Un p’tit truc en plus est désormais le plus gros succès de l’année au box-office français : une excellente nouvelle à la fois pour les salles et nos petits cœurs.
Un p’tit truc en plus est le phénomène que personne n’avait vraiment vu venir (nous y compris, d’où cette critique très tardive), malgré le fait que le premier film d’Artus coche beaucoup de cases du cahier des charges de la comédie populaire. Ainsi, si certains y verront une énième redite se résumant à l’addition de la formule comédie de vacances accompagnée d’un sujet social fort, soit (très grossièrement) un Les Bronzés mixé à Intouchables, raison d’exister d’un nombre incalculable de récentes comédies hexagonales (les horribles Notre tout petit petit mariage singeant La Bande à Fifi, ou bien Cocorico la formule de Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ?), nous y voyons quand à nous un véritable petit miracle.
Déjà parce qu’Artus en tant qu’acteur, même en haut de l’affiche, n’a jamais vraiment attiré les foules, n’ayant de notable sur grand écran que le succès tardif, acquis par la VOD, de Pourris Gâtés, entouré de Camille Lou et Gérard Jugnot. Pire, les derniers projets avec l’acteur au casting, de Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée, en passant par Apaches et 38°5 quai des Orfèvres, tous se sont révélés être de petits échecs. Ensuite, parce que les inspirations de l’acteur désormais réalisateur sont plus à chercher du côté du duo Nakache-Tolédano (période Nos jours heureux), dans une comédie aux ficelles certes plus grosses et maladroites, compréhensibles pour un premier essai, mais qui parvient cependant à toucher la corde sensible avec une infinie préciosité.
La petite bande
Un p’tit truc en plus suit ainsi la cavale d’un père (Clovis Cornillac, hilarant et touchant en père bourru qui s’ouvre) et de son fils (Artus, très intelligemment en retrait), qui pour échapper à la police, se retrouvent dans une colonie de vacances pour adultes en situation de handicap. Et, déjà, malgré quelques blagues attendues, tout s’avère rythmé et traité avec beaucoup d’intelligence, et surtout le vrai cœur du film ne repose jamais sur une quête effrénée de gags, ni sur une histoire d’amour ou bien de rédemption plutôt attendue, mais sur sa bande de jeunes adultes en situation de handicap. Leur humanité et leur humour envahit immédiatement l’écran, mettant rapidement au placard tout le (pourtant) formidable casting qui les entoure.
On vit ainsi immédiatement avec eux, assis aux premières loges de ce moment d’insouciance dans lequel tous irradient. Artus tisse ainsi son intrigue autour d’eux et avec eux, rendant ainsi Alice Belaïdi, Clovis Cornillac, Marc Riso, Céline Groussard, spectateurs comme nous d’une troupe qui n’avait quant à elle juste besoin d’être filmée pour pleinement toucher en plein cœur. Mis au ban de la société, injustement effacés et très peu évoqués, on écoute ainsi, au milieu des répliques humoristiques, des morceaux de quotidien qui prennent aux tripes, d’une humanité pourtant jamais brisée. Et c’est ainsi ce qui fait de ce Un p’tit truc en plus un petit miracle : son sens aigu de l’équilibre, nous faisant chavirer en quelques instants du rire aux larmes.
La petite corde sensible
Parce que si l’on retrouve le grand Jean-Marie Dreujou à la photographie (42 années de métier, de Jean Becker à Jean-Jacques Annaud), et qu’Artus se voit entouré au scénario des jeunes plumes de Clément Marchand et Milan Mauger (ayant collaboré avec Jean-Michel Ribes et Thomas Lilti), Un p’tit truc en plus ne marque jamais par son audace formelle ou narrative, se contentant de recycler (jusqu’à son affiche) un format et un schéma de comédie bien connus pour mettre en lumière des héros que l’on a malheureusement pas l’habitude de voir sur grand écran. Et c’est ainsi là toute sa richesse, faisant exploser leur liberté dans des scènes du quotidien, contre des incivilités, des regards, desquels ils s’extraient avec une drôlerie et une poésie véritablement désarmants.
Autant de petites prouesses qui mènent ce Un p’tit truc en plus vers un final véritablement émouvant, qui malgré les grosses ficelles de son récit, reste, loin de toute outrance, tout près du regard de ses véritables héros, qu’on se trouve véritablement peinés de quitter lorsqu’apparaît le générique. Autant de petites choses qui font, lorsqu’on les additionne, beaucoup de choses en plus, d’un amour et d’une tendresse touchant quant à elle également de plus en plus de spectateurs, pour dévoiler le cœur immense de cette comédie populaire au sens le plus noble du terme, qui de par sa modestie et son humanité, s’avère en ces temps toujours plus incertains, d’une infinie préciosité.
Un p’tit truc en plus est actuellement en salles.
Avis
Beaucoup de petits trucs en plus qui font, lorsqu'on les additionne, une belle dose d'amour et de tendresse touchant quant à elle également de plus en plus de spectateurs, pour dévoiler le cœur immense de cette comédie populaire au sens le plus noble du terme, qui de par sa modestie et son humanité, s'avère en ces temps toujours plus incertains, d'une infinie préciosité.