Bodyguard vient de faire son entrée sur Netflix et on comprend pourquoi la plateforme SVOD a souhaité diffuser cette série, brutale et parfaitement réussie.
Diffusée sur la BBC depuis fin août dernier, Bodyguard ne compte que 6 épisodes durant lesquels un officier de sécurité rapprochée devra protéger la secrétaire d’Etat à l’Intérieur anglaise tout en s’extirpant d’un complot politique et terroriste. Une critique des institutions britanniques qui semble travailler les scénaristes anglo-saxons puisqu’à l’instar de Collateral, les thèmes de surveillance, d’attentats et de corruption plane sur cette réussite, visuelle et narrative.
Avec ses personnages féminins admirablement bien écrits, le show coupe à la misogynie inhérente du genre en plaçant toutes les cartes du pouvoir dans les mains de femmes fortes et indépendantes, policières, démineuses ou politiciennes. Sans sa Whitney Houston, le Kevin Costner de ce Bodyguard prend les traits de Richard Madden, tout juste sorti du Red Wedding de Game of Thrones, en vétéran traumatisé et usé, malgré son jeune âge. Un petit paradoxe inhibé par le jeu incroyable et impliqué du bonhomme qui s’offre une myriade d’émotions à explorer, pari tenu pour un résultat bluffant et haletant. Et lorsque l’instabilité psychologique du protagoniste s’associe à un complot national, les rebondissements prennent aux tripes.
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Si la forme de Bodyguard présente un thriller policier classique, avec son lot de ramifications corrompues et de trahisons, la série s’offre de beaux moments de bravoure. Notamment avec un sous texte qui propose une injonction contre l’avis conservateur d’un gouvernement agressif, les magouilles des services secrets, ou la peur du terrorisme omniprésent pour asséner le coup final, malgré quelques clichés racistes. Magnifiée par une caméra aguerrie, la série joue entre les plans suggestifs, la violence plein cadre et les écrans informatiques. C’est beau, c’est bien et ça marche parfaitement.
Sans jamais perdre son rythme, Bodyguard est un condensé pur d’action plausible, démultipliée par une tension de tous les instants, palpable et terriblement oppressante.