Ballerina entend étendre l’univers de John Wick ! Ce spin-off porté par Ana de Armas se révèle être une sympathique surprise, malgré des ponts thématiques un peu trop évidents.
Avant d’aborder Ballerina, petite remise en contexte : John Wick fait office de nouveau maître-étalon dans le cinéma d’action Hollywoodien. Franchise débutée en 2014 et portée par l’inénarrable Keanu Reeves, celle-ci s’est en apparence conclue avec la réussite flamboyante qu’était le 4e opus. Et alors qu’un 5e opus serait en chantier, ou que la saga nous a aussi abreuvé d’un honnête (mais oubliable) spin-off en série TV (The Continental), Ballerina s’apparente à la réelle nouvelle incursion dans cet univers d’assassins.
Pour rappel, John Wick faisait la rencontre d’une jeune ballerine lors d’un passage du 3e opus. Et tandis que le film Ballerina était initialement un script autonome, les producteurs ont rapidement eu l’idée de greffer le synopsis à la mythologie John Wick afin de conter l’histoire d’une femme tueuse à gages évoluant en parallèle de la saga principale.

Ballerina débute d’ailleurs sous forme de flash-back, tandis que la jeune Eve Maccaro voit son père se faire abattre par les hommes du Chancelier (Gabriel Byrne), un parrain de la pègre dont l’Ordre agit en autonomie totale. Recueillie par Winston (Ian McShane), Eve sera confiée à la Ruska Roma : derrière cette école de danseuses-étoiles se cache la formation de redoutables femmes assassins. Malgré les années d’entraînement, Eve va peu à peu s’extraire de la Ruska Roma dans le but d’accomplir une vengeance longtemps mûrie. Un chemin de violence qui va ainsi l’amener face au Chancelier !
Un bon gros scénario d’actioner donc, pas si éloigné d’un Colombiana ou des tropes du genre. Pour autant, la franchise John Wick n’a jamais brillé par son récit. S’apparentant toujours à une ligne directrice claire, Ballerina a le mérite d’instantanément créer un sentiment d’attachement à sa protagoniste principale en justifiant ses motivations et son évolution via son trauma originel.
Ballerina dans l’univers de John Wick
Pour autant, c’est bien dans cette dimension narrative que réside la principale limite de ce Ballerina. Alors qu’Eve ciblera un Norman Reedus venu ici faire de la quasi figuration, cette dernière va aussi devoir sauver la fille du personnage des mains du Chancelier. Un pont thématique évident, mais qui n’est jamais réellement développé malgré son caractère évocateur.
De la même manière, tout ce qui a trait à l’entraînement initial d’Eve fait figure d’illustration, restant dans les poncifs du genre pour à côté mettre en avant les caméos évidents de l’univers de John Wick (c’est d’ailleurs la dernière apparition à l’écran de Lance Reddick). Le plus flagrant tient dans l’incorporation de Keanu Reeves, en particulier lors du climax du film où ce dernier a un rôle prépondérant malgré une certaine incongruence narrative (Ballerina se déroulant entre John Wick 3 et 4).

Pourtant, quelque chose se produit une fois toute l’exposition emballée, dès lors que la sublime et talentueuse Ana de Armas (Knives Out, Blonde) prend les armes. Ballerina va ainsi enchaîner les scènes d’action à un rythme effarant pour notre plus grand bonheur. Pourtant, ce n’est pas Chad Stahelski à la barre, mais Len Wiseman (Underworld, Die Hard 4) !
On pourrait donc hausser le sourcil sur le fait que l’architecte principal de la saga ne soit pas le seul maître à bord. Le film ne propose peut-être pas de set piece aussi flamboyant, mais Wiseman revisite globalement les décors New-Yorkais et européens typiques d’un John Wick pour mieux faire ressortir un style inédit. En effet, là où les précédents films allaient à l’encontre d’un découpage traditionnel (préférant laisser la caméra tourner sans cut pour mieux mettre en avant le travail des cascadeurs), Ballerina s’aventure dans un entre-deux stylistique salvateur.
De l’action impeccablement emballée
Point de surcompensation ou d’abattage de l’action, celle-ci oscille entre plan fixe laissant toute liberté aux acteurs/cascadeurs d’évoluer, mais aussi grammaire de montage boostant l’efficacité des mouvements. De plus, chaque séquence bénéficie d’un twist à un moment donné permettant de la redynamiser : une baston en night-club ressemblant à un palais des glaces, un assaut dans une bâtisse avec comme seule arme une ceinture de grenades, des patins utilisés comme arme de poing, un chalet en feu assiégé avec comme seule arme un katana, un hameau enneigé en apparence inoffensif qui devient un gigantesque terrain de jeu de violence… Un sentiment de débrouille qui sied parfaitement au personnage de panthère qu’est Eve !
Ballerina se révèle d’ailleurs bien jouissif dès lors qu’il enclenche son dernier mouvement, soit près de 40 min de Ana de Armas poursuivie par tout un village d’assassins. Un joli morceau de bravoure se concluant par un affrontement au lance-flammes dont les prises de vues au ralenti rappellent par instants la grande période John Woo, et où on sent toute l’implication des acteurs alors que les flammes chatouillent réellement leurs vêtements.

Il faut ainsi noter toute la préparation d’Ana de Armas, badass à souhait (on avait sans doute pas vu une actrice Hollywoodienne aussi à l’aise à botter des culs depuis bien longtemps) et preuve que la réduire à un rôle secondaire dans No Time to Die était une hérésie. En résulte un personnage certes meurtrier à souhait, mais à la fois élégant de par son passif de danseuse (et rien à voir avec une Black Widow sur-cutée) et vulnérable.
Une réussite légèrement entachée
Une dimension humaine loin du caractère monolithique et surentraîné de John Wick donc. On appréciera ainsi le passage de témoin incarné entre les 2 personnages, même si là encore ce lien relève plus du marketing global au détriment de la catharsis finale un peu expédiée. Car il y a un vrai bon film d’action en ce Ballerina, impeccablement fabriqué mais tiré vers le bas de par sa demande de validation Wick-ienne… alors que le tout pouvait tenir debout seul. Pas mal quand même !
Ballerina est sorti au cinéma le 4 juin 2025
avis
Ballerina se révèle handicapée par ses liens illustratifs à la saga John Wick, empêchant sa dimension émotionnelle d'éclore. Mais malgré cet élément tirant le film vers le bas, force est de constater que le film a fière allure, enchaînant les morceaux d'action jubilatoires et parfaitement tenus, porté par une incandescente Ana de Armas qu'on pourrait suivre jusqu'au bout du monde alors qu'elle trucide de l'assassin. Pas mal !