Sortie l’année dernière sur Netflix, Chambers constitue une belle surprise pour les fans de science-fiction. Suite à une crise cardiaque, Sasha bénéficie in extremis d’une greffe de cœur. En guise de convalescence, la jeune fille se fait progressivement envahir par des visions de sa donneuse, Becky… Une base solide qui laisse le champ libre aux scénarios les plus fous ! Un casting impeccable, des images superbes, une histoire riche en subtilités et un rythme haletant, de quoi satisfaire un large public.
Le thème de la possession reste un classique du genre horrifique. De L’exorcisme, de William Friedkin, à L’exorcisme de Tamara, de Guillermo Amoedo, il fait partie des incontournables pour les fans du genre. Traité ici sous l’angle de la science-fiction, il semble retrouver une nouvelle jeunesse. Plus de chambre sombre où une jeune fille, attachée à son lit, hurle et convulse de douleur quand le démon refuse de quitter son âme.
On assiste plutôt à la lente invasion intérieure du personnage principal par celle qui lui a donné son cœur. Un processus qui s’opère lentement mais sûrement, jusqu’à la quasi-disparition de l’héroïne. Pendant 10 épisodes, cette série dessine tranquillement, au travers de superbes images, une chute digne des chefs d’oeuvre d’Ari Aster !
Chambers, un pied après l’autre dans la folie
Cette saison se révèle aussi particulièrement marquante de par son scénario. En effet, chaque épisode semble constituer un pas de plus vers la folie et éloigner le spectateur de la conclusion de l’histoire. Alternant séquences oniriques et scènes d’action réelles, le rythme permet à la fois de plonger tout entier dans l’univers magique des visions de Sasha et de rester captivé par ses découvertes successives.
La mère de Becky sombre chaque jour un peu plus dans le désespoir, qui lui génère carrément une grossesse nerveuse. Son mari se dévoue corps et âme à cette étrange société/secte dont toute la ville semble faire partie… Quant au frère de la défunte, il n’inspire pas davantage de confiance, toujours à la limite de replonger dans la drogue. L’instabilité et la fragilité des personnages principaux renforcent ce sentiment que tout ne tient qu’à un fil.
Une mise en scène entre ombre et lumière
L’esthétique des plans représente aussi un élément remarquable de cette série. Les décors et les costumes extrêmement étudiés consolident l’identité de chaque protagoniste. Becky, la jeune lycéenne populaire, évolue dans une chambre rose à paillettes, d’un grand lit surmonté d’un léger rideau et d’une immense garde-robe assortie dans des tons pastel. Sasha, issue d’un milieu plus modeste, porte les vêtements démodés de sa mère et soigne particulièrement sa manucure.
Les visions de Sasha flottent toujours dans une brume rose ou rouge assez sombre, éclairées soudainement par de vives lumières. D’ailleurs, ces tes teintes de rose, violet, vert, pour illustrer l’univers de jeunes filles, ne sont pas sans rappeler les magnifiques images de Knives and Skin, sorti la même année.
Portée par un excellent casting comprenant notamment une bouleversante Uma Thurman, Chambers séduira les aficionados de science-fiction. Son subtil mélange de magie noire et d’images multicolores, son scénario intriguant et son rythme soutenu en font un très bon divertissement !