L’indéboulonnable, le sélectif, le tapageur et le plus cinématographique des festivals revient comme toujours en ce mois de mai 2025. Que nous réserve donc ce Festival de Cannes 2025 (78ème édition) ? Nos deux accrédités, Charley et Nicolas, sont présents sur place pour apporter un semblant de réponse à la question.
À l’heure de l’écriture de cet article, Cannes commence ce soir, le 11 mai 2025, avec la cérémonie d’ouverture et la diffusion de Partir un jour d’Amélie Bonnin. Comme chaque année, le suspens commence doucement à monter crescendo pour savoir quel film sera le plus beau, le plus remarquable, le plus fou parmi cette sélection éclectique de longs-métrages venus des quatre coins du monde. Pour vous en donner un aperçu succinct, voici quelques films qui sont attendus de pied ferme par nos deux chroniqueurs.
Le attentes de Nicolas
Je m’en souviens comme si c’était hier, mais en 2018 un réalisateur dénommé Bi Gan est arrivé à Un Certain regard avec un film stupéfiant en 3D, Un grand voyage vers la nuit, fort d’un plan séquence majestueux où le terme onirique prenait tout son sens. C’est donc avec un plaisir ineffable que j’ai découvert l’arrivée tardive en compétition officielle de son prochain film, Résurrection. Incontestablement un poids lourd qui pourrait bien marquer l’histoire du Festival avec une Palme d’or (sachez que je me trompe toujours dans mes prédictions).

Mais Bi Gan n’est pas seul et d’autres cinéastes – et leurs équipes, car le cinéma est avant tout un art collaboratif – tout aussi virtuose et talentueux sont présents dans cette sélection, à l’image de Lynne Ramsay. La brillante cinéaste écossaise revient sur la Croisette, l’endroit qui l’a vu grandir comme artiste (la plupart de ses films y sont passés tels que We Need to Talk About Kevin ou A Beautiful Day), avec Die, My Love qui met en scène Jennifer Lawrence et Robert Pattinson. Allez Lynne, j’y crois !
Enfin, je dois dire que j’attends avec impatience le nouveau film de Saeed Roustaee, Woman and Child. Déjà en 2022, il avait marqué le Festival avec Leila et ses frères grâce à sa mise en scène virtuose et son sens du récit sociétal très typique du cinéma iranien contemporain (Asghar Farhadi, Mohammad Rassoulof…). Peut-être que ce Festival se rattrapera pour l’affront de 2022 et l’absence totalement injuste de récompense lors du palmarès pour Leila. Ou alors Roustaee rejoindra-t-il la liste des cinéastes qui ne monte jamais sur le podium cannois ? (James Gray pour n’en citer qu’un). Suspense…
Les attentes de Charley

Nouveau Cannes, nouvelles attentes ! Difficile de ne pas trépigner d’impatience devant le retours de Bi Gan ou Lynne Ramsay, des habitués de la Croisette que nous n’avions pas revu depuis presque 8 ans ! Aisément les 2 gros poids lourds de cette édition (désolé les Dardenne, vous n’aurez pas votre 3e Palme !), même si j’attends également pas mal d voir Spike Lee et Denzel Washington s’atteler à un réinterprétation d’un chef-d’œuvre de Kurosawa avec Highest 2 Lowest… et le retour de Julia Ducournau.
La réalisatrice française sera bien attendue au tournant après sa Palme Titane en 2021, mais aussi après le phénoménal The Substance l’an dernier qui a mis la barre très haute pour ce qu’il s’agit de proposer un pur film de genre qui tache au sein de la Compétition officielle. Alpha est ainsi vendu comme le projet le plus personnel de Ducournau, servi par un très beau casting (Tahar Rahim, Golshifteh Farahani, Emma Mackey..), de quoi rendre bien curieux.
Festival de Cannes 2025 : compter sur les sélections parallèles
Mais Cannes propose aussi des choses alléchantes hors compétition, comme un nouveau film du cruellement sous-estimé Kirill Serebrennikov (Leto, La Femme de Tchaïkovski, Limonov). Le réalisateur dissident russe revient ainsi avec The Disappearance, récit contant la fuite de Josef Mengele en Amérique du Sud après ses abominations orchestrées à Auschwitz. Et sur une note moins noire, l’illustre Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) revient avec Marcel et Pagnol, film d’animation centré sur la vie du célèbre auteur éponyme. On espère un hommage aussi vibrant que celui de Tati pour L’Illusionniste !