Notre cœur de Pokéfan était en ébullition avec Pokémon Épée / Bouclier mais malheureusement, Pokémon, l’une des sagas iconique de Nintendo a pris la flotte…
23 ans. Cela fait 23 ans que la série Pokémon cartonne dans le monde entier. Entre jeux vidéo, dessins animés, cartes et divers goodies, on ne peut plus arrêter ce mastodonte créé par Game Freak. Elle avait tout pour réussir et s’améliorer au fil des années. Après les épisodes Ultra-Soleil / Ultra-Lune très décevants, nous espérions que cette 8ème génération rattraperait cette « mauvaise passe ». C’est à contre cœur que nous te disons que l’erreur s’est renouvelée avec Pokémon Epee / Bouclier.
Mais tout de suite, chronique d’une licence qui s’enfonce dans les méandres de la fainéantise.
Pokémon Epee / Bouclier, des qualités à n’en pas douter
La déconfiture est à la hauteur de l’attente des passionnés. Pourtant, ces deux nouvelles versions regorgent de bonnes idées et de qualités indéniables. En tête, la possibilité de pouvoir, enfin, jouer à un épisode principal sur grand écran. Cela peut paraître bête, mais pour nous ça veut dire beaucoup.
De même, de manière générale, la direction artistique adoptée se révèle plutôt réussie et bien pensée. Les différentes villes et autres villages sont intéressants à visiter et l’intérieur des maisons fourmillent de détails sympathiques (comme les manettes Joy-Con de la Switch in-game qui changent de couleur en fonction des vôtres, ou encore la couleur de peau de ta maman qui correspond à celle que tu choisis).
On peut même ajouter que les nouveaux Pokémon s’avèrent assez réussis. Certains sont mignons et d’autres plus… originaux. De plus, tout comme pour X / Y et Soleil / Lune, Game Freak a ajouté d’anciens monstres de poche que tu peux obtenir très rapidement durant ton aventure. Un choix intéressant qui laisse le libre arbitre aux joueurs pour composer leur équipe finale.
Du côté de la bande sonore, on aime quasiment toutes les musiques créées. Elles sont entraînantes, enjouées avec un brin de folie, tout ce qu’on apprécie. Il n’y a toujours pas de doublage dans ces épisodes mais on t’avouera que cela ne nous gêne pas, au contraire. Cela pourrait dénaturer l’esprit de la licence.
En terme de nouveautés, les développeurs ont eu l’idée d’ajouter un « camping » où tu peux chouchouter tes petits monstres préférés, les voir gambader autour de toi et t’amuser entre eux. C’est mignon tout plein mais ça s’arrête là. Le mini jeu de cuisine du curry, qui y est proposé, et mécanique inédite de ces opus, va t’intriguer quelques instants avant d‘être vite oubliée.
Les férus de shopping pourront continuer de rendre toujours plus « swagg » leur personnage principal, même si cela ne nous « enjaille » pas plus que ça.
On n’oublie pas la (petite) volonté des développeurs de proposer une grande zone d’exploration nommée « les terres sauvages », de modifier les stratégies avec l’apparition du Dynamax (et du Gigamax pour certains) et de satisfaire tout type de joueur en alliant ancienne et nouvelle méthode (à la Let’s Go) pour trouver des Pokémon dans la nature. Il y en a, des bonnes idées…
Entre effort ou paresse, Game Freak a fait son choix
… Malheureusement, les lignes qui vont suivre vont traiter de tous les points qui nous ont déçus tout au long de cette aventure, et il y a beaucoup ! Tout d’abord, revenons sur les terres sauvages : elles s’avèrent honteuses graphiquement et indignes d’un jeu de Switch, surtout en 2019. Entre l’aliasing, le clipping (disparition / apparition des PNJ à tout va) et les textures dignes d’une Nintendo 64 (pour rester gentil), rien ne va.
Toujours du point de vue technique, certains plans de caméra se coupent instantanément, sans transition (ou très mal exécutées), témoignant d’une finition très douteuse du produit. Les différents personnages se révèlent toujours aussi statiques et leurs animations sont dignes d’un ancien jeu mal optimisé. (Mention spéciale à Zamazenta qui se déplace sur lui-même lors d’une cinématique importante du scénario…).
