Arco est le premier film d’animation d’Ugo Bienvenu, illustrateur de bande-dessinées. Présenté à Cannes et au festival d’Annecy, cette aventure made in France est un pur ravissement visuel autant qu’un récit futuriste porteur d’espoir.
Jusqu’à Arco, il y a dans le pedigree d’Ugo Bienvenu un exemple quasi parfait de l’artiste pictural contemporain. Ayant débuté à la prestigieuse école des Gobelins, avant de bifurquer vers CaArts à Los Angeles puis les Arts Décoratifs de Paris, on lui doit plusieurs clips musicaux et court-métrages, dont un centré sur Ant-Man ! Mais suite à une dizaines de bande-dessinées, le voilà avec Arco, un premier film présenté en Séance Spéciale à Cannes et en Compétition à Annecy.
Dès ses magnifiques premières minutes, le film nous emmène dans un imaginaire typiquement français, alors que des personnages casqués et arborant des capes (on se croirait parfois devant l’héritage de René Laloux) traversent le ciel pour rejoindre leur demeure. Nous sommes en 2932, et l’humanité vit désormais au-dessus des nuages dans des villes jonchées sur des branches d’arbres artificielles. Un futur utopique en un sens, qui cache une triste réalité : la surface terrestre n’est plus habitable depuis plusieurs siècles !

Arco attend l’âge de 12 ans pour, comme les membres de sa famille, visiter le passé via une combinaison au look super-héroïque laissant une traînée arc-en-ciel à chaque passage. Bravant l’interdit dans le but de voir lui-même des dinosaures, le garçon se trompe et se retrouve seul en 2075 et fait la rencontre de la jeune Iris. Cette petite fille vit dans une société où les éléments sont déchaînés et où l’Homme est protégé par des dômes.
Futur tombé du ciel
Un futur plausible en lien avec nos problématiques modernes concernant le climat et l’intelligence artificielle, tandis qu’Arco dépeint un monde pas si éloigné du nôtre. Dépendants de la technologie, les tâches jugées ingrates sont désormais traitées par des robots policiers ou domestiques. Même les parents constamment absents de la petite Iris ne lui apparaissent quasi exclusivement que par hologrammes désormais !
Arco ne révolutionne rien dans sa peinture du futur, mais c’est dans cette promiscuité technologique et sociologique qu’il tire sa force. Tandis que les 2 personnages principaux (il est intéressant de noter qu’arc-en-ciel en portugais se dit « arco iris ») tissent un lien de par leur envie commune d’un ailleurs, un trio de détectives (des simili-Dalton par Vincent Macaigne, William Leghbil et Louis Garrel sont très bons à ce truculent exercice) poursuit le garçon tombé du ciel.

Le film fait ainsi penser à du Amblin (il partage cette quête du retour à domicile avec E.T. l’extra-terrestre) via son cadre pavillonnaire, mais se veut plus réflexif et philosophique à mesure qu’il avance. La trame sera donc plutôt classique et sans grande embûche (comme si Ugo Bienvenu refusait l’adversité pour ses personnages), mais parvient à nous charmer à chaque instant.
Androïde associé
Cela tient bien sûr dans un premier temps par la somptueuse patine visuelle du métrage : tout en lignes claires typique de la BD française, Arco arbore des couleurs chatoyantes, une animation truffée de détails et une bande-originale Joe Hisaishi-like du plus bel effet ! Un pur bonheur rétinien (ce passage de diffraction à travers le temps est somptueux) en somme alors que la finesse du dessin accompagne le mouvement perpétuel du récit vers l’avant.

Car telle est la note d’intention d’Arco, montrant un monde synthétique (comme la majorité des films d’anticipation) où le contact humain s’abandonne, et où notre point de vue sur dame nature est celui du défaitisme ainsi que du passéisme. On notera l’intégration du robot Mikki (doublé par Swann Arlaud) en compagnon touchant du duo (qui contrebalance un semblant d’amourette enfantine peu voire pas exploitée).
Mais c’est bien dans sa finalité qu’Ugo Bienvenu touche du doigt la substantifique moelle de son projet, malgré une faible durée d’1h20. Après un climax littéralement embrasé, il nous intime avec Arco de croire en notre futur, et nous tend une main chaleureuse sur l’épaule pour nous dire qu’après la tempête le beau temps arrive. Une dimension humaniste qui fait chaud au cœur, telle la vision d’un arc-en-ciel en somme !
Arco sortira au cinéma en 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival d’Annecy ici.
avis
Arco profite d'un scénario en ligne droite et de tropes SF codifiés pour proposer à la fois une patine visuelle ébouriffante de beauté, et un réel message porteur d'espoir face à un futur certain. Un véritable arc-en-ciel métaphorique et cinégénique en somme, à la direction artistique chatoyante et à l'animation de grande qualité. Une réussite !