Maintes fois repoussé, le voilà enfin : Top Gun Maverick débarque dans les salles obscures après sa présentation Hors Compétition à Cannes. Près de 36 ans sépare cette suite de l’opus originel culte, et Tom Cruise retrouve son blouson d’aviateur dans un blockbuster tout simplement réjouissant et impressionnant. De plus, Cruise trouve ici un de ses tous meilleurs rôles récents !
Top Gun ! Le film de 1986 aura été un phénomène à plus d’un titre, tel une capsule temporelle des années 80 et faisant de Tom Cruise une gigantesque star planétaire. Pur produit de son époque (avec un certain côté suranné aujourd’hui), son imagerie est rentrée dans l’imaginaire collectif, en plus de créer une passion inter-générationnelle pour l’aviation. Alors que Tony Scott (le réalisateur original, décédé en 2012) n’est plus de la partie, c’est Joseph Kosinski (Tron l’Héritage, Oblivion) qui reprend le flambeau de la réalisation. Mis en boîte en 2019, Top Gun Maverick débarque donc enfin !
Welcome Back to the Danger Zone
Pour rappel, le film original nous présente la Navy Fighter Weapon School, surnommée « Top Gun », où l’on forme l’élite des pilotes d’avion de chasse. Nous y suivions Pete « Maverick » Mitchell et son comparse Nick » Goose » Bradshaw au sein de cette école, entre rivalité, amour, deuil et combat aérien contre les soviétiques. Sous ses abords initiaux de teen-movie et de blockbuster à la Don Simpson/Jerry Bruckheimer (Le Flic de Beverly Hills, Bad Boys), Top Gun proposait des prises de vue relativement inédites pour l’époque.
Top Gun Maverick nous fait donc retrouver Tom Cruise dans le rôle-titre, toujours aussi casse-cou et désormais pilote d’essai. Vivant quasiment en solitaire et coincé dans le passé (les Ray-Ban Aviator, la Kawasaki, ou bien la mort de Goose qui continue de le hanter), ce dernier va être rappelé à l’école Top Gun afin de former de nouvelles recrues. L’objectif : contrer une menace nucléaire (on devine entre les lignes qu’il s’agit de l’Iran ou du Pakistan) via une opération inédite en terme de dangerosité.
Contraint d’accepter le défi, Maverick va non-seulement renouer avec une ancienne conquête (Jennifer Connelly et pas de Kelly McGillis !), faire face à Bradley « Rooster » Bradshaw (le fils de Goose) et sa mission la plus importante, tout en affrontant les fantômes de son passé. Un postulat de base qui se révèle passionnant à plus d’un titre, alors que la persona même de Tom Cruise y est disséquée de manière réflexive.
Tom Cruise s’envoie en l’air
On le sait depuis presque une vingtaine d’années maintenant, Tom Cruise s’implique corps et âme en tant que producteur pour chacun de ses projets (collaborant régulièrement avec Kosinski, Christopher McQuarrie ou bien Doug Liman). Toujours désireux de proposer un spectacle généreux (notamment via la franchise Mission Impossible), on le retrouve constamment à la recherche de nouveaux défis. Et après ses divers exploits en terme de cascades, Tom Cruise a décidé de tout filmer de manière practical, en mettant les acteurs dans de vrais avions F-14 !
Joseph Kosinski l’aura d’ailleurs confirmé : il aura filmé plus de 800 heures de rush afin d’obtenir le plus d’images possibles (c’est plus que l’entièreté des versions longues du Seigneur des Anneaux). Un défi de taille qui paye immédiatement, et ce dès un premier vol à Mach 10 où l’on reste collé au siège. Claudio Miranda (L’Odyssée de Pi) retrouve le cinéaste et propose une photographie de toute beauté, renvoyant à l’imagerie d’antan (les fameux couchers de soleil) tout en proposant une netteté et une sophistication tout à fait contemporaine.
Un boulot visuel ample, pour un script s’affirmant clairement comme une vraie suite de Top Gun…mais pas seulement ! Certes, on retrouve quelques call-backs (introduction sur Danger Zone, séquence dans le bar, partie de rugby sur la plage, séance d’apprentissage) mais l’aspect nostalgique n’est finalement pas amené de manière programmatique. Le cœur de Top Gun Maverick tient avant tout du propre regard qu’à Tom Cruise sur lui-même, tout en proposant une histoire de transmission surprenante d’émotion !
Talk to me, Goose
En effet, lorsque Ed Harris et Jon Hamm rétorquent à Maverick qu’il est temps de se poser, de monter en grade et de laisser la place à la jeunesse (les nouvelles recrues sont toutes bien interprétées avec caractérisation immédiate), c’est bien de Tom qu’il s’agit. Un Cruise toujours là à dépasser ses propres limites sans rien lâcher, désormais figure paternaliste. La relation centrale viendra de celle conflictuelle entretenue avec Miles Teller (le fils Bradshaw), dont le caractère touchant ne sera dépassé ni plus ni moins que par l’implémentation de Val Kilmer : une scène déchirante (d’autant plus lorsqu’on connait la vie de l’acteur)dont on se réserve d’en dévoiler davantage.
Outre cet aspect émotionnel surprenant de délicatesse (on a pas vu Tom Cruise aussi bien jouer depuis une petite décennie d’ailleurs), on ne va pas se mentir : le spectacle ébouriffant des scènes d’action vaut à lui seul le visionnage. Top Gun Maverick bénéficie de séquences de voltige tout simplement bluffantes (tout est vrai pour ainsi dire), et complètement inédites au cinéma. Si le tiers central du film se révèle plus attendu dans son récit (mais toujours bien amené), c’est clairement la dernière partie qui nous scotchera, via un triple-climax tout simplement galvanisant !
LE blockbuster de l’été
Malgré un ou deux chipotages (le personnage de Jennifer Connelly reste un love-interest classique, mais apporte assez de charme et de complicité dans sa relation avec Maverick pour l’adouber), Top Gun Maverick est donc bien une suite (très) supérieure au 1er volet, un film quasi méta sur un Tom Cruise là encore à 300% pour faire vibrer le public, et surtout un très bon blockbuster. Le tout transpire par ailleurs l’ADN de Tony Scott (la BO de Hans Zimmer renvoie à celle de USS Alabama), avec un vrai charme d’antan, boosté par une technicité et un savoir-faire des plus modernes. Bref, c’est très impressionnant et à expérimenter dans les meilleures conditions possibles !
Top Gun Maverick sortira au cinéma le 25 mai 2022
avis
Sous ses airs de suite nostalgique, Top Gun Maverick est en réalité un très bon blockbuster galvanisant, impressionnant et surprenamment émouvant ! Une ode à Tom Cruise, se dépassant encore plus, mais en jouant cette fois-ci un vrai personnage hanté par les fantômes du passé. Le blockbuster par excellence, avec une patine d'antan saupoudrée par un savoir-faire d'artisan tout à fait contemporain. Un très gros plaisir !