Après deux premières saisons énervées, la troisième aventure des héros de la Umbrella Academy est encore une fois très sympa, même si cette dernière fait dramatiquement du surplace.
Tout juste revenus des années 60, les membres de la Umbrella Academy découvre qu’ils ont été remplacé par la Sparrow Academy et qu’une nouvelle apocalypse menace l’univers. Netflix vient de proposer ce mercredi 22 juin 2022 une troisième saison qui reprend les ingrédients des précédentes, à tel point qu’on se demande si on ne serait pas fait arnaquer sur la marchandise, le show n’ayant que trop peu de nouveautés à nous proposer.
Toujours développée et écrite par Steve Blackman et Jeremy Slater, la série continue d’adapter les comics de Gerard Way et de Gabriel Ba tout en étendant le concept original puisque dans les bandes dessinées, la Sparrow Academy n’est que teasée, à la fin de l’arc Oblivion. Une orientation que le show de Netflix prend à l’envers, en ayant toute latitude nécessaire pour introduire ces nouveaux personnages. Et c’est justement cette liberté qui vient peut-être freiner le service de streaming, semblant ici s’embourber dans une nouvelle, et identique aventure pour la Umbrella Academy.
Back to the past
On ne va pas se mentir la saison 3 de Umbrella Academy être très plaisante. L’amour de la différence, les situations absurdes, désespérées et rocambolesques sont autant de poudre aux yeux qu’on apprécie sincèrement. Tout se dévore d’une traite, et les 10 épisodes passent à une vitesse folle accompagnés par le plaisir de retrouver l’équipe de bras cassés tenter de nouer des liens familiaux tout en sauvant une nouvelle fois le monde d’une anomalie temporelle. Ainsi, nos personnages se trouvant confrontés au paradoxe du grand-père, il est normal de considérer la saison 3 de Umbrella Academy comme parfaitement paradoxale.
L’ensemble est agréable, mais c’est surtout un produit au cahier des charges bien établi qui vient finalement rendre l’entreprise rassurante plutôt que pertinente. Sans forcer, on retrouve la dynamique de groupe, les habituels super-pouvoirs colorés et les relations conflictuelles entre les différents membres de la famille, voir des deux familles. Mais c’est tout ce que la série nous proposera (ou presque). La saison est hâtive et terriblement mal écrite où certains personnages subissent des transformations psychologiques du niveau de Daenerys dans Game of Thrones (nouvel étalon de la vrillance) tandis que l’intrigue, nous offre exactement les mêmes rebondissements et les mêmes enjeux que précédemment.
Mais le pire, c’est que cette troisième saison est particulièrement avare en action. La réalisation n’était déjà pas glorieuse mais, couverte d’un vignettage cache-misère, on évolue dans le lobby d’un hôtel ou les ruines d’une salle à manger sans que nos personnages n’aient grand-chose d’autre à explorer. On obtempère donc à voir nos super-héros déblatérer sur leur relation paternelle plutôt qu’à se bastonner méchamment contre une police temporelle, mais on en a perdu.
Pourtant, de menues fulgurances viennent ici et là embellir cette Umbrella Academy au demeurant très terne. Ainsi, privés d’ennemis identifiables, de véritable quête, les héros devront trouver en eux mêmes, ou via la Sparrow Academy (véritables reflets de nos protagonistes), la volonté de s’élever, de grandir ensemble. La force de l’intime au détriment du spectaculaire. De même, l’évolution du personnage de Klaus (Robert Sheehan est toujours excellent) fait agréablement changer la hiérarchie du casting, en mettant temporairement Five (Aidan Gallagher) de côté pour mettre surtout Elliot Page au centre de l’action et de la narration, point névralgique de cette saison. Pour imager le coming-out de l’acteur, le personnage, renommé de Vanya à Viktor, pose ainsi la question de l’identité sexuelle avec beaucoup de sensibilité et de façon spontanée. Un développement nécessaire et qui permet de dynamiser les relations de l’intérieur, pile ce qu’il fallait pour ne pas sombrer dans la copie-conforme des précédentes saisons.
Si la troisième et dernière saison de Umbrella Academy est inévitablement plaisante à regarder, elle évite l’écueil narratif en se recentrant avec brio sur l’intimité de ses personnages.
La saison 3 de Umbrella Academy est disponible sur Netflix.
Avis
On ne boude pas notre plaisir régressif devant cette saison 3 de Umbrella Academy mais force est de constater que l'intimité de la famille et les changements identitaires des personnages permettent au show d'éviter la consternation narrative.