Plus de 3 ans après Les Crimes de Grindelwald, Les Animaux Fantastiques revient pour une 3e aventure : Les Secrets de Dumbledore a pour mission d’étendre les enjeux et de rentrer dans le vif du sujet concernant la lutte du bien contre le mal. Alors que vaut ce nouvel opus dans le monde des sorciers ?
Les Animaux Fantastiques est une saga difficile à appréhender. Créée initialement sous forme d’adaptation d’un notebook de J.K.Rowling, le but affiché était évidemment de capitaliser sur le monde d’Harry Potter, mais avec la noble intention de conter une préquelle en 5 films. Un récit s’étalant sur une bonne décennie dans les années 20-30, afin de nous montrer la chute de Grindelwald, précédent grand mage noir qui avait pour dessein d’assoir la suprématie des sorciers sur le monde des Moldus.
J.K.Rowling tente de passer la 3e
Après un premier épisode plaisant, le second opus se révélait plus brouillon dans l’introduction de futurs pions importants du grand échiquier narratif. Malgré cela, Les Crimes de Grindelwald se révélait intéressant a plus d’un titre, notamment via son climax annonciateur d’un conflit direct. Alors que Croyance (Ezra Miller) et Queenie (Alison Sudol) rejoignent les forces du mage noir, nous apprenions que le premier s’appelle Aurelius Dumbledore. Âme solitaire en recherche d’un clan d’adoption, il est chargé par Grindelwald de tuer Albus Dumbledore (Jude Law) !
Les Animaux Fantastiques – Les Secrets de Dumbledore reprend en 1928, plusieurs mois après les fâcheux évènements de Paris donc. Grindelwald a de plus en plus de partisans à ses côtés, et a par ailleurs la main mise sur d’éminents ministres de la magie. Lorsqu’il met la main sur une créature magique (de quoi justifier encore une fois le titre de la franchise !) permettant d’influer sur son destin. Alors que des élections s’apprêtent à voir le jour pour décider qui sera le prochain sorcier à la tête du gouvernement magique, Dumbledore met en place une petite troupe pour contrecarrer les plans de Grindelwald.
Les Animaux Fantastiques : les Simplets de Dumbledore
Ce qui choque en premier lieu à la fin du visionnage des Animaux Fantastiques 3, c’est que le métrage n’a de Secrets de Dumbledore que son nom ! L’essentiel des pseudo-révélations viendra in fine de l’héritage bricolé de Croyance/Aurelius Dumbledore, déjà largement explicité dans le précédent opus. Pour le reste, une légère évocation de la défunte sœur d’Albus viendra ternir le tableau, où la vacuité de world-building reste au premier plan. Un constat bien dommageable, d’autant que les 2h22 un brin excessives permettaient de largement exploiter la multitude de personnages présents.
Pire, alors que Croyance et Queenie faisaient l’objet de trajectoires fortes, ces derniers sont carrément mis de côté et peu exploités. Deux girouettes donc, au service d’une absence notable de développement, pour se concentrer essentiellement sur la dualité Dumbledore-Grindelwald et empêcher l’accès au pouvoir de ce dernier. On notera par ailleurs que cet enjeu se veut plutôt intéressant, en mettant en avant l’aspect politique de l’univers et les manipulations possibles en vue d’influer sur l’opinion publique.
Malheureusement, tout ceci tombe à plat dans sa dernière ligne droite, prenant place dans un Bhoutan grisâtre et cruellement anonyme. Un climax déceptif, où à peine une cinquantaine de pélos se retrouvent dans le soit-disant grand évènement politique du monde des sorciers. Il faudra par ailleurs se coltiner des circonvolutions narratives faisant doucement sourire et quelques dragées-surprises au goût de facilité scénaristique, comme ce plan final à la résolution fastoche ou encore du retournement d’allégeance au gré du script.
