Alors que Love Death & Robots Vol.4 débarque bientôt sur Netflix, retour sur les 9 épisodes du Volume 3 de la série anthologique chapeautée par Tim Miller (Deadpool), David Fincher (Seven) et Jennifer Yuh Nelson (Kung Fu Panda 3) !
Love Death & Robots avait su charmer dès sa première saison en 2019, en s’imposant comme le digne héritier de Métal Hurlant, et une véritable démonstration de créativité débridée (et adulte!) lorsqu’on laisse des studios d’animation expérimenter. Des expérimentations moindres sur le Volume 2, mais que l’on retrouve en grande pompe avec la 3e saison sortie en 2022. Retour sur les 9 épisodes, du moins bon ou meilleur :
9 – Trois Robots – Stratégie de sortie

Mis en scène par Patrick Osborne, ce court-métrage de Blow Studio s’articule comme une suite directe de l’épisode 2 de la saison 1, tandis qu’on retrouve les 3 mêmes robots en pleine découverte de notre planète dans un contexte post-apocalyptique. En effet, l’humanité s’est éteinte suite au soulèvement de l’IA, et seuls les vestiges de notre civilisation demeurent.
Un épisode qui fait un tantinet redite pour le coup, même si le tout demeure impeccablement animé, et renouvelle ses décors pour mieux mettre en avant le déroulé de la chute de notre espèce. En effet, la fracture sociale ayant découlé illustre des failles encore plus béantes de la société, surtout lorsque le final s’amuse de ce qui reste de notre planète bleue sur une colonie martienne.
8 – Les Rats de Mason

Dans une Écosse futuriste, Mason (un agriculteur solitaire) se retrouve à devoir luter contre une horde de rats ayant envahi son entrepôt. Pas de problème : Traptech, une entreprise de dératisation, a la solution en proposant des drones derniers cris ! Une lutte s’engage donc entre la force robotique et les rongeurs : d’abord amusante et gonzo dans son gore, cette dernière laisse peu à peu place à un dégoût de ce vers quoi l’humanité (ou plutôt la déshumanisation) tend. Rien d’incroyable, mais un court-métrage avec un message pertinent, où les menaces d’hier peuvent devenir les alliés de demain !
7- La Nuit des petits morts

Mis en boîte par Buck (petit studio écossais) par Robert Byssy et Andy Lyon (également derrière un des épisodes du Vol. 4), ce court interlude nous montre une invasion zombie planétaire après qu’un couple ayant sauvagement copulé près d’une église réveille une menace d’outre-tombe. Une World War Z qui a l’originalité d’être mise en scène entièrement en contre-plongée, comme si le spectateur visualisait l’action telles des miniatures en action.
Un regard qui anime l’originalité de ce Night of the Mini Dead, déroulant images d’Épinal (la Californie envahie par les zombies) et autres joyeusetés comiques (les moines shaolins combattant les morts) jusqu’à la guerre nucléaire. Bref, une sympathique incartade avec sa propre sensibilité !
6- Allez, Feu

Mis en scène par Jennifer Yuh Nelson (responsable du superbe Pop Squad du Vol. 2), « Kill, Team, Kill » est le seul épisode en 2D de ce volume 3, où un groupe de barbouzes américains en plein Moyen-Orient se retrouve décimé face à un grizzly cyborg directement échappé d’un laboratoire secret de la CIA. L’animation est au top, la violence cathartique et réjouissante, et surtout l’humour de sale gosse associée à une « fuck you attitude » générale en font un pur plaisir bien que succinct. Du simili James Gunn en somme, en plus énervé !
5- Le Pouls brutal de la machine

Love Death & Robots n’est pas avare en virée solitaire et existentielle centrée sur la survie. C’est donc tout naturel qu’on en retrouve un dans ce Vol.3 conceptualisé par Polygon Pictures (Your Friendly Neighborhood Spider-Man, Tron Uprising) via une animation 3D de toute beauté. Centrée sur la survivante d’un crash sur Io (la lune de Jupiter), cet épisode est avant tout l’occasion d’offrir un pur trip psychédélique, où la mort au bout du tunnel est aussi synonyme de délivrance euphorisante. En plus, la patte visuelle globale, tout en lignes et épures digne d’une BD franco-belge est un plaisir de chaque instant pour la rétine. L’épisode atmosphérique par excellence !
4- L’Essaim

