La troupe de Madame Arthur présente, chaque semaine, sa nouvelle création musicale inédite et audacieuse, entièrement en français.
Depuis 1946, Madame Arthur est une véritable institution parisienne. À la nuit tombée, de l’autre côté de la façade rouge flamboyante du 75 bis de la rue des Martyrs, le premier cabaret travesti de Paris accueille une troupe de créatures excentriques qui chantent, dansent et nous entraînent dans leurs folies.
Le temps d’une soirée, nous avons poussé la porte de ce lieu festif et transgressif niché en plein cœur de Pigalle, où se mêlent perruques et tenues extravagantes, cuissardes et talons hauts, boucles d’oreilles qui dégringolent et maquillage fantaisiste. Esprits étroits s’abstenir.
Un lieu qui libère la création
Si Madame Arthur se promène, de temps à autre, en dehors des murs du Divan du Monde, c’est dans cette petite salle de spectacle parisienne, dans une ambiance décontractée et bon enfant, que se produisent en alternance les membres de la troupe. Un show qui se déroule aussi bien sur scène que dans la salle d’ailleurs. Car chez Madame Arthur, les cadres sont faits pour être explosés, et il n’est pas question pour les artistes de se prendre au sérieux.
On pourrait penser qu’ils se dissimulent derrière ces apparences et attitudes extravagantes, mais bien au contraire. Il n’y a qu’à les observer pour comprendre que cette manière de paraître leur permet justement d’être parfaitement et librement eux-mêmes, ou tout du moins une part d’eux-mêmes.
C’est inspirant, fascinant, libérateur. On leur envie cette façon désinvolte de s’assumer pleinement, d’oser sans retenue. On aime cette manière avec laquelle ils jouent et surtout se jouent de leur image, n’hésitant pas à s’interrompre et à reprendre lorsqu’ils constatent eux-mêmes qu’ils chantent faux ou à côté du rythme, et s’autorisant absolument toutes les fantaisies, quitte à basculer dans l’absurde.
Madame Arthur enflamme Starmania
Chaque soirée commence donc par un spectacle dont la thématique change chaque semaine, mais dont le mot d’ordre reste identique : chanter uniquement en français. En effet, c’est l’une des spécificités du lieu, mieux vaut le savoir si on choisit de venir s’ambiancer sur Mariah Carey ! En ce qui nous concerne, c’est sur les musiques de Starmania que nous sommes venus nous enflammer aux côtés de la troupe du soir.
Ainsi, Lola Dragoness Von Flame, Androkill, Vaslav de Folleterre & Williame ont fait résonner des versions bien à eux de Quand on arrive en ville, Stone le monde est Stone ou encore Ziggy. En effet, c’est avec humour, provocation, audace et un talent toutefois inégal qu’ils s’approprient et réinventent de manière souvent surprenante et burlesque les chansons mythiques. Un peu frustrant quand on espérait pouvoir pousser la chansonnette, certes. Mais si on avait envie d’être surpris, au moins on ne sera pas venu pour rien !
L’ambiance se fait parfois rock, parfois plus intimiste tandis que seules les notes du piano et la douce voix de Williame, fraîchement arrivée dans la troupe, donnent vie à la chanson Les uns contre les autres… avant que les voix du public ne viennent littéralement recouvrir la sienne.
Mais le temps passe vite. Une heure à peine et quelques chansons plus tard et c’est déjà fini… Enfin presque. Car la soirée, elle, se poursuit, pour celles et ceux qui en veulent plus, avec un second spectacle de reprises de la troupe, avant que les trois salles ne se transforment en club ou l’on peut danser jusqu’à l’aube sur des chansons exclusivement francophones, toujours.
Un show à la hauteur de nos attentes ?
Après le cabaret dragqueen et transformiste éblouissant et superbement mis en scène, Folle illusion, auquel nous avions eu le bonheur d’assister au printemps dernier dans la chaleureuse salle de La Nouvelle Ève, nous en attendions un peu plus, c’est vrai, de ce cabaret légendaire. Nous imaginions un lieu avec plus d’âme, d’une atmosphère qui nous immergerait dès notre entrée dans cet univers chimérique. Nous imaginions aussi un show plus structuré et en cohérence avec le thème dans sa mise en scène.
Mais probablement que les soirées se suivent et ne se ressemblent pas. D’ailleurs, de Madame Arthur nous garderons surtout en tête la merveilleuse représentation à laquelle nous avons eu la chance d’assister – un peu par hasard – lors du dernier Festival d’Avignon. Une soirée chaleureuse et festive en présence, notamment, du brillantissime et inoubliable Charly Voodoo – dont la virtuosité au piano est pure merveille – aux côtés de Martin Poppins, Odile de Mainville et Vaslav de Folleterre.
Et justement, on nous souffle dans l’oreillette que Charly Voodoo sera de la fête pour la toute prochaine thématique consacrée à l’égalité ! Si vous n’habitez pas Paris, rassurez-vous : Madame Arthur peut débarquer directement dans votre salon grâce à MAX (Madame Arthur Experience), la première plateforme française entièrement dédiée à l’univers du cabaret.
Alors, que la fête continue !