Anzu, Chat-fantôme est une co-production franco-japonaise co-réalisée par Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita. Une adaptation du manga de Takashi Imashiro.
Karin a 11 ans et se retrouve coincée du jour au lendemain dans le monastère de son grand-père, après avoir été abandonnée par son père. Elle rencontre alors Anzu, un Chat-fantôme dont le comportement se rapproche bien plus de l’être humain que du chat. Obligés de se côtoyer, Karin et Anzu forment un duo qui parvient difficilement à s’entendre.
L’ennui
Le principal problème avec Anzu, Chat-fantôme est qu’on s’ennuie, un peu à l’image de Karin, cette jeune fille qui se sent terriblement seule depuis le décès de sa mère et qui n’a goût à rien. Alors, la plupart du temps, elle reste à vagabonder en se plaignant d’avoir été abandonnée. On comprend sa douleur et sa tristesse, mais on ne peut échapper à son mauvais caractère et à sa lassitude qui nous gagnent peu à peu.
Le scénario des deux premiers tiers du film ne tient pas à grand-chose, et c’est sûrement pour cette raison qu’on ne s’accroche ni aux personnages, ni à l’histoire. On découvre simplement Anzu, un chat sans aucune manière, irrespectueux mais aussi incontestablement gentil. Son caractère est opposé à celui de Karin, dont la joie de vivre est absente et on passe ainsi une partie de notre temps à les regarder se chamailler. Parfois d’autres personnages pointent leur nez, mais là encore, le manque d’objectif nous laisse las.
Les esprits
Anzu s’est parfaitement intégré au monde des humains – il conduit un scooter, travaille comme massothérapeute… – a un détail prêt : il est capable de voir les esprits puisqu’il est lui-même un fantôme. En sa compagnie, on découvre ainsi des êtres habituellement invisibles à nos yeux : une Grenouille-fantôme, un champignon géant, ou encore le Dieu du malheur (un vieillard édenté en grand manque de charisme). Ce dernier, s’il permet d’aborder la thématique du malheur, reste, comme les autres éléments du récit, très enfantin. A cela s’ajoute un humour puéril, comme en témoignent les pets répétitifs d’Anzu.
La troisième partie du film devient ainsi la plus intéressante puisqu’elle offre à nos deux compères une quête – qui rappelle inévitablement le mythe d’Orphée : retrouver au fin fond des enfers la mère de Karin. On découvre ainsi un lieu qui ressemble davantage à un hôtel qu’aux enfers où se multiplient les démons et autres yokaïs. C’est dans cet étrange endroit que le thème du deuil prend toute son ampleur, jusque-là sous-entendu sans être développé. Karin se retrouve confrontée à la perte de sa mère et accepte enfin d’y faire face.
Entre réel et imaginaire
Sélectionné dans la Compétition Officielle Long métrage du Festival International du Film d’Animation d’Annecy, Anzu Chat-fantôme est le second film réalisé en rotoscopie avec Rock Bottom. Habituellement peu prisée, cette technique requiert deux phases de travail bien différentes. Premièrement, filmer en prises de vues réelles les séquences – étape réalisée par Nobuhiro Yamashita – pour ensuite les redessiner image par image – étapes dirigée par Yoko Kuno.
Ce choix permet ici d’insister sur le réalisme des traits des personnages et de leurs réactions. Il permet également de créer un décalage entre les être humains et les esprits, dessinés dans un style graphique légèrement différent et plus simpliste. On peut également relever le travail particulièrement réussi des décors, avec une représentation de paysages typiques du Japon qui rendent particulièrement bien compte de l’aspect verdoyant de la nature.
Anzu, Chat-fantôme est donc un film qui manque de profondeur et dont l’histoire aurait pu être poussée bien plus loin.
Anzu, Chat-fantôme est un film à découvrir le 21 août au cinéma.
Avis
Anzu, Chat-fantôme déçoit dans son récit qui reste peu développé et enfantin. Un film qui manque de rythme mais dont la troisième partie gagne en profondeur et intensité, heureusement.