantasme. Quoi de beau que puisse suggérer cette version, elle le fait dans le vent, en parfaite connaissance de cause.