Doctor Strange brise les écrans de cinéma pour revenir dans cette suite très attendue. A sa barre, le grand Sam Raimi revient dans l’univers des super-héros 15 ans après son Spider-Man 3. Entre magie et cauchemars, nous pouvons dire que le tour est joué !
Dès ses prémices, le projet avait tout pour être le gros tournant et envoûter le public d’une attente incommensurable de par sa promesse d’explorer le multiverse et de donner le La du futur du MCU. De plus, vendu comme étant le premier film d’horreur Marvel, la suite de Doctor Strange avait de quoi attiser bon nombre de curiosité, d’autant plus avec l’arrivée du réalisateur culte Sam Raimi. Mais connaissant la propension du studio à brider ses cinéastes, l’inquiétude était de mise…
Le retour de Raimi !
Mais que les spectateurs cinéphiles se rassurent, nous sommes bel et bien devant un film de Sam Raimi (bien plus que Oz à son époque) et c’est là la principale qualité de ce nouvel opus. Le réalisateur d’Evil Dead insuffle toute sa magie dans la mise en scène à coup de plans débullés, de cadres déformés, de vues subjectives, de surimpressions etc… Et Marvel Studio n’avait pas menti : Doctor Strange in the multiverse of madness EST leur premier film aux touches horrifiques et pour lequel le choix du réalisateur se justifie parfaitement. Sans évidemment atteindre le gore et le jusqu’au-boutisme d’un Jusqu’en enfer, le cinéaste distille tout au long de son film jumpscares, visions macabres, effets dégoûtants et violence appuyée. Nous le déconseillons aux enfants de moins de 10 ans.
En ce sens, la phase 4, après Shang-Chi et les Éternels, continue de faire des films où le style de leurs réalisateurs a plus de place. Une potentielle déception pour les habitués du MCU puisque même avec ce film, aucun véritable fil conducteur ne semble se dessiner pour la suite. Au contraire des attentes, Multiverse of Madness ne semble pas avoir d’impact sur l’avenir, il ne signe aucun gros tournant majeur au sein de l’univers. Par ailleurs, le scénario surprend à avoir des enjeux plus réduits qu’à l’accoutumé : ici il n’est pas question de la survie de la planète ou bien du multivers comme on aurait pu le penser, mais seulement celle de la nouvelle héroïne America Chavez, poursuivie par un ennemi mystérieux envieux de son pouvoir transdimensionnel et qui sera défendue par le Docteur. Une déception donc en termes d’ampleur mais qui permet d’avoir un récit plus intimiste.
De l’intimisme qui fait la part belle au personnage de Wanda, véritable révélation de ce film ! Si sa série Wandavision avait déjà pu nous prouver toute la complexité et l’intérêt de l’héroïne, ici elle surclasse le tout avec un développement et un charisme qui en fait le membre le plus intéressant de toute la saga. Le tout soutenu par une Elizabeth Olsen parfaite, dont on entendra encore beaucoup parler à l’avenir. A tel point que Doctor Strange, malgré lui aussi un parcours de personnage intéressant, se fait quelque peu voler la vedette par la Sorcière Rouge. Il est aussi bon de noter que contrairement aux rumeurs, ce métrage esquive la surenchère de caméos et que même la présence des Illuminati, au premier abord un peu forcée, est complètement désamorcée pour remettre sur le devant de la scène la dangerosité de l’antagoniste dont nous continueront de taire le nom pour les retardataires.
Les fans de No Way Home et les pro-nostalgiques seront donc peut-être déçus. Et le plus gros défaut du film vient peut-être de là : Multiverse of Madness n’est pas un film qui tient ce que semblaient être ses promesses. Hormis une séquence psychédélique teasée dans la bande annonce, le concept multivers n’est pas tant exploité (pour les plus frustrés, nous rappelons qu’il l’est bien plus dans la série Loki) et se contente de deux mondes différents, pas si madness que cela. Problème de marketing ou véritable occasion manquée ? Toujours est-il qu’un film se juge à l’aune de ce qu’il est et non de ce que sa promotion laissait paraître.
De ce postulat, Doctor Strange 2 est un film qui tient tout à fait la route, avec de véritables propositions créatives propres au style de son réalisateur, qui a su s’approprier un épisode d’une saga balisée pour proposer quelque chose de neuf. Pour nous, la véritable frustration pourrait découler de la narration qui enchaîne les péripéties à vitesse grand V et empêche Sam Raimi de pleinement imposer une atmosphère dans son film, notamment dans ses scènes aux références horrifiques. Le métrage aurait mérité une durée plus longue. Et le fan d’horreur en nous aurait voulu voir une œuvre totalement débridée mais il ne faut pas perdre de vue que cela reste un blockbuster tout public comme l’étaient les Spider-Man en leur temps. Et comme à son époque, Raimi transforme l’essai super-héroïque avec brio.
Avis
Doctor Strange 2 est un retour en force de Sam Raimi et une vraie proposition différente de la part de Marvel Studios. Sans non plus être un film parfait, notamment par sa narration trop rapide et son manque d'ampleur, il est plus qu'appréciable que ce blockbuster trouve sa personnalité, propre à son réalisateur.