107 ans est un monologue qui raconte avec beaucoup de sensibilité l’histoire d’un adolescent amoureux fou d’une jeune fille qui lui échappe…
Simon est un adolescent torturé. Torturé d’amour, de manque, de solitude. De l’absence de Lucie qui l’a quitté pour un autre. 107 ans, c’est l’histoire de ce qui pourrait n’avoir l’air que d’une rupture adolescente parmi d’autres, mais qui se révèle être bien plus que ça. Nous pénétrons dans l’esprit sensible et torturé de Simon, et le suivons dans sa folie destructrice.
Le premier volet d’un tryptique
C’est quelques minutes à peine avant le début de la représentation que nous nous sommes rendu compte que l’histoire abordée dans cette pièce, nous la connaissions ! Et pour cause, c’est Simon et Lucie, découverts dans La paix dans le monde deux jours à peine que nous allions retrouver, mais 15 ans plus tôt ! Quel heureux « hasard »…
Bon, c’est donc à l’envers que nous avons embarqué dans cette histoire en trois volets d’un amour fou. Mais rien de bien gênant au final. Car on ne peut pas dire qu’il se passe beaucoup de choses dans chacun d’eux, c’est simplement que le texte est bavard. Mais nous, quand les mots sont jolis, on ne s’ennuie jamais.
Un récit bouleversant
Nous avons aimé ce long monologue duquel se dégage une grande sensibilité. Dans 107 ans, Simon est un adolescent fragile, incarné avec beaucoup de nuances par Simon Fraud. Simon (le personnage !) nous fait voyager à travers ses souvenirs de jeune garçon, à travers ce malaise grandissant, cette souffrance dont il ravive parfois les braises.
Il a trahi Lucie, son « âme sœur », et la distance que celle-ci impose entre eux lui est insupportable, tout comme ce nouveau garçon dans sa vie. Jusqu’à l’amener à commettre un geste désespéré qui va complètement changer le cours de sa vie, mais en aucun cas son amour pour Lucie. Le texte est beau, limpide, trempé dans les émotions multiples de Simon, imprégné de son profond mal-être, parfois teinté de colère.
Puissant et délicat à la fois
La mise en scène est sobre, sombre, elle ressemble à un chuchotement, même si parfois un cri s’élève. Celui du cœur à l’agonie. Des ampoules suspendues se dévoilent peu à peu pour venir éclairer les souvenirs de Simon et créer une atmosphère intimiste. Et si l’interprétation de Frédéric Andrau dans La paix dans le monde était tout aussi brillante, Simon Fraud incarne ici les émotions avec moins de retenue, ce qui donne du relief à la pièce.
Mais on peut aussi imaginer qu’après 15 années d’hôpital psychiatrique, Simon a évolué et appris à contenir tout ce qui auparavant débordait. En tous cas, ces deux jolies pièces se complètent très bien et offrent une progression intéressante dans l’évolution de ce personnage troublant.
107 ans, de Diastème, avec Simon Fraud, mise en scène par Adrienne Ollé, se joue à l’Artéphile, à Avignon, du 05 au 27 juillet 2019, à 18h25. Relâche les 07, 14 et 21.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.