En deux décennies, Michael Giacchino s’est imposé (et ce très rapidement) comme un des grands noms de la musique de film. Ayant démarré dans le milieu du jeu vidéo ainsi que la série TV, il est aujourd’hui un des compositeurs les plus en vogue. Aussi à l’aise sur du gros blockbuster que dans l’animation, Giacchino se veut un digne héritier des grands noms de la composition orchestrale (John Williams étant sans aucun doute sa plus grande influence). Retour sur ses œuvres les plus notables !
Peu de gens le savent, mais Michael Giacchino a commencé chez Universal et Disney, notamment en composant pour le jeu vidéo dès la fin des 90’s. Outre les adaptations vidéoludiques du Roi Lion ou du Monde Perdu, c’est via Dreamworks et l’illustre Steven Spielberg que nous verrons son nom de manière notable. En effet, on lui doit la musique de la saga Medal of Honor, sorte d’adaptation pour console de ce que Spielberg avait entrepris avec Il Faut Sauver le Soldat Ryan (et au même la mini-série culte Band of Brothers).
Première Médaille d’Honneur
Franchise de FPS se déroulant en pleine WW2 (et qui aura par la suite vu la naissance de Call of Duty, Brothers in Arms ou bien Battlefield), Medal of Honor place déjà Giacchino comme un compositeur largement influencé par John Williams. On lui doit par ailleurs la musique bien patriotique et martiale de Allied Assault et Airborne, ou bien le fameux thème culte de l’opus originel. Mais si on devait retenir un épisode, ce serait Medal of Honor Frontline et sa superbe OST. En particulier son morceau Arnhem, d’un lyrisme et d’une mélancolie laissant bien pantois, à l’époque où la musique de jeu vidéo ne bénéficiait pas d’un tel soin orchestral !
Bref mais marquant passage au petit écran
C’est en 2001 que J.J.Abrams découvre Giacchino, et lancera une collaboration phare, tout d’abord sur la série Alias. Les aventures de l’espionne Sydney Prescott (Jennifer Garner) bénéficieront du style orchestral du compositeur mêlé à des sonorités electro ! Un pas en avant qui marquera la grande variabilité d’approche de Giacchino. Si la fin de sa carrière sur le petit écran (Fringe) sera moins marquante (il n’y officiera qu’en tant que co-compositeur) de par son implication sur d’autres projets, on lui doit de 2004 à 2010 la fabuleuse musique de la série Lost (sans doute encore aujourd’hui son plus grand chef-d’œuvre musical).
La musique de Lost mériterait un article à elle-seule,tant on y retrouve tout ce qui fait la force de son compositeur. Que ce soit l’uppercut émotionnel crescendo de « Locke’d Out Again« (une des plus grandes séquences de la série), le romantisme de la relation Desmond-Penny, l’atmosphérique Credit Where Credit is Due, l’angoissant(et tribal) World’s Worst Beach Party ou bien le culte « Main Title« semblant sortir de The Twilight Zone, Lost peut se targuer d’avoir une des plus grandes bande-originales de l’Histoire de la télévision. Un usage des violons et du piano absolument admirable, comme dans le « Moving On » final de cette formidable série.
Les Indestructibles : hommage Bondien à John Barry
C’est également en 2004 que Giacchino va faire une entrée fracassante dans le monde du cinéma, et surtout dans le secteur de l’animation. Première de ses collaborations avec Brad Bird, Les Indestructibles est une pépite d’action-aventure des studios Pixar, en plus qu’un des plus grands films de super-héros qui soit (mais bon c’est un secret pour personne). S’inspirant des sonorités cuivrées Bondiennes de John Barry, Giacchino livre donc une musique entraînante et uchronique, héritées des 60’s mais avec les moyens contemporains.
En résulte de superbes trouvailles comme « The Glory Days » ou « The Incredits« au swing appuyé. 14 ans plus tard avec Les Indestructibles 2, on retrouvera cette même énergie (« Consider Yourselves Underminded« ). Néanmoins, Michael Giacchino n’hésite pas à allègrement jouer du suspense et d’une tension crescendo lors de scènes-pivot riches en révélation (« Kronos Unveiled« pour le 1er et « Ambassador Ambush » pour le 2nd). Toujours un bonheur à l’écoute !
