Pour bien mal commencer l’année, on se fait un petit florilège CW en commençant par Walker avec ses deux premiers épisodes aussi agréables qu’un high kick dans le bas ventre.
Traumatisé par l’assassinat suspect de sa femme, Cordell Walker tente de reprendre ses marques auprès de ses collègues Texas Rangers et de sa famille. Toujours à même de développer des projets douteux, The CW décide donc de moderniser l’indémodable nanardise qu’était Walker Texas Ranger avec Chuck Norris, cette fois avec Jared Padalecki dans le rôle-titre pour un résultat… consternant.
Reboot du show célèbre pour ses coups de pieds retournés qui finissent souvent dans la gueule, ce Walker tente cependant une autre approche plus… timorée. Anna Fricke adapte donc ce qu’avaient précédemment mis en place Leslie Greif & Paul Haggis en balayant nette tout ce qui faisait le sel de la série originale. Adieux les high kicks sautés ou les questions intéressantes sur les origines et la place des Amérindiens dans la société américaine. Un dialogue timide sur l’intégration des Mexicains émigrés et des apitoiements larmoyants seront notre lot. C’est à nous que ça donne envie de pleurer.
In the eyes of a ranger…
En parfait rejeton de CW, tout est pioché à droite à gauche dans les différents shows de la chaîne. Padalecki reste à la maison, s’octroyant en plus la production exécutive de cette resucée télévisuelle, tout en s’entourant d’une partenaire rescapée de The 100, d’un père de Supergirl (son grand père dans Supernatural tiens tiens), d’une barmaid également venue de Supergirl et de sa femme à la ville pour jouer sa défunte épouse dans des flashbacks déchirants de mièvrerie. Pauvre Walker.
Surtout que la série met définitivement de côté les arts martiaux pour mettre plutôt l’accent sur ce père veuf et torturé, qui galère avec ses enfants, un papa poule débordé qui n’a même pas le temps de filer des bourpifs. Pourtant notre poète dépressif s’offre une partenaire efficace en la personne de Lindsey Morgan et tous deux forment un duo hétéroclite à la Mentalist et déambulent d’évaluations en confessions intimes en mangeant des chimichangas. Une série procédurale en bonne et due forme tout bonnement insipide où les affaires se suivent et se ressemblent mais servent surtout d’excuses à notre bon Texas Ranger pour se confier à la première oreille tendue.
En effet, sur fond de ballades country, le bon Walker étale ouvertement ses états d’âme au premier venu, de façon ultra forcée et plutôt pratique. La faute à une écriture on ne peut plus poussive où tout est expliqué pour ne laisser aucune zone d’ombre en prenant soin de prendre le spectateur pour un beau bovin « tiens tu sors ton jeton de poker ? Quand tu joues avec ce jeton de poker, c’est que tu rumines ». Pauvre Chuck…
When you’re in Texas look behind you
Mais le pire c’est qu’il faudra attendre 25 minutes du pilote pour voir Padalecki froncer les sourcils et commencer à esquisser un semblant de bagarre. Mais finalement le bougre se retient. Sur les deux premiers épisodes, le Texas Ranger se contente de mettre brutalement les menottes à un mec tandis qu’il roule dans la poussière avec son frère, on est loin des cassages de tronches de l’ancien champion du monde de karaté. Surtout que malgré sa carrure monstrueuse, Padalecki reste sagement sur le banc de touche à faire la moue et vider les verres de sky quand sa gringalette de partenaire s’octroie « toute » l’action du show, quand il y en a.
Cependant, même si on trouve cette série insultante envers l’originale, il faut bien reconnaître que ce changement de rôle, en inversant les distributeurs de savates, permet à Walker de se démarquer de son inimitable cousine télévisuelle. On regrette l’époque faussement philosophique et bagarreuse de la série nanarde avec Chuck Norris mais le personnage féminin y gagne en évitant de se cantonner aux roucoulades émotionnelles avec son boyfriend et Padalecki fait travailler ses glandes lacrymales pour développer son jeu pas toujours inspiré. En bref, et parce qu’on est gentils, tout le monde s’y retrouve.
Nul doute que certains, pour débrancher leur cerveau, passeront un bon moment devant ce blasphème télévisuel. Mais franchement, ce début de Walker nous aura fait l’effet d’un low kick dans le bide. Séchés, on n’ira pas plus loin.