Haute couture est un polar immersif qui se déroule dans un hôtel particulier du 16ème arrondissement parisien.
Haute couture nous ouvre les portes de l’Hôtel Kergoralay Langsdorff, situé à quelques pas de la Tour Eiffel, pour une expérience des plus inédites.
En effet, à travers les étages et les différentes pièces de ce lieu unique et charmant – témoin de l’architecture de la Belle Époque – huit comédien(ne)s donnent vie à un polar plus vrai que nature ! Décès dans des circonstances inquiétantes, sombre histoire d’héritage, vieilles rivalités, fantômes du passé, fausses pistes et histoires d’amour sont au rendez-vous. Un moment de théâtre original et dépaysant qui nous plonge au cœur même non pas d’une mais de multiples intrigues.
Une expérience hors du commun
Haute couture n’est pas notre première expérience de théâtre immersif. En effet, nous avions déjà eu l’occasion de nous frotter à ce genre avec la pièce Smoke Rings, actuellement au Théâtre Michel. Mais si, dans cette dernière, l’immersion se faisait autour d’un thème principal, sans histoire ni intrigue, ici c’est au beau milieu d’un polar des années 50 que nous mettons littéralement les pieds !
Et le concept est vraiment génial. Difficile de faire plus immersif ! Ainsi, notre cape d’invisibilité sur le dos, plongé dans l’ambiance, dans l’époque et dans l’histoire, on prend beaucoup de plaisir à pouvoir déambuler au milieu des personnages, ressentir au plus près leur énergie, observer les différentes scènes sous l’angle de notre choix, ou encore mener l’enquête à notre manière.
Et il faut dire que le jeu brillant des comédiens nous y aide grandement. Car tous sont parfaitement absorbés par les rôles qu’ils interprètent superbement, sans jamais céder à la tentation d’un regard à l’attention du public pourtant si présent, si proche, si envahissant presque ! On retiendra particulièrement le duo maudit interprété par Stéphanette Martelet et Eric Wolfer. Tous deux sont en effet aussi charismatiques que troublants dans les rôles de la bourgeoise à la santé mentale fragile et du truand reconverti qui lui porte un attachement qui le dépasse.
Un véritable défi d’écriture !
Le travail d’écriture de Jean-Patrick Gauthier & Frédéric Texier est impressionnant. C’est clairement la première chose que nous nous sommes dits à l’issue de la pièce. Car on imagine fort bien la complexité de l’enjeu principal qui est de permettre à chaque spectateur de comprendre le déroulement de l’histoire et de pouvoir raccrocher les wagons. Et ce, quel que soit son parcours à travers les différents espaces de jeu. Un vrai défi, relevé avec talent.
Alors bien sûr – et c’est ce qui est un peu frustrant – à moins d’avoir le don d’ubiquité, on manque forcément des choses et l’on passe potentiellement à côté de certaines intrigues. Si vous y allez à plusieurs, le plus malin est donc de ne pas suivre le même parcours pour pouvoir mêler vos expériences. Car deux à trois scènes peuvent se dérouler en même temps dans des espaces différents… Espaces dans lesquels il n’est d’ailleurs pas toujours possible d’aller et venir quand on le souhaite.
En effet, la règle principale de cette immersion est de ne jamais toucher aux portes. Aussi, si l’une d’elles se ferme avant que nous n’ayez pu entrer dans une pièce, ce qui se déroulera de l’autre côté vous restera inaccessible jusqu’à ce que celle-ci s’ouvre à nouveau. Les comédiens laissent néanmoins toujours le temps qu’il faut pour les déplacements du public, et les suggèrent même parfois, très subtilement, par des gestes ou des paroles.
Une pièce à voir et à revoir !
Pour autant, il est vrai que l’enquête passe finalement un peu au second plan. Car on sent tout de même qu’il nous manque des éléments pour que celle-ci soit suffisamment riche et complexe pour nous donner envie de nous changer en Sherlock Holmes. De fait, c’est surtout tout le reste qui capte le plus notre attention, et on se contente d’apprécier ce spectacle hors du commun.
Pour celles et ceux qui se sentiraient toutefois un peu frustrés de n’avoir pas pu profiter de l’intégralité de l’histoire, il est toujours possible d’assister à une autre représentation, et de découvrir ainsi d’autres scènes. On passe quoi qu’il en soit un excellent moment durant cette heure et demie que l’on ne voit pas défiler. Rien n’est laissé au hasard, et on salue l’immense travail de cette équipe dont l’engagement et le talent transparaissent d’un bout à l’autre de la pièce.
Haute couture, de Jean-Patrick Gauthier & Frédéric Texier, mise en scène de Jean-Patrick Gauthier, avec Benoît Hamon, Stéphanette Martelet, Charlie Petit, Boris Ravaine, Nathalie Remy, Julien Roullé-Neuville, Marion Jadot & Eric Wolfer, se joue du 16 au 31 décembre 2022, puis à partir du 6 janvier 2023, à l’Hôtel Kergorlay Langsdorff, à Paris.
Avis
Entre ombres et lumières, ce polar théâtral en trois dimensions fait se rencontrer deux mondes. Celui, menaçant, des truands et celui de la haute couture, tout en luxe et élégance. Décors, costumes et ambiance sonore contribuent également à une ambiance des plus cinématographiques et à une expérience mémorable.