Expendables 4, derrière son côté volontiers plus bourrin, ne cache en réalité qu’un film d’action insipide, se révélant au final n’être qu’une escroquerie bien peu inspirée.
Expendables 4 a bien failli ne jamais voir le jour. Près de dix années après l’accueil plutôt réservé de la critique et du public envers le troisième opus (ayant à sa sortie réalisé le pire score de la franchise au box-office américain et mondial) , la production de ce quatrième épisode, débutée en 2014 s’est avérée aussi mouvementée qu’une émission de télé-réalité, avec les annonces contradictoires de Sylvester Stallone sur sa participation au projet, d’un changement de réalisateur, passant de Patrick Hugues à Scott Waughn et du non-retour d’Arnold Schwarzenegger, ayant déclaré en avoir officiellement fini avec la franchise. Enrichi de nouvelles têtes, à savoir le trio Megan Fox, 50 Cent et Tony Jaa, cet Expendables 4 a même le luxe de se payer le charismatique Iko Uwais en antagoniste, ce qui ne s’est hélas pas avéré suffisant pour garantir au film d’être un succès aussi retentissant que les deux premiers opus.
Parce qu’à l’heure où nous vous écrivons ces lignes et où ce quatrième opus vient juste de débarquer dans nos salles, Expendables 4 marque déjà un exploit en s’avérant déjà être le pire score de toute la franchise au box-office américain, s’y révélant même comme un flop retentissant, et étant déjà sacrifié vers les plateformes de streaming par Lionsgate. Connaissant un sort similaire au récent Dernier Voyage du Demeter, on ne vous encouragera donc pas, à l’instar de ce dernier, à aller soutenir en salles cette belle escroquerie, qui sous ses atours de retour aux origines plus bourrin et plus frontal, ne s’avère finalement être qu’un film d’action insipide et ennuyeux, uniquement taillé pour le personnage de Jason Statham dans l’espoir de lui dédier un film tout entier, qui n’est pas près, à notre humble avis, de voir le jour.
Bourrien dans le slip
Expendables 4, mis à part ses nouvelles têtes, se contente donc de reprendre ce qui a fait l’essence et le succès du premier opus chapeauté par un Sylvester Stallone surinvesti. Celui, donc, de revenir à ce qui a fait la gloire de ces stars d’antan, en recréant le temps d’un film, et depuis d’une franchise, une promesse minérale de spectacle d’action aussi décérébré que généreux, et d’hommage enamouré à toutes ces gueules de cinéma injustement rangées au placard et abonnées aux DTV foireux pour arrondir leurs fins de mois. Mais voilà, personne n’a l’air d’avoir mis la même énergie et le même investissement que Sylvester Stallone avait opéré sur son Expendables : Unité spéciale, même l’acteur, aux abonnés absent, qui se voit ici purement et simplement mis à l’écart, rappelant le sort cruel et injuste qui lui avait été réservé sur Creed III, sauf qu’ici on n’oserait donner tort à personne, tant même ce dernier semble conscient du petit naufrage dans lequel il s’est à demi engagé.
D’Expendables, il ne reste ici plus rien que l’appellation d’un film d’action et du titre, puisque l’équipe en elle-même se voit réduite à peau de chagrin, que ce soit pour l’ancienne ou la nouvelle garde, tous uniquement réduits à des punchlines du pauvre et à des rebondissements eux aussi, décidemment, dignes d’une mauvaise télé-réalité. Parce que Scott Waughn est finalement, et sans surprise, le même piètre metteur en scène que celui de l’adaptation ratée de Need for Speed, et que toute l’attention du scénario de Kurt Wimmer se voit uniquement portée sur le personnage de Christmas, porté par Jason Statham, qui confirme ici après Fast & Furious X, Opération Fortune : Ruse de guerre et En Eaux Très Troubles une année cinématographique plutôt catastrophique. Ainsi malgré des mises à morts plus frontales et des dialogues trempées dans la sueur de testicules, Expendables 4 n’a finalement rien a proposer.
En mâles d’action
Parce que malgré le charisme de son nouvel antagoniste, l’action s’avère elle aussi réduite au minimum syndical, s’enfermant dans son dernier tiers sur un bateau, en ne sachant ni se servir du décor, ni de son casting surtestostéroné pour tenter de dynamiser quoi que ce soit. Conscient de son naufrage, Scott Waughn filme donc les multiples mises à morts et autres explosions perpétuées par Jason Statham, et le spectateur se voit brillamment incarné par ce qui reste des Expendables, condamnés à errer dans ce navire de fortune, à la recherche de leur utilité. On pourra ainsi profiter, une fois de plus, de la finesse certaine des dialogues, et d’une évasion permise grâce à l’urine de Randy Couture, dont la présence aura finalement (un peu) servi à quelque chose. Parce que cet Expendables 4 n’est rien qu’une longue heure et quarante minutes d’une démonstration d’égo d’un seul et même acteur offrant au titre du projet de sérieux airs d’escroquerie.
Où sont ces gueules du cinéma d’action ne formant qu’un entre jeunes et anciennes générations pour aller contribuer ensemble à la baisse du chiffre de la population mondiale ? Où sont les affrontements explosifs, les longs corps à corps ensanglantés contre des antagonistes pourris jusqu’à la moelle ? Il n’est finalement rien dans cet Expendables 4 qu’un aveu d’échec et qu’une belle escroquerie tirant un peu trop sur un personnage qui n’en avait pas besoin de tant, et qui jamais n’aura autant à raconter que les lignes des rides sur les visages de ses plus anciens collègues, ici rangés au placard alors qu’ils étaient encore là pour se battre, et que nous étions venus pour les voir faire. Jamais les précédents épisodes n’auront essayé d’inventer quelque chose qu’un hommage enamouré, ici complètement vendu à la solde d’une franchise qui s’est rêvée plus grosse qu’elle ne l’était vraiment.
Expendables 4 est actuellement en salles.
Avis
Expendables 4 fait l'erreur fatale de délaisser son équipe de gueules surtestostéronées pour se concentrer sur un seul et même fade personnage, qui n'en demandait finalement pas tant. Il en résulte un résultat à l'inverse de celui promis, qui à part ses quelques punchlines trempées dans la sueur de testicule s'avère aussi maigre en action qu'en résultat. Une escroquerie.