Splinter Cell Deathwatch s’affirme comme le retour tant attendu de Sam Fisher, cette fois-ci dans une série d’animation franco-américaine pour Netflix. Une œuvre canonique autant qu’une franche réussite !
On en parlait déjà au Festival d’Annecy : Splinter Cell Deathwatch était une de nos plus grosses attentes séries de l’année 2025 ! Et pour cause, la franchise culte d’Ubisoft (Assassin’s Creed, Far Cry, Prince of Persia..) connaît un véritable hiatus depuis 2013 (et l’épisode sous-estimé Blacklist) ! Splinter Cell est en effet une saga vidéoludique d’infiltration, dans un univers réaliste librement inspiré des écrits de Tom Clancy.
6 jeux où on incarne Sam Fisher, agent d’Echelon 3 (une division ultra-secrète de la NSA prenant leurs directives directement auprès du Président), pour diverses missions à travers le globe ! Et tandis que le retour de la franchise sur consoles attend un passage vers le reboot-remake pur et simple, Splinter Cell Deathwatch s’articule comme une vraie entrée canonique au sein de la saga.
Le retour de Sam Fisher
Série d’animation commandée par Ubisoft et écrite par Derek Kolstad (John Wick, Nobody), Deathwatch se déroule donc plusieurs années après le dernier opus JV, alors qu’un Sam proche de la soixantaine profite d’une retraite dans une ferme polonaise. Et si on est dans un show d’animation, les français derrière la fabrication globale de la série ont tenu à faire une œuvre mature et réaliste digne de l’esprit de la licence.

Splinter Cell Deathwatch se déroule donc de nos jours, débutant par une séquence introductive représentant un pur bonbon pour tout fan : un agent Splinter affublé des fameuses lunettes de visions nocturnes s’infiltre dans un bâtiment à Vilnius en Lithuanie. Cette bâtisse est un QG de mercenaires allemands tenant en otage un agent de la CIA.
Et après quelques éliminations silencieuses, avancées dans l’ombre puis tabassages en règle de malandrins à coups de tonfa. Et rien qu’en quelques instants, Splinter Cell Deathwatch amène son premier twist : l’agent en question n’est pas ce bon vieux Sam, mais Zinnia McKenna (doublée par Kirby Howell-Baptiste), un personnage inédit également protagoniste du show.
Nouvel agent Splinter
L’épisode parvient en un temps record à nous la rendre extrêmement badass, mais également vulnérable : découvrant avec horreur que l’agent recherché est décédé après avoir été torturé, Zinnia rentre dans un rage folle (teintée de tristesse…on se doute qu’il y a un passif émotionnel dans le lot!)! La résultante est une déferlante de violence et la mort de tous les malfrats présents sur place !

Splinter Cell Deathwatch se mue alors en véritable course-poursuite pour la moitié de sa durée (la Saison 1 comporte 8 épisodes soit 3h de visionnage total), tandis que Zinnia est blessée. Via les instructions d’Anna « Grim » Grímsdóttir (l’officier tactique d’Echelon 4 est également de retour), elle se retrouve donc chez un Sam Fisher ayant troqué l’action pour le calme rural. Interprété par Liev Schreiber (Ray Donovan), ce dernier arbore un look de bûcheron barbu plutôt éloigné de ce qu’on connaissait du personnage.
Ayant pour seul compagnon son chien et ses souvenirs (un court-flashback montre Sam en 1991 avec Daniel Shetland et une jeune Sarah Fisher de 5 ans), le bougre doit donc reprendre du service alors que la voiture de Zinnia se crashe à son domicile. Le cadre hivernal est somptueux, le vent gronde, et l’épisode se conclue par une séquence d’assaut de la ferme (on pense pas mal à Sicario) avec comme réel boogeyman un Sam Fisher trucidant chaque assaillant par arme blanche.
Influences digérées
Et si nous savions déjà que les réalisateurs Guillaume Dousse (studio Sun Creature) et Félicien Colmet-Daâge (studio Fost) affichaient de réelles ambitions de thriller néo-noir avec une foultitude d’influences (de A History of Violence au Bureau des Légendes en passant par Heat), force est de constater que le résultat parvient à réellement délivrer sur ce point lors des 4-5 premiers épisodes.

Splinter Cell Deathwatch s’articule ainsi comme un pur thriller d’espionnage néo-noir à travers la Pologne et l’Allemagne, alors que les 2 protagonistes apprenant à se connaître tout en devant fuir une horde de mercenaires au motif trouble. Les réalisateurs parviennent d’ailleurs à proposer divers moments de bravoure saisissants, à l’image de cette gigantesque séquence du jeu du chat et de la souris sur la place de l’élise de Gdansk : jouant habilement des divers niveaux du lieu, des changements de focale et des divers points de vue de personnages sans nous perdre, on a réellement l’impression d’être dans du Splinter Cell !
L’animation : le medium ultime ?
C’est une des prouesses de la série : la recherche de vraisemblance et de réalisme riment avec une viscéralité parfaitement retranscrite à l’écran. Que ce soit une séquence de torture, du close combat à base de krav-maga en passant par de pures respirations atmosphériques pour faire exister les personnages dans leur environnement (une préparation de repas par exemple), l’animation va de concert avec une écriture donnant de l’épaisseur et une réelle authenticité à l’ensemble des enjeux de Splinter Cell Deathwatch. La mise en scène évite tout mouvement de caméra ample, préférant une approche sèche via l’usage de la longue focale. Seul le somptueux générique onirique (sorte de représentation métaphorique d’un mausolée pour toutes les âmes tuées par Sam Fisher) trahit ces vélléités !

Un des exemples les plus éloquents est présent dès le premier épisode de Splinter Cell Deathwatch, via une séquence de combat où Zinnia massacre plusieurs hommes de main en hors champ : le plan orchestre un lent traveling en avant vers la TV allumée, tandis que des gerbes de sang viennent peu à peu tacher l’écran
Dernier mouvement plus blockbusteresque
Le home-run pourrait intégral, si cette Saison 1 avait assumé tout du long son parti-pris de thriller d’espionnage à fleur de peau. Passé l’épisode 5, la série bifurque de tonalité pour assembler une équipe dans le pure veine d’un Splinter Cell Blacklist, et donc avec des enjeux tout aussi Hollywoodiens (et délaissant le côté plus personnel). 2025 oblige, exit les conflits au Moyen-Orient : Koldstad a la bonne idée d’actualiser la moelle épinière du récit en y greffant une lutte intestine impliquant les enfants de Shetland (les fans de Chaos Theory seront ainsi comblés !), espionnage industriel et combat écologique (la Cop31 est ouvertement exploitée).
Une simplification de l’écriture donc, jusque dans un climax prenant se concluant sur un cliffhanger. Pour autant, difficile de ne pas être séduit par ce revival de Sam Fisher, alors que Splinter Cell Deathwatch affiche une fabrication et une réalisation hors pair ! Et si cette Saison 1 se termine en semi-suspension, on espère d’emblée revoir rapidement le plus grand des espions du monde du jeu vidéo !
Splinter Cell Deathwatch est disponible sur Netflix le 14 octobre 2025
avis
Splinter Cell Deathwatch s'impose comme un retour hautement réussi pour l'agent Sam Fisher, dans un thriller néo-noir à l'animation impeccable, digérant avec une efficacité redoutable ses influences de polar d'espionnage. La dernière ligne droite de cette Saison 1 s'avère nettement plus classique néanmoins, mais pas de quoi entacher ce qui est à nouveau une très bonne adaptation de jeu vidéo estampillée Netflix !

