The Whale marque les retours de Darren Aronofsky et surtout de Brendan Fraser, dans un mélodrame prétentieux et surchargé.
The Whale est un film de come-back inattendus. Tout d’abord, on retrouve donc Darren Aronofsky, réalisateur adoré pour ses œuvres telles que Requiem for a Dream, Black Swan et The Wrestler, dans lequel le cinéaste avait déjà ressuscité une star sur le déclin, en la personne de Mickey Rourke. Mais voilà, les flops consécutifs de Noé et Mother! ont eu peu à peu raison de l’estime publique et critique de Darren Aronofsky, qui revient donc avec un drame intime, (soi-disant) modeste et loin de ses délires bibliques, produit par le nouvel eldorado du cinéma d’auteur américain, A24, en huis-clos, adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Samuel D. Hunter. Et sa nouvelle muse, Brendan Fraser, revient quant à lui de beaucoup plus loin.
Retiré de la vie publique et affecté par nombre de traumas, Brendan Fraser sort d’une traversée du désert de plus de dix années, et trouve dans ce rôle de prof de littérature reclus, se tuant à petit feu, la performance qui le remet très justement sur le devant de la scène, accompagné des honneurs de la profession, et se trouvant au casting du prochain Martin Scorsese, Killers of the Flower Moon, alors que Batgirl, dans lequel il devait camper l’antagoniste, se voit purement annulé et effacé. Seul réel intérêt de ce mélodrame empesé, l’acteur tient sur ses épaules cette proposition aussi prétentieuse que surchargée, sans (très mauvais) jeux de mots.
Confinement forcé
Charlie (Brendan Fraser), vit reclus chez lui. Souffrant d’obésité morbide, il noie son chagrin dans la nourriture et les copies de ses élèves auxquels il tente d’inculquer l’honnêteté en littérature, lors de ses cours à distance où il n’ose faire apparaître son visage. Lorsque sa fille (Sadie Sink) revient chez lui, Charlie voit en ce retour l’occasion d’une tentative de réconciliation, lui qui avait quitté femme et enfant pour un amant aujourd’hui disparu. Et si le huis-clos est souvent l’occasion pour les cinéastes en panne d’inspiration de retrouver de leur superbe (on pense assez évidemment à M. Night Shyamalan), Darren Aronofsky n’a malheureusement rien perdu de sa patte grossière, et de ses multiples métaphores surlignées jusqu’à l’overdose. Son récit, au propos pourtant minéral, est ici sabordé par les (très) gros sabots d’un cinéaste voulant signer un mélodrame surchargé.
Comme si l’observation de ce corps déformé par la tristesse et de la décrépitude d’un homme se tuant à petit feu ne suffisait pas, le scénario de Samuel D. Hunter vient ainsi perpétuellement grossir le trait, en y adjoignant un jeune missionnaire en plein questionnement et une adolescente complètement insupportable, derniers vestiges d’une humanité disparue. Si Brendan Fraser y est réellement bouleversant, semblant parfois rejouer les parts les plus sombres d’une vie broyée, tout le reste est insupportable, semblant uniquement pensé comme une parodie de mélodrame à Oscars, où le moindre trauma s’ajoute sur une longue liste, déjà pleine. Pire, lorsque Darren Aronofsky ne peut s’empêcher d’y asséner des vers bibliques faisant définitivement sombrer son drame dans ce que sa filmographie a pu proposer de pire.
Gros poisson dans une petite mare
Là où The Whale réclamait une certaine retenue, un dépouillement propice à la réflexion, on retrouve ainsi l’envie de perpétuel remplissage de Darren Aronofsky qui faisait de Mother! un cauchemar total (mais réussi, pour l’auteur de ses lignes), parasitant ce drame qui aurait dû et pu être aussi sec à la mise en scène qu’abondant en termes de thématiques. Malheureusement, sur ses près de deux heures de métrage, le schéma narratif s’avère aussi programmatique que rebattu, troquant l’émotion pour un ennui aussi atone que prétentieux. Si l’on sauve la révélation de Le Menu, Hong Chau, campant aux côtés d’un Brendan Fraser impérial un duo très attachant, ce cheminement vers une foi perdue frôle quant à lui complètement l’indigestion.
En voulant cocher toutes les cases du mélodrame poussif, sombrant dans le pathos et s’abreuvant de manière parfois outrancière de la peine de son personnage comme un énième cheminement vers une foi perdue, Darren Aronofsky signe ainsi avec The Whale un come-back à la fois opportuniste et désespérément raté. Si l’on peut s’accrocher à la prestation réellement bouleversante de Brendan Fraser, la prétention du cinéaste vient même parasiter ses silences, qui durant quelques maigres instants, laissent respirer un film en total manque d’oxygène, d’inventivité et surtout, d’émotions.
The Whale sortira le 8 mars 2023.
Avis
Si le retour de Brendan Fraser s'avère bouleversant dans une partition intime et sans outrances, celui de Darren Aronofsky est tout autre. Le cinéaste surcharge jusqu'à la déraison un drame et un sujet qui n'en demandaient pas tant, faisant sombrer son récit dans ce que son cinéma a pu proposer de pire, entre vers bibliques assénés, métaphores appuyées et outrances prétentieuses.
Un commentaire
« Et sa nouvelle muse, Brendan Fraser, revient quand à lui de beaucoup plus loin. »
quanD à lui ?? Il faudrait vérifier les fautes avant de publier. La langue française est déjà assez abîmée, et tirée vers le bas. QuanT à lui : car on écrit toujours « quant à » avec un t final, lorsqu’il est suivi de : à, au, aux !