Jurassic World et Star Wars ont tout deux proposés de « nouvelles » trilogies au cinéma. Alors que Jurassic World : Le Monde d’Après est actuellement sur les écrans, on se penche sur ces deux retours très similaires.
Jurassic World : Le Monde d’Après est (enfin) sorti au cinéma. Fin d’une trilogie, opérée en 2015 par Colin Trevorrow et Steven Spileberg, Jurassic World peut facilement se comparer à la postlogie de Star Wars, produite par l’ancienne alliée du réalisateur d’E.T, Kathleen Kennedy, devant aussi se trouver derrière le retour des dinosaures au cinéma, mais empêchée par le retour des Jedis. Comme Jurassic World, Le Réveil de la Force partait du principe de réveiller une nostalgie en proposant une relecture généreuse de la trilogie originale. Des nouveaux troopers d’un côté, de nouveaux dinosaures de l’autre, un nouvel Empire, un tout nouveau parc, et des destinées plus que similaires scénaristiquement. On se penche donc sur ces deux franchises, et sur leur forte ressemblance.
Dollars Wars
Jurassic World : Le Monde d’après culmine, au moment où l’on vous écrit ces lignes, à près de 800 millions de dollars au box-office mondial. Un net recul par rapport aux deux précédents volets, qui n’empêchera cependant pas Universal d’amasser nombre de billets verts. Parce que la franchise Jurassic World a comme pour la dernière trilogie Star Wars laissé nombre de spectateurs de côté au fur et à mesure de ses trois volets. Si Le Réveil de la Force est entré dans l’histoire (plus de 2 milliards engrangés et plus de 10 millions de spectateurs en France), The Last Jedi est retombé (1,33 milliards et 7 millions de spectateurs français) pour enfin véritablement chuter avec L’Ascension de Skywalker (1,074 milliards et à peine plus de 6 millions d’entrées en France).
Le premier Jurassic World est aussi allé tutoyer les sommets avec plus d’1,6 milliards de bénéfice engrangés, et près de 8 millions d’entrées en France, quand Fallen Kingdom n’en récoltait que 1,3 milliards et attirait « à peine » 4 millions de spectateurs chez nous. Une attente qui s’est émoussée, effilochée, la faute à de nombreux spin-off pour l’un (Rogue One et surtout Solo) et à un cruel manque d’intérêt pour ces « nouvelles » histoires et nouveaux personnages pour les deux. Parce que Jurassic World, comme Star Wars, ont tout deux pris des voies très similaires scénaristiquement et après un réveil généreux de la nostalgie, la prise de risque s’est avérée pour les deux franchises plutôt compliquée.
Inventivité : 0, Nostalgie : 2
Les sorties de Fallen Kingdom et The Last Jedi restent ainsi de véritables cas d’école pour nos deux grosses franchises. Pour le premier, on délaisse le yes-man Colin Trevorrow pour s’orienter vers un véritable auteur, héritier de Steven Spielberg par ailleurs, le très doué Juan Antonio Bayona. Fallen Kingdom, toujours doté d’un scénario idiot, peut cependant compter sur une mise en scène magistrale ponctuée de scènes véritablement émouvantes, telles que l’embrasement de l’île et une dernière partie en mode maison hantée, ouvrant un peu un concept épuisé, tout à fait réussies. Comme pour The Last Jedi, où J.J. Abrams s’en est allé pour laisser sa place au petit futé Rian Johnson, qui avait aussi coupé court avec la nostalgie pour une ouverture de la saga beaucoup plus universelle que celle d’un glorieux passé trop refermé sur lui-même.
Ainsi, s’en sont suivis des retours critiques et commerciaux plus timides, attestant que la prise de risque n’était pas la bonne opération pour ces deux franchises, qui ont alors toutes deux pu compter sur un regard dans le rétroviseur pour retomber sur leurs pattes. L’Ascension de Skywalker a ainsi pu complètement contredire The Last Jedi en faisant revenir jusqu’à la nausée nombre de fantômes, jusqu’à un Palpatine cadavérique, dans une nostalgie morbide dénuée de sens, mais rassurant nombre de fans. Le Monde d’après fait de même, et si l’impression de non-préparation se fait moins ressentir, faute est de constater que l’on adjoint aux nouveaux protagonistes les personnages historiques pour secouer un peu la tambouille.
Retours à la case départ
Après avoir fait mourir l’ancien parc pour l’un, en reproduisant exactement les mêmes erreurs pour l’autre, et en y adjoignant une fable écologique maladroite et toujours aussi bête, Jurassic World n’a pourtant fait que répéter son schéma originel dans son dernier opus. Un autre parc, avec encore plus de dinosaures que tous les autres volets réunis, et le retour du trio Sam Neil, Laura Dern et Jeff Goldblum, venus nous ressortir les mêmes poses et les mêmes répliques. Là où l’idée de dinosaures lâchés dans notre monde contemporain s’avérait véritablement excitante, la saga choisit d’éviter le sujet pour un autre parc, et une énième tentative d’évasion au milieu de dinosaures, ici en plus « contrôlés » par une puce.
Même chose du côté de L’Ascension de Skywalker, qui après avoir fait table rase du passé, se contente de nous proposer d’énièmes retours, Billy Dee Williams aka Lando Calrissian, après avoir fait mourir tous les autres, et l’increvable Empereur Palpatine évoqué plus haut. Un manque d’inventivité qui se confirme par une pléiade de séries pour Star Wars, là où Jurassic World se décline en une marque destinée aux enfants, et qu’un quatrième opus n’est pour le moment pas dans les cartons. Deux beaux espoirs, deux réveils de franchises historiques, et surtout deux gros pétards mouillés donc, qui malgré leurs différentes propositions, n’ont su regarder que leur petit nombril avec un soupçon de nostalgie morbide faisant avaler un consternant manque d’idées dans les deux cas, qu’ils soient préhistoriques où bien dotés de la Force.