Série spin-off faisant suite à The Batman, The Penguin se révèle non-seulement une belle surprise, mais également une solide réinterprétation du méchant culte de l’Homme chauve-souris. Servie par deux superbes performances (Colin Farrell et Cristin Milioti), on tient là une indéniable réussite !
Malgré quelques errements scénaristiques, The Batman peut être considéré comme un reboot réussi du plus célèbre des vigilantes. Matt Reeves avait d’ailleurs continué dans la lancée d’un Christopher Nolan, en ancrant Bruce Wayne dans un contexte réaliste : une légère impression de redite certes, mais qui offrait une dimension « polar » pas piquée des hannetons. The Penguin vient donc étendre l’univers du film, et créer un pont avec le futur 2e opus.
Spin-off qui n’a rien d’anecdotique
Pour rappel, le final de The Batman voyait non seulement la mort du parrain de la pègre Carmine Falcone, mais également une bonne partie de Gotham inondée suite aux attentats du Riddler. The Penguin débute ainsi une semaine après ces évènements, pour exclusivement centrer son récit sur les remous subis par le milieu criminel.
Désormais sans Caïd, le monde underground des mafieux est dans une situation branlante, en plein contexte de guerre froide entre les Falcone et les Maroni. C’est via cette ambiance tendue qu‘Ozwald « Oz » Cobb (Colin Farrell) va trouver l’opportunité de mettre le feu à la poudrière afin de devenir le boss du crime de Gotham. Ce sera sans compter le retour de Sofia Falcone, fille de feu Carmine ayant passé plusieurs mois à l’asile d’Arkham.
Pas de chauve-sauris, un peu de Soprano
L’idée de The Penguin pouvait paraître saugrenue au premier abord, mais après une excellente scène introductive rabattant les cartes du pouvoir dans le monde criminel de Gotham, on se rend compte qu’il n’y avait sans doute pas meilleure opportunité que de prendre un des seconds couteaux de The Batman pour mieux le développer ensuite.
En effet, si le Pingouin était présenté comme une petite frappe dans le film de Matt Reeves, c’est à tout un vrai parcours de personnage que nous invite cette série en 8 épisodes rondement menés. Retrouvant l’ambiance poisseuse du métrage (avant de la délaisser pour nous immerger dans un ersatz plus classique de Detroit/New York), The Penguin est avant tout une vraie série de gangster .
On pense évidemment aux Sopranos ou aux Affranchis, et même si nous sommes très loin de la qualité de ces immenses inspirations, le tout parvient à trouver son identité dans un équilibre bien tenu entre R-Rated (le ton résolument plus adulte qui faisait défaut à The Batman apparaît ici comme une véritable évidence) et adaptation DC Comics.
Récit autonome
Ceux qui s’attendent à une pluie de fan-service comme dans un show CW seront (heureusement) déçus : The Penguin s’avère complètement autonome (seul l’ultime conclusion du 8e épisode fait un excitant pont implicite avec la mythologie de Batou), tout en détaillant le contexte de lutte intestine pour le contrôle de la pègre. Nous ne sommes pas dans The Wire, mais il y a un côté rafraichissant à montrer l’envers du décor sans super-héros/super-vilain dans ce monde, malgré une inondation de Gotham rapidement mise de côté en terme d’esthétique de la ville.
Un moteur dramaturgique efficace donc, d’autant qu’Oz sera pris en sandwich dans un jeu de dupe entre les 2 familles Falcone-Maroni (se servant de l’une en sous-marin pour mieux contrer l’autre), tout en gravissant les échelons. Mais si en tant qu’œuvre de gangster The Penguin ne surprend pas dans ses ressorts narratifs, c’est définitivement via ses protagonistes que le show est une réussite !
Même si Colin Farrell disparaissait déjà avec grand talent derrière l’impressionnant maquillage du Pingouin, ici il livre tout simplement une de ses meilleures performances d’acting : quelque part entre du Joe Pesci et du Al Capone, on évite tout dolorisme à la Joker ou une antipathie franche pour mieux apprécier la trajectoire de ce truand curieusement. Une dimension soutenue par l’incroyable performance de son acteur, mais aussi les relations qu’entretient le perso auprès de sa mère, son amante (Carmen Ejogo est sous-utilisée ceci dit) et même une dimension de mentor avec un jeune délinquant devenu protégé (très bon Rhenzy Feliz).
Performance d’acting à Gotham
Pas de doute, nous sommes bien chez HBO dans la capacité de la série à mettre le tout en perspective via l’intimité des personnages (chaque flash-back est passionnant), cristallisé par un brutal épisode 4 à l’asile d’Arkham centré sur l’autre atout majeur de The Penguin : Cristin Milioti en Sofia Falcone ! Là encore, l’actrice livre une impeccable performance, à la fois meurtrie et psychopathique. Déjà épatante dans la série Gotham, Sofia Falcone trouve ici une incarnation définitive (seulement entachée par un Theo Rossi peu convaincant en psychiatre), passant de victime à bourreau pour devenir une antagoniste avec du coffre.
Une dimension tragique qui fait ainsi un parallèle entre les 2 piliers de The Penguin, jusqu’à un final empli de noirceur essaimant d’excitantes bases pour la suite de l’univers Batman par Matt Reeves. Si quelques éléments méritaient un peu plus, le tout ne présente pas de bout de gras, et à l’image du score de Mick Giacchino : classe, tenu et incarné ! On en redemande !
The Penguin est disponible sur Max chaque lundi
avis
Vraie réussite que ce The Penguin, à la fois spin-off adulte et véritable parcours de personnage inspiré. Porté par les impeccables performances de Colin Farrell et Cristin Milioti, cette incartade mafieuse dans l'univers de Gotham est à la fois une surprise qualitative au sein de l'écosystème HBO, mais également une manière de dynamiser un nouvel univers DC définitivement hétéroclite en terme de proposition. On en redemande !