On le sait depuis un moment : Les 8 Salopards de Quentin Tarantino a été tourné en 70mm Ultra Panavision. Un format désormais peu utilisé qui ressuscite avec 8 min supplémentaires par rapport à sa version numérique dans un cadre très grande définition.
Du coup SND a tenu à faire partager au public français ce retour à l’ancienne, avec ouverture et entracte comme à la belle époque pour des avants-premières exceptionnelles partout en France dont vous pourrez retrouver les dates et les lieux dans l’image ci-dessous.
Un commentaire
Bonjour,
Lorsque j’ai vu la mention Ultra Panavision 70 sur la reproduction de l’affiche au dos de « L’Officiel des spectacles » ; j’ai cru à une erreur car l’Ultra Panavision 70 est donc une pellicule négative 70 mm (ou plutôt 65 mm) avec l’anamorphose en plus.
Pour résumer : un 70 mm bien plus large en image que le 70 mm classique avec les procédés Todd-AO (« Le Tour du monde en 80 jours », « Alamo », « Cléopâtre »), Super Panavision 70 (« My Fair Lady », « 2001 : l’Odyssée de l’espace », « L’Or de Mackenna »), Super Panorama 70 (procédé européen avec notamment les films « Shéhérazade », « La Tulipe noire », « La Sentinelle endormie »).
Enfant terrible du cinéma (au sens propre qu’au figuré), Tarantino non content de s’approprier un format argentique luxueux qu’est (on a presque envie d’écrire « était ») le 70 mm, celui-ci se paye le luxe (le terme est faible !) de choisir l’Ultra Panavision 70 ; un format d’image (et une technique de tournage et de projection) qui était pour rivaliser et remplacer le Cinérama d’alors…
À l’époque de la gloire des tournages en 70 mm des années 50, 60 et début 70), l’Ultra Panavision n’a connu que très peu de films tourné en 70 mm extra large : « L’Arbre de vie », « Ben-Hur » (ces deux films sous l’appellation technique de « Caméra 65), puis en faisant de la nouveauté en changeant seulement de nom (!) avec quelque chose qui existait donc déjà on continua à tourner quelques films en 70 mm avec anamorphose sous l’appellation de l’ « Ultra Panavision 70 » et souvent accompagné du logo Cinérama.
Le premier film en Ultra Panavision 70 (et logo Cinérama) fut « Un monde fou, fou, fou, fou » (1963). Suivront « Les Révoltés du Bounty » (la version avec Marlon Brando), « La Chute de l’Empire romain » (avec Sophia Loren), « Sur la piste de la grande caravane » (avec Burt Lancaster), « La Bataille des Ardennes » (avec Henry Fonda, Charles Bronson et Telly Savalas), « La Plus grande histoire jamais contée » de George Stevens et pour terminer en 1966 avec « Khartoum » de Basil Dearden avec Charlton Heston et Laurence Olivier . Ces films avaient une raison d’être dans une projection sur des écrans de type Cinérama ; c’est-à-dire sur un écran géant incurvé. Pour ne parler que de Paris, il n’y avait que trois salles avec l’écran Cinérama : le Gaumont-Palace, l’Empire Cinérama et le Kinopanorama (cette dernière salle était plutôt équipée d’un écran large incurvé qui n’était pas assez large pour l’Ultra Panavision 70. Le Gaumont- Palace par exemple avait un écran au ratio du véritable Cinérama et du coup un film tel que « Ben-Hur » dans sa grande reprise de 1968 couvrait tout l’écran alors qu’un film en 70 mm normal (donc sans anamorphose comme « 2001 : l’Odyssée de l’espace ») ne couvrait pas entièrement l’écran dans son extrême largeur et des rideaux de scène fermaient légèrement les parties de gauche et de droite de cette immense écran incurvé.
Revenons à Tarantino et de son désir d’avoir tourné carrément son dernier film en Ultra Panavision 70. La seule raison où j’y vois une réponse à ce désir : il y a peut-être encore des salles de la chaîne Cinérama aux États-Unis… (car aux États-Unis, c’est une chaîne de salles de cinéma). Sinon, le 70 mm classique aurait suffi ! N’oublions pas que parmi les plus beaux films tournés en 70 mm, ce sont deux films de David Lean : « Lawrence d’Arabie » et « La Fille de Ryan » avec le procédé de la Super Panavision 70.
J’ai cru comprendre que « 8 salopards » comportait énormément de scènes d’intérieur Et comme on peut le lire dans la presse pour résumer l’action du film : ce serait plutôt un huis clos. Ce qui est quelque peu antagoniste à l’esprit d’un tournage en 70 mm en Ultra ou non…
Pour terminer, ce n’est pas la première fois qu’il y a des tentatives d’un tournage en 70 mm à des périodes où l’ère du 70 mm était enterré. Il y eut « Hamlet » de Kenneth Brannagh qui était une catastrophe au niveau de l’image mise à part quelques scènes… (vu à sa sortie dans sa version longue de 4 heures avec une copie 70 mm au cinéma Max-Linder à Paris). Juste auparavant, il y eut le mauvais western de Ron Howard avec le couple d’alors Tom Cruise / Nicole Kidman intitulé : « Horizons lointains ». Mal filmé également mise à part la fin (la course de chariots). Film ennuyeux avec des plans flous, un comble lorsque c’est tourné en 70 mm…
En 2011 et 2012, « Samsara » (un documentaire en 70 mm) et un film de fiction « The Master » également tourné en 70 mm (réalisé par Paul Thomas Anderson) sortirent en France. Mais ce dernier film a une particularité : le ratio d’image est en 1.85 (moins large avec donc des bords noirs de chaque côté de l’image ; on peut écrire identique au film « Playtime » de Jacques Tati (1965-67).
Je tenterai de voir « 8 salopards » un jour (je n’habite plus Paris) avec la copie 70 mm et sa version de 3h07 avec – comme j’ai cru comprendre – musique d’ouverture et entr’acte (comme la plupart des films des années 50, 60 et 70 tournés en 70 mm et qui étaient enregistrés avec les six pistes magnétiques stéréophoniques d’alors. Pourquoi pas à la Cinémathèque française de Bercy (par exemple…).
Cinématographiquement votre