Nouveau Pixar sortant dans un étonnant anonymat, Elio se révèle être une touchante odyssée spatiale à hauteur d’enfant. L’émotion est au -rendez-vous, malgré un univers créatif plus timoré !
L’après Covid semble pour compliqué pour Pixar ! En effet, Elio arrive après un changement de trajectoire chez le studio, alternant dorénavant entre suites de leurs franchises à succès (Les Indestructibles, Toy Story, Coco, Vice-Versa…) et projets originaux (En avant, Soul, Luca ..). Malheureusement, si les grosses IPs fonctionnent toujours très bien au box-office (à l’exception de Buzz l’Éclair), c’est désormais plus compliqué pour les histoires inédites.
Malgré que Élémentaire ait pu tranquillement renflouer les caisses sur une longue durée estivale en 2023, Disney et Pixar s’évertuent à ne pas proposer de campagne marketing adéquate pour une création originale. Une dimension à prendre en compte, au même titre qu’une production ayant changé de réalisateur en cours de route : après le très bon Alerte Rouge, Domee Shi est venue apporter son gros coup de main à Madeline Sharafian et Adrian Molina.

Pour autant, Elio débute sous les meilleurs hospices, présentant avec une efficacité rare (dont Pixar a toujours le secret) une dynamique familiale complexe. Le héros éponyme Elio Solis est un enfant solitaire et renfermé sur lui-même depuis le décès accidentel de ses parents dans un accident. Vivant désormais avec sa tante Olga (une analyste militaire travaillant pour l’Air Force, et doublée en VO par Zoe Saldaña), il rêve néanmoins de quitter la Terre pour rejoindre des galaxies inconnues.
Loin des yeux, loin du cœur
Passionné d’astronomie, Elio va par inadvertance lancer un message d’appel sur le lieu de travail de sa mère afin d’opérer un premier contact. Un message qui va être capté par un gigantesque vaisseau appelé le Communivers : une conglomération d’extra-terrestres désireux d’échanger avec de nouvelles espèces ! Se faisant passer pour le leader de la planète Terre, Elio se retrouve donc à des années-lumières de sa maison, engagé à négocier avec une race alien belliqueuse menaçant la paix galactique.
Un postulat de base qui séduit immédiatement et typique de Pixar, capable à la fois de conjuguer relations familiales complexes, récit d’émancipation, passage vers l’âge adulte et univers fictionnel débridé. Et Elio a évidemment tout cela, porté par une narration constamment ludique à la fois investie des traumas du personnage, et une pure fascination enfantine pour l’inconnu.

Une plongée prenante, mais néanmoins entachée d’un problème sans nul doute consubstantiel à la gestation complexe d’Elio : la direction artistique du film se révèle trop commune pour être pleinement incarnée. On a connu Pixar beaucoup plus engageant dans ses designs, capables de synthétiser à l’écran des idées complexes, originales et in fine universelles.
Univers visuel somptueux mais peu singulier
Le Communivers est donc une création plutôt fun avec son épure sphérique et ses surfaces translucides. Mais le tout reste finalement commun dans son imagerie, jusque dans ses divers personnages extra-terrestres aux allures amphibiens ou gélatineux. Heureusement, Elio essaime dans ses plans une variété globale d’espèces, mais rien qui ne dénote suffisamment pour zapper le sentiment global d’uniformisation.
De plus, cette hyperstructure sphérique chatoyante à l’œil ne sera pas réellement exploité dans l’usage de ses coursives, alors que le personnage va plutôt s’embarquer dans le vaisseau des Hylurgiens (des grosses larves tradigrades dont la culture belliqueuse les oblige à s’équiper d’exosquelettes passée l’adolescence). Rien de profondément singulier là encore (d’autant que l’essentiel du récit ensuite se passe sur Terre), mais c’est à cet instant qu’Elio communique réellement sa profession de foi au spectateur !

Alors qu’il devient ami avec Glordon (le fils Hylurgien du général antagoniste), le jeune Elio créée un lien d’amitié qui porte l’ensemble du récit. Prenant comme inspirations E.T. l’extra-terrestre et Rencontres du Troisième Type, les réalisateurs de Pixar usent de cet imaginaire de SF pour mieux traiter le parcours personnel du personnage. Même avec un acolyte improbable, le jeune Elio peut faire sa catharsis avec Glordon à travers les problématiques communes partagées par les 2 adolescents : recherche de validation de l’autorité parentale, envie de trouver sa propre voie… bref l’adolescence est au centre du récit et traitée avec authenticité !
Elio, ou l’émotion à nouveau au rendez-vous
Enfin, difficile de ne pas parler de l’animation globale : tout y est absolument somptueux d’un point de vue visuel, en particulier dans des effets de lumière sidérants de réalisme. En terme de mise en scène pure, Elio est à nouveau sans fausses notes jusqu’à son climax incarné. On sent l’apport de Domee Shi pour toujours centrer les enjeux en regard du relationnel et de l’introspectif ! En témoigne la manière dont le film ne fait jamais d’Olga la mère de substitution laissée sur le côté, mais en fait le troisième pivot d’un arc émotionnel global qui fonctionne parfaitement dans son final Spielbergien. En résumé, Elio est un vrai bon Pixar, mais qui méritait un univers plus travaillé !
Elio est sorti au cinéma le 18 juin 2025
avis
Malgré une direction artistique peu singulière compilant tout un imaginaire de SF déjà vu, Elio se révèle une étonnante surprise de Pixar, toujours autant capable de conjuguer universalité et récit personnel au service de l'émotion.