Chef d’œuvre de la littérature, 1984, roman de George Orwell, a chamboulé les esprits par la justesse de ses prédictions. Un roman adapté en 1984 au cinéma par Michael Radford, qui ressort pour cette fin d’année en édition Blu-ray & DVD améliorée, proposée par Rimini Editions.
Cette année, quarante ans après la sortie du film, le 1984 de Michael Radford ressort en version remasterisée 4K accompagné de divers bonus et d’un livret collector pour l’édition en Blu-ray & DVD. L’occasion de se replonger dans les détails d’une histoire qui ne semble pas vouloir prendre une ride…
Big Brother is still watching you
On connaît tous cette histoire pour l’avoir croisée au moins une fois sur les bancs de l’école, mais une petite remise en contexte s’impose. En 1984 les guerres nucléaires divisent le monde en 3 blocs : Estasia, Eurasia, Oceania. En Oceania, société totalitaire, rien n’échappe au regard de Big Brother. Big Brother voit tout, sait tout. En Oceania on peut même être criminel par la pensée, personne n’est digne de confiance, tout le monde peut trahir tout le monde. La liberté n’est plus qu’un lointain souvenir, tout est contrôlé, même les émotions des citoyens. C’est de 1984 qu’est tirée la célébrissime maxime qui ne cesse de traverser les années « Big Brother is watching you ». Une phrase qui ne semble pas vouloir perdre en sens.
L’adaptation de Radford peut paraître de prime abord un peu vieillotte. Mais elle ne dénature nullement le roman d’Orwell, et reste, de fait, toujours aussi actuelle. C’est là que la version DVD prend tout son sens avec les bonus qui permettent de creuser un peu plus sur les milles petites histoires qui entourent le film. Des anecdotes qui aiguisent le regard dès lors qu’on a vu le film. Attention, on ne dit pas qu’il y a un ordre précis pour regarder les bonus et le film. Mais il faut reconnaître que dès qu’on a vu 1984 et qu’on visionne les bonus, ceux-ci ont une saveur différente… On se gardera d’en dire plus pour aiguiser la curiosité des lecteurs.
Vieillot… mais pas que
On le rappelle, le film sort en 1984. Les moyens de l’époque ont sans conteste eut un impact sur la qualité de l’image. Le visuel paraît fade, les couleurs sont passées. Mais dès lors qu’on arrive à l’oublier, on réalise tout le travail qui a été fait. Les couleurs sont tristes oui, mais c’est voulu. Dans un monde où tout est contrôlé, des couleurs flashy n’auraient eu aucun sens. Suivant la même idée, les décors sont plutôt assez dépouillés, les visages des comédiens peu expressifs. Autant de détails qui peuvent amener à se détourner du film 1984 d’autant plus que l’intrigue est plutôt assez lente. Pourtant, tout est terriblement pertinent. Et si on n’arrive pas à tout comprendre de la version de 1984 de Radford (une petite relecture du roman s’impose peut-être), on ne peut s’empêcher d’avoir froid dans le dos.
Pour un film qui se caractérise par une espèce de lenteur maîtrisée, Richard Burton ne paraissait pas forcément être le meilleur des choix. Grand acteur des années 60, Burton était surtout connu pour des rôles assez grandiloquents (comme Marc-Antoine dans le célébrissime Cléopâtre de Mankiewicz). 1984 est le dernier film du comédien, il meurt en effet quelque temps après la sortie au cinéma. Un détail qui revêt toute son importance dès lors qu’il est remis en contexte. Fatigué, en mauvaise santé, Burton campe un O’Brien qui dégouline de fatalité. Il est une sorte de mort qui est inéluctablement en marche. Là où Winston interprété par John Hurt est beaucoup plus dans la sensibilité, Burton ne renvoie aucune émotion, et c’est glaçant.
Une histoire qui traverse les âges
Dans 1984 le totalitarisme s’applique aussi par le contrôle du langage. Un point repris de façon très visuel par Radford et intelligemment abordé dans les bonus. En contrôlant les mots, on contrôle ce que dise les gens. Et dès lors qu’on commence à les effacer, l’emprise s’est refermée. Des mots qui s’effacent, une perte de vocabulaire, une baisse du niveau de parole… Dans le film, c’est par une réduction visible de la taille du dictionnaire que cette évolution est évoquée. Autant de détails qui peuvent faire doucement sourire mais qui n’en reste pas moins très actuel, il suffit de chercher brièvement ce qui est dit de la scolarité actuelle.
Enfin, on ne peut que souligner qu’en 1984, les effets spéciaux ne sont pas monnaie courante au cinéma. Par exemple, dans le film, les écrans qui retransmettent constamment le terrible regard de Big Brothers ne sont pas des incrustations. Un regard qui met assez mal à l’aise, et puis qu’on a tendance à trouver ridicule. Puis, la réalisation vient, cet écran qu’on trouve si voyant dans le film, est finalement partout autour de nous. Certains disent que nos téléphones peuvent nous filmer à notre insu, nous écoutent à notre insu. Ce téléphone depuis lequel vous lisez ces mots a une petite caméra qui ressemble étrangement à un œil… non ?
La réédition du 1984 de Radford se charge de milles détails qu’on invite notre lecteur à aller découvrir par lui-même. Les interviews des bonus explorent le traitement de l’image, sa colorimétrie, la musique… Autant pour le plaisir de se replonger dans l’adaptation d’un chef d’œuvre que pour en mesurer à nouveau toute la pertinence, cette réédition de 1984 arrive à point nommé pour les fêtes de fin d’année.
La réédition du 1984 de Michael Radford en combo UHD + Blu-Ray et DVD est disponible dès le 18 décembre 2024.
Avis
Sans pour autant être un grand film, la réédition du 1984 de Michael Radford permet de se replonger dans l’histoire du chef d’œuvre de George Orwell.