Parlons-en du scénario, tiens. Alors qu’on pensait (voire plutôt espérait) que le studio allait étoffer davantage l’histoire de ces deux versions, il n’en est rien. Celle-ci décolle vers la fin de l’aventure avant de retomber comme un soufflet quelques temps après. Il aurait fallu distiller des éléments de l’intrigue au fur et à mesure plutôt que de tout miser sur la dernière partie. C’est franchement dommage vu le lore qu’aurait pu avoir ces titres avec les références culturelles anglaises…
Le gameplay, qui fonctionne toujours aussi bien (rappelons-le), n’en est pas pour le moins décevant. La rigidité du personnage se révèle toujours présente (même si c’est la « marque » de fabrique de la série), les combats paraissent lents et les animations des capacités sont d’une pauvreté alarmante. Là où les duels contre les dresseurs s’avéraient assez excitants auparavant, l’ennui prend vite le pas, dommage.
Pokémon Épée / Bouclier : moins on donne, mieux c’est ?
Autre point qui nous a hérissé les cheveux : la facilité consternante de ces épisodes. Tout comme les opus précédents, tu es tenu par la main tout au long de tes péripéties et, hormis durant l’exploration des terres sauvages, tu ne fais qu’avancer en ligne droite sur une chemin extrêmement linéaire. Où est la liberté dans tout ça ? La joie de parcourir le monde et de capturer les Pokémon que tu croiserais en chemin ? Presque morte, on dirait bien.
La difficulté s’est fortement amoindrie avec l’impossibilité de désactiver le Multi Exp pendant ton épopée et l’absence d’un mode de difficulté (pourtant présent dans Noir et Blanc 2). Un comble, d’autant plus que les Pocket Monsters des dresseurs adverses sont aussi bêtes que leurs maîtres. Tu n’auras donc aucun mal à rouler sur le jeu et toutes les stratégies à mettre en place tombent à l’eau. A quoi bon, si marteler le bouton A suffit largement ? (Sauf si vous mettez l’attaque Trempette en première position, évidemment…)
Justement, en parlant des capacités disponibles pour chaque Pokémon, nous avons eu la mauvaise surprise de découvrir que certaines ont été carrément supprimées. Alors, certes, il y a de nouvelles attaques mais pourquoi avoir enlevé Poursuite, Puissance Cachée et Retour, des données des jeux ? D’autant plus que celles-ci étaient répandues et très utilisées en stratégie par une pléthore de joueurs. L’innovation peut-elle puiser ses ressources dans la régression ? Cela est à méditer…
Mais si Game Freak s’était effectivement arrêté là ! Outre les fonctionnalités disparues comme la Zone de Combat (pourtant très prisée), les Concours et autres joyeusetés condamnées, le studio a eu la « bonne idée » d’exclure toutes les Méga-évolutions et les attaques Z. Cela peut se comprendre (dans une moindre mesure) par rapport au nouveau phénomène qu’est le Dynamax, mais la pilule ne passe pas. Et ce n’est pas tout.
Le slogan « Attrapez-les tous » n’est plus que l’ombre de lui-même. En effet, nous avons eu la mauvaise surprise de découvrir que tous les Pokémon n’étaient pas présents dans les jeux et que leur nombre total relève du strict minimum… et encore ! Avec un peu moins de 450 Pockets Monsters disponibles, on frôle le ridicule, sachant que les versions précédentes (sorties deux ans plus tôt) contenaient plus de 800 monstres de poche. On ne comprend toujours pas ce choix scandaleux.
En résumé, nous sommes bien embêtés par ce que nous proposent Pokémon Épée et Bouclier. D’un côté, il y a certaines idées qui nous semblent bienvenues et intéressantes, et de l’autre, un nombre incalculable de mauvais choix qui ont été effectués. Nous n’attendions pas une révolution de la licence mais au moins le minimum syndical. Game Freak aime t-il toujours sa série phare ? Malheureusement, on a dû mal à y croire…