Une belle occasion manquée d’utiliser des protagonistes signifiants plutôt qu’user de deus ex machina via du personnage à la limite du tertiaire. Au final, là où les précédents opus mettaient doucement en branle leur fil rouge narratif, l’impression que Les Animaux Fantastiques – Les Secrets de Dumbledore tourne autour du pot prédomine (la finalité est pour ainsi dire un vrai pas en arrière). Pire, on se demande parfois où est la magie de découvrir de nouveaux lieux inspirés (le Berlin des sorciers avec son architecture brutaliste est néanmoins plaisant). Il faudra se contenter d’un rapide retour de Poudlard, Pré-au-Lard et quelques évocations Potter-iennes où le frisson de la découverte étaient de mise !
La béquille magique
« Alors qu’est-ce qui fonctionne dans cette 3e aventure ? » car oui, Les Animaux Fantastiques – Les Secrets de Dumbledore a aussi des qualités, malgré sa tendance à rester sur l’embrayage ! Tout d’abord, David Yates (le réalisateur attitré de la franchise depuis 2007) a beau ne pas être le meilleur artisan du monde, il a su emballer chaque opus avec propreté, sans faire office de gros yes man. On est toujours bien loin de l’organicité d’un Chris Columbus ou la virtuosité d’Alfonso Cuarón, mais le bougre parvient à proposer quelques séquences plus prenantes (la poursuite dans une forêt chinoise faisant office d’intro, ou encore les duels de magie ne se résumant pas qu’à du tir au pigeon) en variant la mise en scène.
Et à ce titre, le métrage bénéficie d’une bonne fabrication, via des effets spéciaux au service des capacités magiques de la sorcellerie. On notera quelques bonnes idées, comme cet affrontement « de l’autre côté du reflet », une implication des éléments du décor pour accentuer le sentiment de puissance, et une séquence de banquet Berlinois où le ralenti est mis à l’honneur. On se satisfera également un passage bien réussi dans des cachots peuplés de créatures arachnides, où le danger et l’aventure prédominent !
Malgré une dernière partie bien plus chaste et désamorçant tout le travail intéressant préalablement exposé, suivre le casting a cela de plaisant qu’il est réussi. Dan Fogler fait toujours office de bouffée d’air frais en Jacob Kowalski, tandis qu’Eddie Redmayne et Jude Law sont encore une fois de solides atouts en respectivement Norbert Dragonneau et Albus Dumbledore. L’absence de Katherine Waterston (grossesse oblige) se fait néanmoins sentir, malgré la charismatique Lally Hicks (Jessica Williams) faisant office de remplaçante succincte.
Tu es indécis, Harry
Et comment ne pas parler de Madds Mikkelsen (Drunk, Casino Royale) en Grindelwald, remplaçant Johnny Depp au pied levé après les déboires juridiques de ce dernier. L’acteur danois fait en effet le job avec toute la classe et le professionnalisme qu’on lui connaît. Si cette fois Grindelwald paraît moins dangereux, son aspect plus séduisant et fédérateur est en adéquation avec l’intrigue, tandis que l’alchimie avec Jude Law fonctionne !
In fine, malgré une fabrication propre et un casting impliqué, Les Animaux Fantastiques – Les Secrets de Dumbledore déçoit. On notera heureusement un James Newton Howard toujours aussi efficace à la bande-originale, faisant office de belle béquille musicale à coups de chœurs et autres violons bien orchestrés. Pas de quoi faire oublier le principal écueil de ce 3e opus : son absence de réel intérêt dramaturgique dans l’univers ! Ni bon ni mauvais, Les Animaux Fantastiques – Les Secrets de Dumbledore fait le minimum syndical en terme de récit et d’exploitation de personnages, en plus de cesser de nous faire rêver ce monde pourtant si attrayant initialement. Où est passé le réel intérêt ?
Les Animaux Fantastiques – Les Secrets de Dumbledore sortira au cinéma le 13 avril 2022
avis
Les Animaux Fantastiques - Les Secrets de Dumbledore est un honnête divertissement, handicapé par des promesses rapidement évacuées et l'absence d'une réelle exploitation d'univers. Propre techniquement malgré son aspect grisâtre et doté d'un bon casting mais aux personnages sous-écrits, cette nouvelle aventure du Potter-verse déçoit de par un récit survolé et des enjeux timidement survolés ! Reste quelques séquences plutôt entrainantes, mais cela reste trop peu pour justifier ce 3e opus dépourvu de réels secrets ou révélations.