Air Moldavia est une pièce qui nous parle avec beaucoup de fraîcheur du sentiment amoureux et des directions inattendues qu’il peut prendre si l’on ose vaincre ses peurs.
Nous avons pris place à bord du vol de la compagnie Air Moldavia à destination du grand amour, et nous vous recommandons vivement le voyage ! Car dans cette histoire-là – qui semble d’abord ressembler à toutes les autres – les certitudes s’effondrent peu à peu et c’est à un voyage intérieur auquel on assiste.
Julien, le Monsieur Loyal d’un grand cirque français, retrouve sa petite amie Elsa après des mois de tournée à travers la France. Le jeune couple peut enfin s’installer ensemble dans son nouvel appartement. Mais l’arrivée de Ioan au cirque, et dans la vie de Julien, va semer la confusion de manière assez inattendue et ajouter quelques escales au vol.
Un spectacle très contemporain
Nous avons pris beaucoup de plaisir à regarder cette pièce pleine de rythme, de joie de vivre, de fraîcheur et de sensibilité, qui prend forme dans une mise en scène moderne et ingénieuse. Ce n’est pas banal d’avoir situé l’histoire dans l’univers du cirque, et cela apporte une touche de fantaisie qui permet de ne pas tomber dans quelque chose de trop commun et d’excessivement réaliste.
Dans Air Moldavia, les murs glissent, se retournent, se déploient, pour faire évoluer le décor de manière habile et inventive. Tout comme le déroulement du temps qui est exprimé de manière astucieuse par un calendrier dont les pages sont tournées au fur et à mesure. Certes, c’est un petit détail, mais qui réussit parfaitement son effet et nous a beaucoup plu !
Des relations qui évoluent avec justesse
L’évolution des liens entre les trois personnages se fait de manière très fluide et convaincante, sur fond de mélange culturel et de tolérance. Julien offre son aide à Ioan, fraîchement arrivé de Moldavie, pour apprendre le français, et le lien d’amitié qui se tisse entre eux est touchant. D’autant plus que l’apparente froideur de Ioan donne véritablement l’impression que les deux jeunes hommes s’apprivoisent, pour laisser peu à peu la place à un sentiment qui n’entre dans aucune case. Il s’y sentirait bien trop à l’étroit.
Car Julien est soumis à un véritable séisme intérieur contre lequel il refuse peu à peu de combattre. Elsa est alors lentement mise à l’écart de ce qui ne peut être qu’un duo, et dont elle finit par s’effacer elle-même. Mais la compréhension et l’absence de jugement dont elle fait preuve sont inspirants. Tout comme la manière dont Julien, porté par les sentiments forts qui l’animent, va peu à peu oser affronter ses peurs. Même si le dénouement nous a un peu laissés sur notre faim.
Un trio talentueux
Les trois comédiens jouent merveilleusement bien et nous ont captivés d’un bout à l’autre. Et tout particulièrement Constantin Vidal – qui tenait le rôle de Ioan le jour de notre venue – qui nous a subjugués par son charisme et la finesse de son jeu. A tel point que – mais ça reste entre nous ! – nous nous sommes demandés s’il n’avait pas vraiment, au quotidien, cet accent moldave et ce français approximatif qui caractérisent son personnage ! Ne nous jugez pas, allez voir la pièce et vous verrez que c’est à s’y méprendre !
Josef Mlekuz est tout aussi convaincant dans sa manière d’interpréter le trouble qui envahit son personnage et la force grandissante de ses émotions. Quant à la lumineuse Joséphine Berry, notre seul regret est que son personnage soit si peu approfondi et mis en valeur. En effet, elle cède sa place un peu trop vite à notre goût.
Tout se finit trop vite d’ailleurs, sans doute parce que nous avons l’impression d’être devant une série et que nous enchaînerions bien sur un autre épisode ! Vous l’aurez compris : une pièce et des comédiens à encourager absolument !
Air Moldavia, de Judicaël Vattier, avec (en alternance) Joséphine Berry, Valentine Villenet, Constantin Vidal, Adrien Sauvé, Josef Mlekuz, Martin Protais, se joue au théâtre L’Arrache Cœur, à Avignon, du 05 au 28 juillet 2019 à 14h55. Relâche les 9, 16 et 23.
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