Après 9 épisodes, l’adaptation du jeu vidéo culte The Last of Us est déjà intronisée comme une réussite majeure en terme de transposition en live-action. Il est donc temps de faire le bilan de cette saison 1 produite par HBO !
Inutile de rentrer encore une fois dans le détail de ce qui caractérise The Last of Us, véritable œuvre vidéoludique culte de 2013 (jouable sur Playstation et PC) du studio Naughty Dog (Uncharted). Pour simple rappel : nous sommes en 2023 (2033 dans le jeu vidéo), 20 ans après une effroyable pandémie qui a ravagé notre monde !
La cause : le cordyceps, un champignon qui infecte son hôte jusqu’au cerveau pour en prendre le contrôle, et le transformer en créature cannibale dénuée d’humanité. Nous suivons donc Joel Miller (Pedro Pascal), un contrebandier taciturne ayant tout perdu lors de l’Outbreak Day, et Ellie Williams (Bella Ramsay), une ado rebelle de 14 ans dont l’immunité apparente face au champignon fait d’elle le dernier espoir de la possibilité d’un vaccin.
Ensemble, ce duo que tout oppose va traverser les États-Unis : de la zone de quarantaine de Boston jusqu’à Salt Lake City, en passant par Kansas City ou encore les territoires enneigés du Wyoming. Entre individus hostiles, hordes d’infectés et rencontres funestes, The Last of Us dresse avant tout le récit d’une relation « père-fille » entre les deux protagonistes : un regain de lumière dans un monde désormais apparenté à un sombre tunnel sans issue !
The Last of Us illustré
Dans ses grandes lignes, The Last of Us version HBO est évidemment une belle réussite, parvenant un beau travail synthétique et de transposition de la trame du jeu vidéo vers le petit écran. Nous en parlions dans le très bon pilote de la saison, qui parvenait non-seulement à capter le feeling, les passages cultes et les nuances d’atmosphère voulus, tout en bâtissant plusieurs pistes dignes d’être explorées changement de médium oblige.
Cela se traduisait par une exploitation plus poussée du personnage introductif de Sarah (avec une super Nico Parker), mais également par une utilisation pertinente de flash-backs dans les épisodes 2 et 3. Des ajouts qui portent la marque du showrunner Craig Mazin (Chernobyl), et qui puisent dans les peurs catastrophistes de notre imaginaire collectif. The Last of Us version HBO ira d’ailleurs encore plus loin avec ce fameux épisode 3 (le meilleur de la série), capable d’opérer un pas de côté sur la quasi-entiéreté de sa durée pour proposer une romance sur plusieurs années encapsulant absolument toutes les problématiques de The Last of Us.
Bref, des ajouts et autres modifications signifiantes (tant en terme de caractérisation/destin de personnages via les très bons Anna Torv ou Nick Offerman, que d’exploitation d’univers) sans réellement dénaturer le matériau-source (on a d’ailleurs rarement vu aussi beaux maquillages à la TV). Malheureusement, ce parfait équilibre ne sera pas tenu tout du long, dont le double-épisode central de la saison en concentre la problématique !
Road-trip qui ralentit au milieu du guet
En effet, on regrettera qu’à mi-parcours la série décide de s’attarder sur une adaptation stricto sensu, ou d’opérer quelques changements tendant à amoindrir la dangerosité sans concession de l’univers. Bien entendu, difficile de créer de l’action ou des altercations à chaque épisode, mais il faut constater que le ton et l’ambiance extrêmement hostile du jeu vidéo semble grandement diminuée, voir édulcorée à certains moments (bref, on est pas chez Les Fils de l’Homme).
On pensera notamment à la manière de dépeindre les révolutionnaires à Kansas City : la volonté de les approfondir et de ne pas en faire de bêtes vilains est évidemment à louer (avec un discours pertinent sur le fait que chaque acte de violence puise son origine dans l’amour ou les liens humains) pour proposer des nuances de gris, mais peine à créer de vrais personnages qui ne paraissent pas survolés (ou pire, complètement bazardés en fin d’épisode 5).
Une erreur qui à force de vouloir humaniser chaque opposant, peine à retranscrire un monde devenu sans foi ni loi, ainsi qu’un vrai degré de tension dans le monde de The Last of Us. De plus, il faudra noter que la menace du cordyceps se veut aisément évacuée arrivée à la mi-saison, alors que Druckmann et Mazin préfèrent ne plus mettre d’infectés pour se concentrer sur le duo principal. Un revers qui heureusement porte ses fruits !
The Last of Us : une histoire d’amour
Le cœur de The Last of Us reste Joel et Ellie, et sur ce point l’adaptation réussit parfaitement son coup. Pedro Pascal incarne toute la férocité du personnage, mais arrive également à lui amener un aspect faillible et fatigué (notamment dans une très belle scène de dialogue lors de l’arrivée à Jackson). La star reste cependant Bella Ramsey, proposant une incarnation d’Ellie plus intense, renvoyant facilement à ce qui nous attendra dans l’adaptation en 2 saisons de The Last of Us Part II. Bref, la paire porte tout le show avec respect, tout en portant leur rôle avec singularité.
La singularité ne sera pas toujours de mise lors de la seconde partie de cette saison 1 (allant jusqu’à adapter parfois plan par plan des scènes, phrase par phrase à la virgule près), à l’image d’un épisode final là encore fait avec soin, mais dont le retrait par la narration gameplay offre parfois une certaine dissonance (le climax étant bouclé en une dizaine de minutes, tout en se demandant que deviennent bon nombre de potentiels opposants). On retiendra cependant une séquence impliquant Ashley Johnson (la Ellie originelle), à la symbolique touchante !
L’un des soubresauts proviendra cependant de l’épisode 8 réalisé par Ali Abbasi (Les Nuits de Mashhad), qui non content de proposer une mise en scène plus brute de décoffrage (et ainsi mieux épouser la violence sourde de The Last of Us), parvient à développer de manière satisfaisante une communauté opposante à laquelle Joel et Ellie seront confrontés.
Une adaptation qui saura séduire les néophytes comme les fans
En conclusion, cette saison 1 n’est pas une adaptation parfaite du fameux jeu vidéo, la faute à une intensité, une ambiance et une violence diluée (qui font presque passer ce road trip pour une ballade de santé en comparaison), ainsi qu’une philosophie d’apports narratifs assez rapidement évacuée. Cependant, ce serait dommage d’évacuer la grande réussite de la série, réalisée avec soin et un respect global du cœur de The Last of Us. Si toutes les adaptations pouvaient être de ce calibre (en terme de production design, acting, musique et trame narrative), on applaudirait à deux mains : une bonne saison 1 donc, en attendant la suite hautement plus intense (et donc difficilement adaptable) !
The Last of Us Saison 1 est disponible sur Prime Video
avis
Cette saison 1 de The Last of Us saura séduire les néophytes mais également charmer les fans de la première heure. On regrettera un degré d'intensité plus édulcoré ou quelques passages plus survolés, mais qu'importe, HBO amène une bonne adaptation faite avec soin et respect. Vivement la suite donc !