Décidément, le cinéma français ne fait pas exception à la tendance du biopic. Avec Boléro, Anne Fontaine s’attaque à un monument de la musique et s’essaye à raconter la vie de son auteur, Maurice Ravel. On dit qu’il ne s’écoule jamais plus d’un quart d’heure sans que quelque part dans le monde, quelqu’un passe le boléro de Ravel.
On connaît tous l’air entêtant du boléro de Ravel, vous l’avez même sûrement en tête en lisant ces mots. C’est un incontournable de la culture populaire. Le boléro dure 17 minutes d’une rengaine lascive, presque érotique. Selon une étude commandée par Spotify, le morceau est la 3ème pièce musicale la plus écoutée pendant des rapports sexuels. Anne Fontaine, avec Boléro, prend donc pour sujet l’une des œuvres les plus célèbres de la musique.
Une œuvre aussi carrée que la vie de son compositeur
La vie de Maurice Ravel, si elle est moins connue que le boléro n’est pas dépeinte de la manière la plus entrainante dans le film. La première partie du biopic est extrêmement lente. L’intrigue met un temps fou à se poser, de plus, les scènes ne semblent qu’avoir peu de logique entre elles. Le début du film, c’est donc des épisodes de vie de Ravel. Mais un enchaînement de ces moments n’est pas suffisant pour réussir à en faire un long-métrage…
Boléro montre un aperçu assez plat de la vie du compositeur. Maurice Ravel n’était pas le figure la plus extravagante. Le boléro est d’ailleurs à son image. Quoi qu’on en dise, le morceau reste cloitré dans un même schéma sans jamais prendre le risque de s’essayer à quelque chose de nouveau. Cette droiture doit venir de quelque chose, et elle est sûrement issue de son auteur. Il est donc à se demander si la figure de Maurice Ravel était réellement celle qui méritait un biopic.
L’histoire ratée du titre le plus connu au monde
Cet ennui qui émane de Ravel, le film le dépeint parfaitement. Parce que justement, on s’ennuie. La chronologie n’a ni queue ni tête. Si c’est vrai que Ravel a mis des années avant de se mettre à composer le boléro, cette longueur n’a pas sa place dans le film. D’autant plus que les premières minutes du film s’ouvrent sur un générique qui laisse entendre plusieurs styles musicaux du boléro. Pourquoi pas, dirons-nous. Mais ce générique fait plutôt office de collage musical absolument pas pertinent. On s’attend à attaquer tout de suite l’histoire de ce titre, mais non, il faut attendre une bonne heure, et encore, pour qu’enfin on en parle. Et ça, ce n’est pas possible, surtout quand le titre du film est Boléro.
La mise en scène ne fait pas totalement honneur à cette histoire déjà bancale. Certains plans sont beaucoup trop tremblants, des axes de caméras posent question, et encore une fois les flash-back qui reviennent à plusieurs reprises sont mal exploités par la narration. Pour le reste, les costumes sont tout à fait réussis, les lumières sont travaillées pour donner une atmosphère feutrée lors des soirées de bal. C’est un point positif qu’il est important de noter.
Une caméra qui admire ses acteurs
En admettant que Ravel n’était pas la figure la plus entraînante, il faut avouer que Raphaël Personnaz lui donne un certain charme qui fait plaisir à voir. La réalisatrice sait définitivement comment bien le filmer puisqu’en effet, les scènes de concert sont magnifiquement réalisées. Personnaz incarne un Ravel dans la retenue. S’il est l’auteur de la musique la plus jouée dans le monde, Ravel n’a cessé de déprécier son titre toute sa vie. Dans le film, c’est peut-être ce point qui n’est pas assez soulevé. Le Ravel de Personnaz reste un peu trop en surface, et si on aimerait bien qu’il aille plus dans la profondeur de ses émotions, on se demande aussi si ce n’est pas simplement la réalité de Ravel.
Le casting qui l’entoure, est tout autant dans la retenue. Emmanuelle Devos n’affiche que très peu d’émotions – on arrive pas du tout à entrer dans son jeu – et elle a l’air elle-même ennuyée de ce qu’elle fait. Doria Tillier, enfin, garde toujours ce petit sourire en coin du début à la fin. Un sourire qui à la longue devient plutôt frustrant. Son personnage est à peine exploité, mais encore une fois, difficile de faire la part des choses entre fiction et réalité…
Boléro est peut-être un biopic qui n’aurait pas dû exister. Si la musique est célébrissime, son compositeur n’avait malheureusement pas la vie qui méritait une adaptation sur le grand écran.
Boléro est en salle depuis le 6 mars 2024.
Avis
Boléro est un film trop mou. On s’ennuie très vite face à un scénario qui ne parvient pas à insuffler de l’intérêt à ses spectateurs. Un film plat, lent… apparemment à l’image de la vie de Maurice Ravel.