La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie étend la recette d’une franchise fatiguée en France, où même le silence d’un monastère ne pourra étouffer sa nullité.
La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie est, à l’heure où nous vous écrivons ces lignes, déjà un immense succès au box-office mondial. Neuvième projet dérivé de ce que l’on peut nommer le Conjuring-Verse, le premier opus en fut ainsi le plus gros succès, entraînant, à l’instar d’Annabelle et à l’opposé de La Malédiction de la Dame Blanche, une où plusieurs suites qui s’avèrent être des opérations financières plus que bénéfiques. Et comme à l’époque dorée du Marvel Cinematic Universe et du DCEU (s’il y en a eu une ?), l’univers Conjuring ainsi que le producteur Jason Blum s’incarnent aujourd’hui comme les maîtres du genre, déployant à eux deux leur mainmise sur le regain de popularité d’un genre bel et bien remis au goût jour. S’enchaînera donc, quelques semaines après la sortie auréolée de succès de La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie, L’Exorciste : Dévotion, juste après que le cinquième opus d’Insidious ait plus qu’honorablement rempli les caisses.
Si l’on compare le dernier projet hérité de Conjuring ainsi que ceux de Jason Blum, et l’époque bénie des productions super-héroïques, aujourd’hui presque déjà tombée en désuétude, c’est pour mettre en avant un modèle à la fois économique et scénaristique gagnant sur tous les tableaux, se passant volontiers des critiques et délaissant tout côté artistique ou auteuriste pour s’inscrire en haut des projets les plus rentables chaque année de leurs sorties respectives. Parce que les films Conjuring ne sont plus des projets cinématographiques à proprement parler, mais de simples attractions horrifiques, se contentant juste de changer d’antagoniste et de décor pour reproduire une formule gagnante à tous les coups. Et à ce petit jeu, La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie s’en avère être à la fois la meilleure et la pire incarnation.
Train-train fantôme
La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie reprend ainsi les mêmes personnages et la même formule que le précédent opus. On prend cependant soin de changer de décor, du moins sur le papier, à savoir le sud de la France, que l’on inonde de toute façon de la même noirceur donnant à n’importe quel spectateur l’impression d’avoir la cataracte, tant ils s’avèrent peu visibles, et ce n’est pas, de toute façon ce qui intéresse Michael Chaves (fidèle de l’écurie James Wan, s’étant déjà occupé de La Malédiction de la dame blanche et de Conjuring : Sous l’emprise du Diable) et sa horde de scénaristes, Ian Goldberg, Richard Naing et Akela Cooper. Parce que ce second opus pourrait se passer à peu près partout dans le monde, où devant n’importe quel fond vert, et pourrait s’enticher de n’importe quelle autre malédiction.
Le scénario, le décor, les acteurs, ce n’est jamais ce qui compte finalement, dans La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie, confirmant ainsi son rôle d’attraction plus que de celui de véritable projet cinématographique. Tout cela ne sert finalement que de prétexte pour mettre en place une machinerie provoquant des réactions purement scientifiques, à savoir les jump-scares. De simples petits gadgets, ces derniers sont ainsi devenus peu à peu les véritables raisons d’exister de chaque projet du Conjuring-Verse, inondant aussi les productions estampillées Jason Blum. Insidious – The Red Door ne racontait ainsi strictement rien d’autre qu’une bête redite du premier opus, ne se réfugiant que dans ses multiples et fatigants jump-scares, pour La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie, le constat est identique, mais va encore plus loin dans l’épure et la fascinante nullité.
Nonne-cinéma
Parce que La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie n’est plus qu’une enfilade de jump-scares où plus rien ne compte et n’existe autour de ces derniers. Scénario invraisemblable, personnages accessoires ne servant que de simples réceptacles dénués de la moindre personnalité, rien n’existe plus dans cette suite que sa vocation à empiler des moments de sursauts, et tout s’avère axé sur ces derniers, jusqu’à complètement annihiler tout ce qu’il peut y avoir autour. On trouve ainsi dans l’un d’eux, étiré au maximum dans un empilement de journaux faisant peu à peu apparaître le visage de la Sœur Valak, tout ce que le film de Michael Chaves sait proposer. Il n’y aura ainsi rien de plus après qu’un évanouissement, une mort, et un récit qui reprendra mollement jusqu’au prochain.
Exit donc les influences de maîtres du genre comme John Carpenter, le regretté William Friedkin où le grand Alfred Hitchcock. Plus de contexte politique, plus de trouvailles de mise en scène, on ne travaille plus qu’un climat angoissant sur une poignée de secondes, réduites à une réaction purement physique, et puis on passe à autre chose : une définition du néant cinématographique, tout simplement fascinante de nullité et d’esbrouffe même plus dissimulée, malgré la présence du grand Macro Beltrami à la composition, auteur des plus belles notes de la filmographie de Guillermo Del Toro. À l’heure où beaucoup de spectateurs semblent y trouver leur compte, et semblent même définir ce type de projet comme un vrai film d’horreur, il serait important, d’y marquer une véritable distinction : non La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie ce n’est définitivement pas du cinéma, ce n’est qu’une arnaque, qui n’a de terrifiant que sa vacuité.
La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie est actuellement en salles.
Avis
La Nonne - La Malédiction de Sainte-Lucie n'est qu'une attraction dont la volonté cinématographique reste purement fantomatique et ne paraît que comme une vulgaire enfilade de jump-scares dénués de la moindre autre substance, ne paraissant finalement comme rien d'autre qu'une pure arnaque éreintante de nullité.