Le Marvel bimestriel a débarqué sur nos écrans la semaine dernière. Réalisé par la fraîchement oscarisé Chloe Zhao, les Éternels s’annonçait comme un renouveau pour le studio. Un pari en bonne partie réussi !
Un groupe de héros, les Éternels, ont été envoyés sur Terre à l’aube de l’humanité par les entités cosmiques les Célestes pour éradiquer des créatures nommés Les Déviants. Lorsque celles-ci réapparaissent 7000 ans plus tard, les super-héros vont devoir de nouveau se réunir pour les vaincre…
Serait-ce un vent de renouveau qui souffle sur l’univers Marvel ? On a bien l’impression ! Après deux séries très étonnantes par leurs ambitions artistiques (WandaVision et Loki), un Shang-Chi perfectible mais dépaysant, Les Éternels continue d’enfoncer le clou de l’originalité pour cette nouvelle ère Marvel qui s’annonce passionnante !
En effet, là où nous étions habitués à des blockbusters plus ou moins formatés (Black Widow en était la synthèse et peut-être la conclusion ?) le studio multimilliardaire se lance depuis peu de temps dans des propositions fortes ! Preuve en est, le choix de Chloé Zhao pour la mise en scène de ces héros divins dont l’autrice arrive à insuffler son style ! Habituée à filmer des grandes étendues en lumière naturelle (au soleil couchant de préférence), elle propose de nouveaux décors jamais vu au sein de l’univers et du genre, qu’elle filme avec une caméra flottante sur steadycam, proche d’un The Revenant. En résulte un blockbuster au visuel marqué et magnifié qui saura marquer les esprits.
Une nature mise en avant, à contrario des sempiternelles décors urbains, tout à fait en raccord avec l’aspect déifié de ses héros. Car si le blockbuster marque tant les esprits, ce n’est pas seulement pour sa réalisation mais bien pour ses protagonistes. Elle et les scénaristes (Patrick Burleigh, Ryan & Kaz Firpo) ont fait l’exploit de réussir en un film ce que le studio avait fait en 5 durant la phase 1 avec deux fois moins de personnages, c’est-à-dire en faire exister et en rendre attachant une dizaine ! Tout d’abord, félicitation à la directrice de casting Sarah Finn qui a réalisé un sans faute, avec des acteurs au physique marqué, varié et au charisme palpable. De plus, chacun de ces personnages ont leur propre personnalité, leur propre enjeu, leur propre relation et évolution au sein d’un récit qui donne la priorité à leur développement.
Marvel Beyond the star
Un choix narratif qui pourra décontenancer le simple mangeur de popcorn en attente d’action non stop (preuve en est les retours très mitigés de l’autre côté de l’atlantique). En effet, sa durée de 2h37, deuxième marvel le plus long après Avengers : Endgame, n’est pas utilisé pour des explosions à tout va mais bien pour la mise en avant des dilemmes. Le moteur du récit, contrairement à ce que laisse penser le synopsis, ne repose pas sur de multiples péripéties et le combat manichéen entre un vilain et des héros, mais bien sur un conflit moral interne.
L’histoire adopte même un -petit, ça reste du Marvel- aspect métaphysique avec une envergure des plus cosmiques et en prenant le temps de revenir aux origines des civilisations, retraçant l’histoire de l’humanité aux détours de flashbacks malins. Après un Shang-Chi qui usait aussi d’une narration entrecoupée d’aller-retour, la machine marvelesque semble enfin s’émanciper de sa linéarité narrative. Petite astuce maline utilisée pour un twist des plus surprenant !
Mais que les fans du MCU ne prennent pas peur, nous retrouvons tout de même au sein du film certaines habitudes de l’univers, avec un humour toujours présent faisant plutôt mouche et un vrai sens du spectacle. Les enjeux font la part belle au gigantisme lors du climax tandis que la réalisation de l’action s’avère rafraîchissante au travers -encore une fois- des paysages naturels variés et de plans d’ensemble énergiques et épiques. Une hybridation entre habitude et vraie ambition artistique qui est peut-être justement la fragilité du film quant à sa réception : un blockbuster trop exigeant pour le spectateur venu se vider le crâne et un métrage portant trop de stigmates mainstream pour le cinéphile averti. Un entre-deux qui nous convient tout à fait !
Les Éternels s’affirme donc comme un renouveau pour le MCU, avec une réalisation plus léchée qu’à leur habitude, avec de vraies prises de décision artistique et un scénario faisant la part belle aux dilemmes des personnages, campés par un casting inclusif absolument parfait. Un blockbuster qui pourra déstabiliser les plus passifs et ne pas tout à fait convaincre les plus fines bouches mais qui reste une vraie proposition de divertissement alliant avec malice le style de son autrice et la formule Marvel.