Plus de 10 ans après la sortie de The Last of Us, HBO adapte le jeu vidéo culte en une série de 9 épisodes. Et si jusqu’ici les adaptations de jeu vidéo ont (mis à part exception) toutes offert leur lot de déceptions, les aventures de Joel et Ellie ne devraient pas prendre cette route. Un exploit qui se confirme dès le pilote disponible sur Amazon Prime !
Difficile de présenter The Last of Us, jeu vidéo du studio Naughty Dog, prenant place dans un univers post-apocalyptique 20 ans après la chute de la civilisation. La cause : un champignon mutant du nom de cordyceps, capable de pousser dans le cerveau de ses hôtes pour les transformer en super-zombies à divers stades d’évolution.
Nous avons d’ailleurs consacré de longs et jolis articles sur l’histoire de The Last of Us, mais aussi sur sa magnifique suite sortie sur Playstation 4 en 2020. Fort d’un succès d’estime, il n’est donc pas bien étonnant de voir débarquer une itération live-action de ce monument. Et si dernièrement une autre licence culte du studio a été transposée sur grand écran dans un écrin blockbusteresque (Uncharted), le résultat était navrant, ne parvenant pas à recapturer la substantifique moelle du matériau originel.
The Last of Us a d’ailleurs failli passer par la case cinéma en 2015, avec Sam Raimi à la barre et Maisie Williams (Game of Thrones) en Ellie. Mais Neil Druckmann (créateur et producteur exécutif) a confié que le format série paraissait plus adapté. Un constat d’entrée de jeu prégnant dans ce pilote, qui s’impose aisément, et ce rien qu’en 1h30, comme l’adaptation live la plus fidèle d’un jeu vidéo à ce jour ! Un exploit que l’on doit donc à Druckmann (impliqué jusqu’à l’écriture du show) et du showrunneur Craig Mazin (Chernobyl), qui met en scène ce pilote.
Pandémie de champis
Cet épisode 1 de The Last of Us saura aisément contenter les néophytes tout comme les aficionados de l’œuvre. Si les grandes lignes du récit restent similaires, la série a la bonne idée de prendre à bras le corps le principe d’adaptation, en séparant le grain (les séquences narratives d’origine) de l’ivraie (les phases de gameplay). Bien entendu, la crainte initiale était toujours là, à savoir l’utilité discutable de transposer un jeu vidéo déjà cinématographique.
The Last of Us version HBO parvient donc admirablement son numéro d’équilibriste entre fidélité extrême (avec quelques tirades/scénettes confondantes jusque dans les vêtements/décors ou bien divers easter eggs issus des jeux comme le film Curtis & Viper 2) et extension de l’univers. Cela se traduit donc par des ajouts et autres modifications non-dénuées de sens : nouveaux personnages, nouvelles parenthèses narratives, nouveaux évènements…
C’est d’autant plus marquant dès le premier tiers, où finalement on suit Sarah Miller (Nico Parker, la fille de Thandie Newton, fait un job admirable) évoluer le jour de l’Outbreak Day (le 26 septembre, soit la date de la fin du monde). Alors que cette dernière tente de réparer la montre de son père, on la voit évoluer dans son quotidien, à l’école et chez les voisins. Des scènes anodines au premier abord mais qui permettent de s’attacher au personnage (avant LA scène qui est pour le coup identique) et de faire grimper la tension crescendo de manière insidieuse.
Le post-apo se refait une santé
Une introduction efficace sur un plateau TV des 60’s, un plan de voitures de police filant à toute berzingue, des avions de chasse dans les airs, une grand-mère grabataire perdant son humanité en arrière-fond… des ajouts contribuant à bâtir un univers palpable et crédible, tandis que l’on perd l’immersion vidéoludique (mis à part une impressionnante séquence en voiture sous haute tension où la subjectivité de la caméra épouse le regard de gamer et celui de Sarah) ! Pas de quoi faire la fine bouche, même si il est vrai, tout n’est pas parfait dans ce pilote !
La série a de l’ambition, et cela se voit par la multitude de décors et de moyens (d’autant que chaque épisode nous fera changer de lieux/contextes et parfois de saison) proposés. On évite malheureusement pas quelques plans larges aux CGI un peu douteux, et des plans serrés trahissant le tournage en studio. L’ambiance est là, saupoudrée du beau score de Gustavo Santaolalla, mais l’aspect viscéral global n’est peut-être pas encore totalement retranscrit (le pilote n’est jamais aussi fort que lorsqu’il ramène les moments iconiques de 2013).
Si le boulot de mise en scène est carré (un effort aurait pu être fait sur la photographie par instants) et la fabrication plus que convenable, l’autre grand ajout qualitatif vient du casting. Pedro Pascal (The Mandalorian) convainc immédiatement en Joel, tant dans l’émotion contenue du héros que dans la violence qui l’anime ou bien le tempérament brisé du personnage. Une stature qui amène automatiquement l’adhésion !
Anna Torv (Mindhunter) enfile les baskets de Tess comme des chaussons, et accentue un peu plus le lien romantico-buddy qui l’unit à Joel. Merle Dandrige (Sons of Anarchy) incarnait déjà Marlene dans le jeu vidéo, et parait encore plus investie et intense dans chaque scène où on la voit. Et si Sarah et Ellie (jouée par Bella Ramsey) diffèrent aisément du physique de leurs avatars vidéoludiques, chacune parvient en quelques secondes à épouser toutes les caractéristiques de leurs personnages (la douceur joviale de l’une, et le sarcasme brut de l’autre) tout en proposant leur propre sensibilité personnalisée.
The Last of Us : When you’re Lost in the Dark…find the Light !
Au final, « When You’re Lostin the Darkness » parvient haut la main son pari risqué, avec de menues scories qui ne pèsent pas bien lourd dans la balance. Druckmann et Mazin ont réussi une superbe transposition de The Last of Us, pour un très bon résultat qui ne peut que convaincre les vieux de la vieille comme les newbies avides de découvrir cette future grande histoire d’amour,de mort et mycoses cannibales ! Plus qu’à voir la suite de manière hebdomadaire !
The Last of Us est disponible tous les lundis sur Amazon Prime
avis
Avec ce pilote, The Last of Us réussit admirablement son passage vers le petit écran. HBO a mis les moyens pour proposer une adaptation de qualité, ultra-fidèle, tout en bâtissant avec soin l'extension de son univers. Mise en scène solide, production design de qualité (malgré quelques caches-misères), acting au top : un beau road trip nous attend !