Il a beau avoir rejeté le monde de la mode, c’est fou comme Tom Ford s’en inspire pour forger son cinéma. Nocturnal Animals (voir notre critique de la sortie ciné) en prend tous les codes, les rejette, les transforme et créer la fusion de deux univers pour en ridiculiser un, et sublimer l’autre.
Aimer l’incompréhensible. Le réalisateur signe un film à son image : plein de contradictions. Construit sur une dualité, le long-métrage oppose avant de rassembler, comme si au fond, il s’agissait d’une évidence. Le milieu froid et superficiel de Susan, l’environnement sauvage et cruel de Tony. Un parallèle pas toujours subtil, pas toujours clair, mais qui entraîne une fascination dévorante. Sans qu’on s’en aperçoive, l’animal a planté ses griffes dans notre chair et nous entraîne avec lui.
Esthétique. Tom Ford parvient à rendre le moindre plan beau, même le plus moche. C’est peut-être là son talent premier : sa capacité à faire de l’art avec n’importe quoi et son introduction en est le parfait exemple. Chaque plan est posé, soigné, maîtrisé, ce qui compense largement la vacuité narrative de certains. Nocturnal Animals est un défilé. On s’assoit, on regarde, on apprécie, on déteste, mais à la fin on applaudit.