The Mandalorian, semble, après sa troisième saison, avoir enfin trouvé sa ligne directrice, non sans défauts.
On ne présente plus The Mandalorian. Où plutôt, sans risquer de se répéter au vu du petit objet de pop-culture instantané qu’il est devenu. Première véritable réussite notable du Star Wars sous l’égide Disney, qui était enfin parvenue à s’approprier pleinement la franchise, la série du précieux Jon Favreau paraît aussi aujourd’hui comme la ligne directrice de tous les futurs projets de la firme, entraînant moults séries et autres spin-off autour de lui (The Book of Boba Fett, Ahsoka). Mais voilà, après des débuts très prometteurs alliant modestie bienvenue et retour aux sources, la seconde saison de The Mandalorian semblait se contenter un peu trop de sa recette, échouant à raconter véritablement quelque chose sans sombrer dans le fan-service pur et dur, traduisant les ambitions toujours plus mortifères d’une saga définitivement trop refermée sur son glorieux passé, au mépris de l’invention et de l’audace.
Surtout, en faisant appel à des artistes peu talentueux, comme Robert Rodriguez, entachant alors un peu plus de sa belle dynamique pour muer The Mandalorian en un produit d’appel comme un autre. Mais voilà, le réveil salvateur qu’était Andor (meilleure série Star Wars haut la main) est passé par là, et malgré son petit échec public, semble avoir dépassé le modèle de la série du chasseur de primes en inventant sa propre direction, influant forcément sur toutes les autres. Et pour tous ses épisodes en forme de one-shot, parfois aussi séduisants qu’inconséquents, d’enfin se relier pour, à l’image de The Bad Batch (il faut qu’on vous en parle bientôt), enfin se concentrer sur un sujet véritablement passionnant à savoir celui de croquer un équilibre aussi fragile qu’une menace, aussi silencieuse que puissante et tapie dans l’ombre, prendra un malin plaisir à faire chuter.
La force du collectif
The Mandalorian avait ainsi débuté sans ne rien changer à sa ligne de croisière habituelle, et c’est ce qui nous avait (un peu) inquiétés. Une quête linéaire, et un énième aller-retour scénaristique pour faire revenir le personnage sacrifié dans la seconde saison de Bo-Katan Kryze, qui retrouve ici ses lettres de noblesse en donnant le tempo de toute nouvelle proposition. Parce qu’enfin, The Mandalorian prend les armes et tente d’exister au-delà de sa propre promesse, et d’une certaine aridité et d’enfin raconter quelque chose de plus grand qu’elle. Délaissant le fan-service facile, qu’au détour d’acteurs venus faire un coucou excitant les fans (Jack Black, Lizzo, Christopher Lloyd réunis en un seul et même épisode), cette troisième saison s’avère ainsi être une excellente surprise. Parce que derrière ses incontournables visites dans de nouvelles contrées, la série toujours scénarisée par Jon Favreau ose enfin parler d’union, de force du collectif sur des territoires d’une galaxie plus que jamais divisée et fragilisée.
Cette union se trouve ainsi menée par le personnage central qu’est redevenu Bo-Katan Kryze, avançant avec bravoure pour redonner à la fois de l’identité à une série qui en avait cruellement besoin, et à une nécessité du collectif complètement salvatrice qui ne pouvait plus simplement se reposer sur son héros casqué et sa craquante mascotte pour raconter une histoire à la hauteur. Outre de très bons épisodes s’éloignant de ses héros pour nous présenter de nouveaux protagonistes doubles nourrissant l’intrigue à la manière d’Andor (on pense évidemment à Elia Kane, géniale Katy M. O’Brian), The Mandalorian gagne ainsi en complexité, en richesse thématique et aussi en intérêt. Outre le fait de délivrer l’une de ses meilleures productions, la direction de Kathleen Kennedy semble ainsi amorcer un futur cinématographique bien plus excitant et travaillé qu’à l’époque de la postlogie.
Détruire pour mieux reconstruire
Surtout, The Mandalorian semble enfin détruire ses jouets et essayer de nouvelles choses. Outre le fait de tenter de prendre le pouls du climat incertain de toute une galaxie, la destruction pure et dure du Dark-Saber semble ainsi attester d’une volonté claire de dépoussiérer une formule trop bien établie. L’on délaisse volontiers les quêtes pour retrouver un orphelin capturé par un simili-dragon (ennuyeux au possible) pour des affrontements bien plus épiques où l’armure des impassibles mandaloriens se voit purement et simplement détruite, et enfin mise à rude épreuve. Comme dans Andor (décidemment l’influence de la série de Tony Gilroy s’avère incontournable), cette troisième saison semble ainsi enfin observer l’humain derrière l’armure, celui qui n’a plus peur d’être dépassé par une menace bien plus redoutable qu’il n’y paraît.
Ainsi, si l’on émettra toujours quelques réserves, notamment au vu d’un début de série hésitant qui semble passer beaucoup trop de temps à chercher sa propre identité, The Mandalorian semble, au terme de cette troisième saison, s’être enfin (re)trouvée. Mieux, lorsque la direction annoncée par plusieurs séries consécutives semble plus claire et surtout plus rassurante pour une franchise qui semble avoir trouvé sur quoi bâtir un futur qui paraît désormais plus radieux. Et d’oser enfin instiller de l’humain, de l’incertain et miser sur une menace plus tangible que de s’échouer ad-nauseam dans les bras d’un glorieux passé qui se faisait plus mortifère que véritablement enthousiasmant et passionnant.
La troisième saison de The Mandalorian est disponible sur Disney+.
Avis
The Mandalorian semble enfin s'être retrouvée, s'alignant ainsi sur les belles réussites consécutives d'Andor et The Bad Batch. Offrant enfin une direction claire à la série et à toute une franchise qui semble enfin pouvoir proposer un avenir plus radieux qu'à l'époque de la postlogie, cette troisième saison ose enfin prendre le pouls d'une galaxie à l'équilibre fragile, portée par des humains, qui derrière le casque, osent enfin le collectif face à une menace bien plus opaque et passionnante que l'inépuisable et ronflant fan-service.