Après un gros carton en 2021, les 2 monstres les plus célèbres de l’Histoire du cinéma reviennent en team-up dans Godzilla x Kong. Sur le papier : un gros défouloir d’aventure explosive. Le résultat : le pire kaiju eiga de l’Histoire du cinéma !
Le MonsterVerse de Legendary a déjà 10 ans. En effet, ce Godzilla x Kong est le 5e film mettant en scène les fameux Titans hérités de la Toho (dont on a eu un beau représentant récemment avec Godzilla Minus One) et du fameux King Kong. Pourtant, si les choses démarraient relativement honnêtement (avec des défauts certes) avec l’opus de Gareth Edwards ou bien un Kong Skull Island parfois fun et inspiré, les films suivants ont embrassé tous les travers du genre dès Godzilla II.
Godzilla x Kong : 2e Round
En 2021, Adam Wingard (You’re Next, Death Note le film) a néanmoins remis un coup d’accélérateur au box-office avec le succès de Godzilla vs Kong. Un film au scénario bordélique/prétexte pour voir les deux Titans se mettre sur la tronche, couronné d’un climax gonzo face à Mechagodzilla. Des personnages humais bazardés n’importe comment, mais où une certaine tenue technique était de mise.
Aujourd’hui c’est au tour de Godzilla x Kong de débarquer sur les écrans, et autant dire que la douloureuse est de mise dès la séquence d’introduction. Plusieurs années après le précédent opus, Kong vit dans la Terre Creuse seul, en quête des anciens Singes Géants de son espèce. Quand à Godzilla, il erre sur Terre en massacrant tout Titan belliqueux remontant à la surface.
C’est alors que Monarch capte un signal émanant des confins de la Terre Creuse, attirant Kong par la même occasion vers une contrée ancestrale occupée par un Roi Singe prêt à conquérir le monde de la surface. L’occasion donc d’offrir des combats gargantuesques où destruction massive et grosses mandales vont se conjuguer pour l’avenir du monde.
Plantage titanesque
Enfin ça c’est sur le papier, car il ne faudra pas bien longtemps pour comprendre que Godzilla x Kong se plante littéralement dans chacune de ses composantes. Bien entendu, le script relève du post-it le plus simple, tout étant prétexte pour mettre en avant les Titans, jusque dans le traitement pochette surprise des personnages humains (malgré le sympathique casting de Rebecca Hall, Brian Tyree Henry et Dan Stevens en ingénieur-docteur en chemise à fleur).
Ainsi, l’écriture se révèlera complètement famélique, jusque dans l’exploration de la relation mère-fille unissant le Dr Andrews à Jia (cette dernière n’étant fatalement qu’un immense plot device pour la relier au peuple iwi, lui-même fonction). « Pas grave, on vient voir du spectacle » me direz-vous, et vous avez bien raison.
Mais même en acceptant que Godzilla x Kong soit écrit par (et pour) des enfants de 4 ans, impossible de pardonner l’absence totale de mise en scène, d’idées visuelles ou de tenue technique de ce blockbuster aussi laid que la nouvelle coupe de cheveux de Rebecca Hall !
Renoncement au spectaculaire et au merveilleux
Pourtant d’entrée de jeu l’univers du film amène un décorum Vernien référencé (Voyage au Centre de la Terre), alors que les personnages évoluent dans une contrée préhistoriques emplie de créatures. Mais Wingard ne fera strictement rien de son univers, se contentant de faire évoluer ces personnages humains sans arme dans une jungle artificielle à la production design à peine digne d’une série TV. Le plus bel exemple étant ce territoire iwi absolument sans vie, gouverné par des pyramides de quartz aux CGI approximatifs.
Ce qui nous mène à l’autre vraie tare, à savoir que la fabrication technique de Godzilla x Kong relève du crachat : un plan sur deux accuse d’un flou scénographique et d’un manque total de perspective, tout en étant incapable de donner le caractère massif inhérent aux monstres présents. Exit toute dimension démesurée, Kong et Godzilla sont filmés comme de vulgaires personnages 3D à hauteur d’homme,sans aucune physicalité.
Franchise dévitalisée
Il y a bien une ou deux mini-tentatives de jouer sur les échelles, comme le climax à Rio ou une séquences près des pyramides. Même là, les fights n’ont aucun poids ni tension dramatique, faisant disparaître tout dommage collatéral possible ou vision sur les humains. Et à l’image d’un Baby Kong ou d’un Godzilla rose utilisé comme monture de Kong, on se rend rapidement compte que tout ceci n’est qu’une entreprise mise en place par des exécutifs plus soucieux de vendre des jouets, quitte à pervertir les icônes qu’ils traitent.
Au rayon des (très maigres) réjouissances, Godzilla x Kong touche parfois du doigt quelques plaisirs régressifs dignes d’un dessin animé des 80’s (impression renforcée par les sonorités synthwave de Junkie XL), comme Kong armé d’un bras bionique face à un Roi Singe utilisant un rachis en tant que fouet. Le film use même à un moment d’une idée créative excitante lorsque les Titans s’affrontent dans un espace en 0 gravité.
Mais à l’image du reste, tout est survolé sans réellement lâcher les potards, pour un résultat aussi fade que lisse. Et sans compter les grosses incohérences globales (les déplacements éclairs des personnages lorsqu’il faut aller d’un point A à B sans danger), ce Godzilla x Kong s’impose non seulement comme le pire kaiju eiga vu depuis des lustres, mais également comme un des pires blockbusters de ces dernières années. Navrant !
Godzilla x Kong – le Nouvel Empire sortira au cinéma le 3 Avril 2024
avis
Godzilla x Kong est une négation du cinéma spectaculaire, s'imposant non seulement comme un des blockbusters les plus fades de mémoire récente, autant qu'un des pires kaiju eiga de l'Histoire du cinéma. Un opus à la fabrication technique indigente et à la mise en scène lisse, annihilant toute dimension iconique des Monstres qu'il traite, désormais réduits au statut de jouets désincarnés. Un glaviot tout simplement.