Pixar revient en salle avec Buzz l’Éclair ! Spin-off centré sur le célèbre Ranger de l’Espace issu de la franchise Toy Story. Pourtant, ce métrage réalisé par Angus MacLane (Burn-E) se démarque grandement du coffre à jouets d’Andy en voulant proposer une aventure de science-fiction censée revisiter le personnage à ses débuts !
« Buzz l’Éclair à Star Command ! ». Presque 30 ans plus tard, impossible de ne pas savoir qui est la fameuse figurine de cosmonaute doublée par Richard Darbois en VF et Tim Allen en VO. Et si le personnage de la saga Toy Story est évidemment culte, la franchise aura relativement souvent mis Woody légèrement plus en avant (notamment ans le 4e opus). Néanmoins, Buzz reste toujours l’autre figure de proue de la franchise et un des plus grands personnages créés par Pixar (voire même de l’animation américaine tout court).
Lightyear Origins
Le bougre aura même eu droit à son propre film en DTV et série TV au début des années 2000, en plaçant le personnage fictif ayant inspiré le jouet (petit côté méta-contextuel) dans un contexte de science-fiction. Et c’est avec cette approche que le réalisateur Angus MacLane (co-réalisateur du Monde de Dory et derrière le court-métrage Burne-E) réalise ce film Buzz l’Éclair (Lightyear en VO) ! Un pari à priori gagnant (c’est le premier Pixar depuis En avant à sortir en salle, alors que Soul, Luca et Alerte Rouge n’y ont pas eu droit), pour un spin-off qui se révèle moins évident à cerner qu’il n’y paraît.
Buzz l’Eclair débute donc en l’an 3092, alors qu’un vaisseau mené par le jeune Buzz et la commandante Alisha Hawthorne explore la planète T’Kani Prime à la recherche d’une forme de vie. Découvrant que la faune insectoïde et même la végétation étaient hostiles, ils décident de fuir en catastrophe. Malheureusement, suite à une manœuvre périlleuse de la part de notre héros et la perte du cristal permettant le voyage interstellaire, tout l’équipage reste coincé sur cette planète. Désireux de rattrapper son erreur, le héros de Star Command se porte lui-même volontaire pour tester et améliorer le combustible permettant le saut en hyperespace.
Cependant, après un saut de 4 minutes, il découvre que 4 ans se sont écoulés. Peu enclin à abandonner, le héros va multiplier les essais, jusqu’à un bond de 82 ans dans le futur. C’est alors qu’il découvrira qu’un mystérieux vaisseau de robots-alien a attaqué la colonie. Buzz devra donc faire équipe avec trois nouvelles recrues sans grande formation, afin de terminer sa mission et vaincre le mystérieux Empereur Zurg.
Action-aventure space-iale
Buzz l’Éclair séduit immédiatement par son parti pris d’aventure embrassant totalement son registre science-fictionnel ! Ainsi, outre un aspect technique encore une fois irréprochable (avec des effets de lumière parfois photoréalistes), les 40 premières minutes du métrage se veulent diablement prenantes en plus de parfaitement poser le contexte, les personnages et les enjeux globaux du film. De plus, si on est fan de SF, c’est un pur régal de s’engouffrer dans cet univers mêlant références cinématographiques évidentes (Interstellar, Starship Troopers et même un peu de Top Gun Maverick) et concepts inhérents au genre (dilatation temporelle, vitesse supraluminique, robots tueurs…).
Si Chris Evans double désormais le perso (François Civil en VF), le tout passe comme une lettre à la poste, et se veut crédible en jeune itération préférant se la jouer solo et toujours focus sur son objectif. De plus, sa relation d’amitié avec Alisha propose sans aucun doute la meilleure séquence du film : un time-lapse alternant entre les essais réalisés par Buzz et le temps qui passe (là encore on peut citer Interstellar mais aussi le début de Là-Haut, toute proportion gardée), permettant l’irruption de l’émotion.
Mais arrivé à sa seconde partie, où Buzz rencontre Izzy (Keke Palmer en VO et Lyna Khoudri en VF), la petite-fille de Alisha, Darby Steel (ancienne détenue et experte en explosifs) et Mo Morrisson (un déserteur maladroit doublé par Taika Waititi/Tomer Sisley), le récit se veut beaucoup plus classique à tous les niveaux. Ainsi, outre un aspect plus léger lié à l’apposition de sidekicks low cost, l’enchainement des péripéties se veut balisé et beaucoup moins imaginatif que ce qu’on est en droit d’espérer.
La direction artistique, certes réussie, se renouvelle donc très peu, entre intérieurs Nasa-style, entrepôts sombres et plaine désertique alentour (même pas de quoi exploiter d’autres lieux plus créatifs). Le tout se suit sans déplaisir, avec des notes humoristiques efficaces, une réalisation et un rythme de bonne tenue, ainsi que le chat-ordinateur Sox : un animal de compagnie ayant une certaine fonction de deus ex machina mais immédiatement attachant et caustique comme tout bon acolyte. Au final, l’équipe parvient quand même à fonctionner et avoir un petit capital sympathie.
Buzz l’Éclair ou l’ambivalence de l’ambition
Il faudra ensuite attendre une plaisante révélation sur Zurg (contre-carrée par un caractère sous-exploité ensuite) pour relancer la machinerie via un climax prônant l’efficacité, mais posant là encore quelques questions sur la note d’intention globale. Pour tous les fans désireux de retrouver le personnage de Toy Story, il faudra passer son chemin, car mis à part quelques clins d’œil (la vision subjective dans le scaphandre, le journal de bord ou encore la catchphrase « vers l’infini et au-delà »), Buzz l’Eclair tente de se démarquer en étant autonome et une œuvre à part.
Un bon point, mais là encore contre-balancé par un scénario conventionnel s’éloignant très peu des clous (on est loin de Wall-E ou des grands classiques de Pixar). Même en regard des thématiques abordées, on reste sur un traitement sans grande singularité, mais le tout reste encore une fois tenu et cohérent. Ainsi, le surpassement de soi (très bon passage à la Gravity où Izzy doit faire fi de sa peur du vide intersidéral), le devoir de coopération, le regret ou encore la nécessité de ne pas regarder en arrière sont amenés sans forceps afin de mieux développer Buzz (ainsi que ses acolytes). Malgré un manque d’épaisseur initial, on tient donc un héros en pleine construction auquel il est facile de s’identifier !
Pas d’infini mais un petit Pixar pas déplaisant
Au final, Buzz l’Éclair est très loin du grand film Pixar ou du superbe spin-off espéré de part un scénario virant abruptement vers le classique, et des enjeux dilués au service d’un divertissement efficace à défaut d’être pleinement marquant ou singulier. Heureusement, Angus MacLane investit le métrage de son amour pour la SF et d’une réalisation des plus efficaces (à l’instar des Indestructibles, on trouve des sursauts de mise en scène hérité du cinéma d’action live), bien que sans grand éclat. Michael Giacchino fait encore du beau boulot à la musique par ailleurs, de quoi nous emmener vers les étoiles sans toutefois réellement les atteindre malgré le caractère plaisant de l’entreprise.
Buzz l’Éclair est sorti au cinéma le 22 juin 2022
avis
Buzz l’Éclair est un Pixar mineur à cause d'un scénario classique et d'un tiers central moins créatif qu'espéré. Heureusement, la maîtrise technique et artistique des magiciens de Pixar, l'excellent doublage, la réalisation globale, son contexte SF et une certaine humanité en font un visionnage loin d'être déplaisant.