Mis en scène par Tim Miller (Deadpool), « The Swarm » nous transporte dans un futur lointain, où l’humanité s’étend à travers les galaxies. C’est ainsi qu’un chercheur humain va explorer l’Essaim, une gigantesque colonie alien insectoïde avec son propre mode de fonctionnement coordonné par un système de phéromones. En effet, tandis que le protagoniste (et donc le spectateur) va se familiariser avec cet environnement plutôt radical d’un point de vue créatif (pas d’alien humanoïdes, seulement diverses castes assimilées par l’essaim au fil des millénaires), l’émerveillement va laisser place à quelque chose de plus amer.
Telle une redite des travers de notre espèce, l’effervescence initiale et la découverte purement scientifique va avoir pour dessein une exploitation de tout cet écosystème miracle… avec cependant de lourdes conséquences ! Bref, un épisode passionnant et impeccablement fabriqué, avec pour seul vrai point noir sa fin abrupte. On espère même une suite !
3- Dans l’obscurité des profondeurs

Une opération de sauvetage d’otages en Afghanistan va vite tourner au pur désastre, tandis que les Marines s’aventurent dans une grotte pour y trouver leurs cibles complètement déchiquetées par des créatures arachnoïdes provenant d’un autre monde. Le survival s’engage, déroulant un récit succinct qui arrive à se renouveler jusqu’à embrasser une horreur (et une ampleur) purement Lovecraftienne.
Une baffe technique réalisée par Jerome Chen (superviseur des effets visuels de Beowulf, Le Pôle Express ou The Amazing Spider-Man) chez Sony Pictures Imageworks (Spider-Man Across the Spider-Verse, l’épisode Lucky 13 de la saison 1) dont le photoréalisme augmente la viscéralité de l’ensemble, jusqu’à un final faisant froid dans le dos ! Bref, de l’horreur cosmique comme on aimerait en voir plus souvent.
2 – Mauvais Voyage

David Fincher a beau être un des producteurs de Love Death & Robots, ce n’est qu’avec cet épisode que ce dernier passe directement à la réalisation d’un de ses segments..et même le plus long vu que Bad Traveling dure 22 minutes ! Écrit par Andrew Kevin Walker (Seven, The Killer), ce récit de piraterie place un équipage de navire attaqué par un Thanapode (une créature gigantesque s’apparentant à un crabe doué d’intelligence). Sans capitaine, les rares rescapés vont tenter de trouver un moyen de se débarrasser de la créature avide de chair fraîche, ayant pris place dans la soute du bateau.
Et ce qui débute comme une réorganisaton interne de l’équipage laisse place à une belle illustration du comportement humain lorsque seule la survie prévaut, personnifiée par un protagoniste à la morale trouble (doublé par Troy Baker!). Entre Lovecraft, Jules Verne et Stevenson, ce segment est tout simplement un des meilleurs de la série, emballée dans un écrin visuel absolument bluffant de la part du studio Blur !
1- Jibaro

Il est parfois difficile de définir quel est le plus grand épisode de Love Death & Robots. Et si on s’accordait pas mal sur Zima Blue, Good Hunting ou Beyond the Aquila Rift, l’évidence est là avec Jibaro. Réalisé par le grand Alberto Mielgo (déjà derrière The Witness) via son studio espagnol, ce court-métrage sans un seul dialogue est tout simplement unique en son genre. Ce dernier prend d’ailleurs place dans une jungle où des conquistadors découvrent une mystérieuse sirène (dont l’allure renvoie autant à des peuplades sud-américaines qu’africaines ou indiennes).
Armée d’un cri strident, cette dernière va s’engager dans une danse rythmée par sa voix, avec comme effet le massacre total des conquistadors s’entretuant car pris de folie. Un pur ballet macabre qui laisse cependant comme rescapé un unique européen sourd. S’enclenche alors un jeu d’attraction-répulsion entre les deux, magnifié par la patine visuelle inimitable de son créateur.
Si Jibaro semble ancré dans une certaine réalité historique, c’est bien dans son procédé narratif et l’universalité globale de son propos que l’épisode impressionne. Car c’est bien le ramassage d’une pièce d’or dans l’eau qui déclenche le courroux de la sirène, avant que le face-à-face ne s’apparente à une relation d’amour toxique, caractérisée par son cocktail de crainte, de désir, de surprise, d’obnubilation et de trahison. Une vraie danse virtuose avec un final absolument divin : bref, chef-d’œuvre !