Pixar : de Ratatouille à Là-Haut
Poursuivant dans l’animation du côté Pixar, Giacchino composera notamment la musique entraînante de Ratatouille de Brad Bird. L’histoire du rat-cuistot Rémy nous abreuvera de petites trouvailles comme « Anyone Can Cook« (et son usage de l’accordéon), « Wall Rat« (qui comme souvent chez le musicien passe de la tristesse à la joie en passant par le merveilleux et l’entrain), le jubilatoire « Losing Control« , et même « Le Festin » où Camille pousse la chansonnette. Nous ne sommes pas si loin de ce que faisait Michael dans Les Indestructibles avec ce côté jazzy (« End Creditouilles« ) plein de charme.
Mais c’est en 2009 avec le superbe Là-Haut de Pete Docter (Monstres & Cie, Soul) que Michael Giacchino décrochera son Oscar ! Cette aventure rocambolesque instantanément culte nous aura tous marqué à plus d’un titre. Qu’on ne s’y trompe pas vis les joyeux morceaux que sont « Carl Goes Up« et « Up with Titles« , le compositeur nous mène très vite vers le lacrymal comme avec « Married Life« . Sans aucun doute la piste lui ayant valu la récompense (pour la scène la plus émotionnelle tout Pixar confondu), ces 4 minutes n’ayant laissé aucun œil au sec sont un parfait exemple de l’adaptabilité totale de son auteur, afin d’amener le spectateur vers des sommets de légèreté ainsi que des tréfonds de tristesse.
Pixar : l’éclectisme de Vice-Versa
Par la suite, on notera un chouette score pour Cars 2, là encore très emprunté aux cuivres de John Barry et au style des précédents Pixar. Mais après le triomphe Up, Michael Giacchino et Pete Docter vont de nouveau collaborer pour accoucher en 2015 d’un petit chef-d’œuvre virtuose : Vice-Versa ! Exploration des émotions d’une jeune ado en plein bouleversement, cette pépite d’ingéniosité va également nous faire passer par tout un spectre émotionnel éclectique via sa musique.
Plus expérimentale, nous découvrons la Joie via « Bundle of Joy » et sa tessiture cristalline avant de varier les plaisirs (et les mouchoirs). La séquence impliquant le fameux Ding-Dong ou encore « Joy Turns to Sadness » sont le parfait avatar de cette entreprise ô combien ambitieuse, mais réalisée de la manière la plus évidente qui soit : pour connaître la joie, il faut accepter d’expérimenter la tristesse. Un must donc !
Pixar : la célébration mortelle de Coco après l’aparté Disney
Après un petit aparté pour Disney Animation via Zootopie (et ses superbes basslines pour « Walk & Stalk« , « Ticket to Write » et son ambiance brésilienne ou les percussions de « Jumbo Pop Hustle« ) mettant là encore les talents du golden boy pour nous immerger dans un monde pop aux influences variées, le bougre revient chez Pixar. Dernière compo du Giacchino pour le studio (avant Buzz l’Éclair), le score de Coco est à l’image de film de Lee Unkrich (Toy Story 3) : terriblement entraînant et plein de chaleur ! De par ses sonorités acoustiques et l’implémentation de musique mexicaine, il s’agit d’une de ses OST ethniques les plus réussies. Un vrai caractère festif traverse des morceaux comme « Plaza de la Cruz, « Fiesta con de la Cruz » ou la ballade « Will He Shoemaker?« .
Un côté groovy qui évidemment laisse régulièrement place à l’irruption émotionnelle comme dans« I Have a Great-Great-Grandson« , l’occasion d’entendre les violons traditionnels de Michael Giacchino. Outre « Día de los Muertos Suite » et « Recuérdame« pour sa célébration culturelle, on retiendra particulièrement « Crossing the Marigold Bridge » pour l’émerveillement qu’il suscite. Une séquence galvanisante et pleine de panache (saupoudrée évidemment de guacamole !) donc !
Michael Giacchino aura donc eu une première partie de carrière au succès assez fulgurant, avant de se faire un nom dans le medium de l’animation. Une réussite couronnée d’un Oscar, mais le compositeur aura au même moment une ascension fulgurante dans le milieu du blockbuster (et des franchises cultes). Rendez-vous dans la Partie 2 du dossier !