Après un pilote exceptionnel, qui plantait les bases de l’adaptation du roman de John Le Carré, la mini-série The Little Drummer Girl a continué son parcours sans aucune fausse note.
En plein conflit israélo-palestinien, le Mossad engage une actrice pour infiltrer un réseau terroriste qui cible les sites juifs au sein de l’Europe. Park Chan Wook réalise l’intégralité de The Little Drummer Girl, sho co-produit par AMC et la BBC en insufflant un réalisme bluffant à cette fiction hautement engagée et toujours d’actualité. Loin du manichéisme habituel du genre, la série d’espionnage domine son sujet et le montre avec brio, dans son fond comme dans sa forme.
The Little Drummer Girl, maestria visuelle !
En développant une imagerie très personnelle et originale, Park Chan Wook donne une vie inédite à The Little Drummer Girl. Plutôt que d’opter pour la vision sombre d’un monde en guerre, c’est en ancrant son récit dans une reconstitution parfaite des années 80 que le show parvient à se démarquer de ses semblables. De l’utilisation de lentilles anamorphiques et d’un grain important, on est plongés dans une image sublime, laquelle se tortille entre nostalgie sépia et modernité de la mise en scène. Avec l’utilisation de couleurs dominantes jusque dans la symétrie des plans, le montage alterné vient faire des miracles quand devant la caméra les acteurs donnent tout ce qu’ils ont pour crédibiliser leurs personnages torturés.
Secondée par une musique diégétique et intrusive, la caméra n’a d’yeux que pour Florence Pugh, dont la performance incroyable repose sur celle, impeccable, de Michael Shannon toujours aussi à l’aise dans l’interprétation de protagonistes originaux. En jouant astucieusement avec les multiples focalisations, on y suit l’endoctrinement des terroristes, lequel ne diffère que peu de celui des services de renseignements. Adieu les clichés et bonjour la finesse, la délectable impression que le monde reste pourri jusqu’à l’os, qu’il n’y a ni méchants, ni gentils, juste des victimes.
Bijou visuel qui n’a de cesse de montrer l’absurdité du conflit israélo-palestinien dans un playdoyer humaniste, The Little Drummer Girl était un roman d’espionnage incontournable, la série vient de le devenir.