Après une saison 1 aussi pertinente qu’assumée, TNT revient nous proposer la suite de The Alienist avec une saison 2 sous-titrée très justement, Angel of Darkness. Du bonheur, si on peut dire.
Le génial trio formé par la détective Sara Howard, l’alieniste Laszlo Kreizler et le journaliste John Moore tente cette fois d’élucider le meurtre de nouveaux nés. Pendant que Perry Mason devient avocat en cherchant un tueur d’enfant chez HBO, on fait la même chose chez TNT, mais à la fin du XIXe siècle avec cette deuxième saison de The Alienist qui démarre sur les chapeaux de roues. Un programme alléchant pour les amateurs de thrillers glauques et d’une noirceur peu commune, bienvenue dans la psyché des Mindhunters !
Toujours adapté des romans de Caleb Carr, ces nouveaux épisodes s’inspirent eux aussi de son second livre, également intitulé The Angel of Darkness. Un développement littéral de ses personnages qui évoluent en même temps que la deuxième Révolution industrielle change à jamais le paysage américain, avec le taylorisme et l’arrivée de nouvelles énergies ou de nouvelles médecines comme l’hypnose, climax narratif de ces premiers épisodes.
American Crime Story
Si l’intrigue générale de The Alienist continue de suivre l’Histoire, au milieu de noms évocateurs comme Theodore Roosevelt ou l’activiste Elizabeth Cady Stanton, c’est surtout la crise de Cuba, en prémisse de la guerre hispano-américaine de 1898 qui plane ici. Une menace inéluctable, résultante d’assassinats de cubains, qui surplombe une affaire de tueur en série classique mais drôlement pertinente. Non seulement on suit les pénibles progrès des détectives, écrasés entre les us et coutumes d’une société bourgeoise omniprésente et la présence d’une police corrompue, mais cette enquête sordide permet, dans ces premiers épisodes, de rebondir sur de nombreuses revendications.
L’écriture de Stuart Carolan met ainsi la géniale Dakota Fanning au cœur de l’intrigue, alors que l’émancipation et le droit de vote des femmes est en pleine effervescence. Au milieu d’un fil narratif dont le climax se trouve assurément dans une maternité scandaleusement rétrograde et misogyne, le scénario décide de mettre plein cadre un personnage féminin fort, qui n’a rien à envier à ses collègues masculins, comme le timide journaliste joué par Luke Evans ou l’exceptionnel psychiatre handicapé interprété par Daniel Brühl.
Un trio iconoclaste, loin des stéréotypes de ce type de policier, magnifié par une reconstitution exemplaire de New York en 1897. Car loin d’évoluer dans un décor délimité aux deux ruelles de Warrior ou de Peaky Blinders, la caméra de David Caffrey virevolte et alterne plan de ville serré, décors de studio et des plans larges où les CGI nous offrent un joli rendu de la fin du XIXe siècle. Un environnement délectable, crotteux et violent, où la misère sociale devient le théâtre parfait de meurtres abjects, perpétrés par de traumatisés bourgeois. Bienvenu dans The Alienist.