Le top films de Kantain
Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Emmanuel Mouret poursuit brillamment son exploration du dialogue amoureux avec des histoires qui construisent ses personnages et qui lorsque ces derniers s’en libèrent, les déshabillent. Le cinéaste semble ici à son meilleur et dans un geste malicieux transfigurant chacun de ses protagonistes en une pièce incontournable de ce grand puzzle qu’est Les Choses qu’on dit…, grand film romantique aussi sensible que bouleversant porté par une fabuleuse distribution. Peut-être bien le meilleur film de son auteur.
Uncut Gems
Dans Uncut Gems des frères Safdie, toute leur galerie de personnages semble éprise de cette soif immodérée pour le vide, sublimée par ce superbe brouhaha ambiant que le duo de réalisateurs mène de main de maître, véritable course poursuite sous tension vers la richesse et l’illusion au profit de tout sentiment humain. Uncut Gems fait ainsi du vide un écrin vertigineux et hypnotique, aussi beau que tendu, qui les approche une fois de plus vers la postérité. Martin Scorsese, producteur, ne s’y est pas trompé : ces pierres précieuses valent de l’or. Même aveuglés par la beauté de ces pierres brutes, le talent des frères Safdie semble de même ; précieux dans un cinéma contemporain tourné vers le vide.
Calamity, une enfance
Parce que Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary dépasse rapidement la biographie fantasmée pour se muer en un récit universel sur le désir profond de vivre sa vie tel qu’on le souhaite sans avoir peur de briser les codes établis. En s’appropriant avec intelligence la conquête de l’Ouest pour en livrer un récit intelligemment contemporain avec en toile de fond le refus d’une époque et d’une manière de penser, le film livre une aventure où la liberté de l’héroïne manie avec intelligence une poésie et une drôlerie qui en font un film aussi beau que nécessaire. Assurément l’une des plus belles balades vécues cette année sur grand écran.
Le flop films de Kantain
Tenet
Présenté comme le sauveur d’une année cinéma touchée par l’épidémie, le dernier film de Christopher Nolan fut pourtant loin de faire l’unanimité. Si l’on est assurément loin du ratage des deux films évoqués ci-dessous, l’on assiste pourtant incrédule à l’auto-parodie d’un cinéaste qui ne se contrôle plus, se servant à outrance de ses effets de style et de ses dialogues nébuleux pour un récit aussi divertissant que vide, heureusement sauvé par l’amour qu’il porte à ses personnages et à son formidable trio d’acteurs.
The Craft, les nouvelles sorcières
The Craft rejoint le raté Charlies Angel’s d’Elizabeth Banks qui au-delà de son souhait d’un film véritablement féministe, avait oublié de faire exister ses personnages à l’écran et de livrer un long-métrage tout simplement réussi. Parce que faire état d’un engagement ne suffit malheureusement pas à en faire un film valable, ces deux-longs métrages sont les parfaites illustrations de ce que l’industrie hollywoodienne a su maladroitement s’accaparer de causes fortes à des fins réellement opportunistes. The Craft n’est qu’un remâchage tapageur de belles idées progressistes, tentative ratée de cacher un film qui ne l’est pas moins, cachant son manque d’imagination et de scénario par un engagement surligné qui nuit fortement à l’ensemble.
The Good Criminal
The Good Criminal se trouve étonnamment dévitalisé de ce qui fait le sel, même mauvais, de ce genre de revenge-movie bourrin et parfois jouissivement bête. Thriller apathique qui ressemble plus à un téléfilm d’action allemand qu’un réel long métrage de cinéma, le film de Mark Williams, showrunner et co-créateur de l’acclamée série Netflix Ozark, est ainsi dénué de tout ce qu’il recherche à mettre en place. Porté par un Liam Neeson aux abonnés absents, le film déroule ainsi sa patte molle dans une production léthargique dénuée de budget, chose appuyée par une explosion aux effets spéciaux datés qui font plonger The Good Criminal dans un long coma de plus d’1h30. Le temps de la retraite des films d’action bas de plafond a donc plus que sonné pour Liam Neeson.