Les Trois Mousquetaires – Milady clôt avec une impression tenace d’immense gâchis cette nouvelle adaptation brouillonne et définitivement ratée.
Les Trois Mousquetaires – Milady arrive donc seulement quelques mois après Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan, qui nous avait franchement déçus. Ainsi, si le public fut tout de même au rendez-vous (près de 3,4 millions d’entrées, tout de même), actant au passage officiellement le projet étendu d’adaptation d’Alexandre Dumas au cinéma par le duo Mathieu Delaporte et Alexandre De La Patellière avec Le Comte de Monte-Cristo, déjà prévu pour l’année prochaine avec Pierre Niney en tête d’affiche, tout laissait cependant augurer du meilleur pour un premier opus faiblard qui semblait garder le meilleur pour sa suite. Rejoignant l’idée du roman feuilletonesque de l’époque, Les Trois Mousquetaires – Milady pouvait ainsi clore cette nouvelle adaptation avec plus de réussite, en s’intéressant à l’un des personnages les plus troubles et fascinants du roman éponyme.
On reprend donc les mêmes, là où l’on les avait laissés, avec une promesse d’approfondissement de la Milady d’Eva Green, qui s’était jusque-là cantonnée à son indécrottable personnage de femme fatale, sans ne pouvoir cependant y apporter la moindre nuance. C’est d’ailleurs ce qu’on aurait pu attendre de la part de tous les personnages présentés dans le premier opus, restant pour la majeure partie d’entre eux au stade de la simple apparition ou évocation, afin de faire simplement et plutôt bêtement avancer un récit qui ne s’envolait jamais vraiment. Mais voilà, tous les défauts du premier opus explosent dans ce Les Trois Mousquetaires – Milady, qui ferait presque paraître son prédécesseur comme une belle réussite à côté de ce ratage (presque) total.
Molle-lady
Les Trois Mousquetaires – Milady débute par un rappel assez lourdingue de tous les rebondissements du premier opus, et au cas où les images ne suffiraient pas, des cartons explicatifs s’enchaînent pour nous replacer dans le contexte politique confus de l’intrigue. Et rapidement, la même impression de tentative échouée paraît à nos yeux, ici plus franchement : les scènes d’affrontements s’avèrent toujours aussi illisibles, et les intrigues foisonnantes du roman se trouvent inexplicablement jetés à la face du spectateur, dans un défilé incessant de rebondissements brouillon, perdant ainsi rapidement ses spectateurs, tout comme ses personnages. Les meilleurs d’entre eux se trouvent une fois de plus sacrifiés, de la Reine campée par la formidable Vicky Krieps à son mari de Roi porté par un Louis Garrel en perpétuel second-degré, ils illustrent à merveille le gâchis que s’avère être sur tous les points le film de Martin Bourboulon.
Ce n’est cependant rien à côté du sort réservé à Aramis et Porthos, passant de simples évocations à d’inutiles bouffons collés à une médiocre intrigue de sœur enceinte, enchaînant les gags lourdingues au milieu d’un récit sans réelle ligne claire. Parce que si le manque d’aisance de Martin Bourboulon et du duo de scénaristes Mathieu Delaporte et Alexandre De La Patellière dans Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan relevait déjà de l’évidence, ce second opus fait plus que le confirmer, le trio se contentant d’aligner les intrigues dans des allers-retours scénaristiques indigestes, trahissant la fluidité du roman original pour le transfigurer en un spectacle qui transpire le cafouillis expédié à la va-vite, au grand mépris d’absolument tout ce qui fait des Trois Mousquetaires une œuvre aussi épique sur tous les points, de l’action à la politique.
De cape et décès
Milady, tout comme D’Artagnan dans l’opus précédant, ne servent ainsi que de maigres guides malléables à souhait pour tenter de raccrocher au mieux une intrigue qui se dissout rapidement dans le brouillard. Déplacés à merci ça et là sans aucune cohérence dans les nombreux décors du récit, on se demande ainsi sans cesse quelles sont leurs réelles motivations devant tant de bêtise scénaristique, d’incohérences, d’invraisemblances et de choix toujours aussi hasardeux d’adaptation. Parce que semblant aussi épuisés que leurs personnages, leur scénario et leur mise en scène, le trio Bourboulon, Delaporte et De La Patellière ne semblent jamais conscients du naufrage dans lequel ils se sont embarqués, gardant bien des intrigues sous le coude pour une éventuelle et plus que dispensable suite, avant celle, dans une année déjà, du Comte de Monte-Cristo que l’on attend donc désormais avec plus d’une crainte.
Parce qu’après avoir coupé à la truelle, sans fougue, ni passion, ni aucune volonté claire d’appropriation l’œuvre d’Alexandre Dumas, l’on peut maintenant s’assurer que Les Trois Mousquetaires – Milady est un immense gâchis. Gâchis d’argent, de talents, et surtout de temps, pour tous ceux qui souhaiteraient endurer les deux opus d’affilée en salles pour mieux apprécier cette suite : il n’en sera rien qu’un film de cape et d’épées jamais sûr de lui, à la ligne aussi brouillonne et peu sûre d’elle que son metteur en scène et de ses scénaristes, tranchant uniquement, et cette fois bien dans le vif, toute la richesse de l’œuvre dont il est adapté, tout comme sa pléiade de talents ici tous définitivement sacrifiés.
Les Trois Mousquetaires – Milady sort le 13 décembre 2023.
Avis
Dans Les Trois Mousquetaires - Milady, il ne reste quasiment rien de la fougue de l'œuvre d'Alexandre Dumas, tout comme de l'avalanche de talents de sa pléiade d'acteurs qu'un spectacle aussi brouillon qu'instantanément déceptif.